12 - Jouer au golf : Un jeu spirituel


Entre soi et le parcours


Ce matin, vous avez décidé de partir jouer au golf pour vous détendre et faire un peu de sport afin de préparer la compétition traditionnelle du weekend. La semaine a été speed, le réveil un peu dur, les muscles rouillés.
Chemin faisant vous constatez qu’un vent du nord souffle un peu fort. Va falloir se couvrir !

Voilà le décor, il faudra faire avec. En préparant le sac, vous vous sentez disposé pour affronter le parcours. Grâce à un peu de temps, avant le tee time, vous passez au practice, histoire de dérouiller la machine.Réaliste!

Je n’y passe pas à chaque fois. Parfois, je viens au golf seulement pour marcher, alors je m’échauffe au fil des trous. Je ne cherche pas à bien jouer, je marche dans la nature, silence,souvent le silence.



Ce matin, j’ai envie d’en découdre avec le parcours, comme un test. Alors avec mon seau de balles, je révise tous mes coups du golf. Je rejoins mes partenaires, juste avant le départ.

Je connais bien mon parcours, je suis membre de ce club depuis longtemps. Je suis allé dans tous les endroits, ma balle s’est posée dans tous les recoins. Mais ce matin le parcours ne m’aura pas si facilement. J’ai l’intention de lui mener la vie dure.

Vous vous reconnaissez ? Combien de fois avez-vous joué ce scénario ? 
Le golf , quoiqu’il arrive commence dans la tête.

Je veux vous dire qu’en fait il n’en sort jamais. Le vent du nord de ce matin a changé le parcours. Ce n'est pas le vent dominant. Soufflant ainsi il durcit le parcours, il est souvent de face. Si j’ai pris soin de noter cela dans un coin de ma tête, il faudra, à chaque fois, penser à « surcluber », faire des balles plus basses…Penser, anticiper  à chaque coup, penser positif!

Imaginer votre coup, en fonction de la position de la balle du tee au green, vous demande beaucoup d’énergie. Une fois imaginé, il faut se concentrer sur la routine de jeu avec toute notre volonté pour l’exécuter. C’est dur surtout avec la fatigue qui arrive fatalement à un moment.

Les partenaires sont bruyants, un en particulier ne respecte pas trop celui qui joue à côté de lui. Il bouge, il commente, il donne des conseils à son ami sans mieux jouer que lui. L’ambiance déteint sur moi et me perturbe. Mes convictions du début semblent partir en lambeaux. Cela me prend la tête.

Pourtant, je tiens le coup, je choisis mes cibles, je respire calmement, je fais le vide. Les coups partent plutôt pas mal et je tiens mon score. C’est encourageant, je tiens le choc. Voilà le trou 9 justement. Celui-là, je ne l’aime pas trop, je dois faire attention car " je ne veux pas aller dans l'eau..... "

Le piège est tendu. Je  prépare mon coup pour éviter l’eau. Confiant,  je frappe. La balle part… droit dans l’obstacle d’eau. C’est encore la tête : le cerveau ne comprend pas « je ne veux pas ». Il est capable d’exécuter un ordre positif : 
« je veux poser la balle à 3 mètres à gauche du drapeau » mais ne comprend pas « je ne veux pas aller dans l’eau ». Sans objectif positif, clair, il peut vous envoyer dans la forêt toute proche.

La routine est salvatrice. Bien exécutée comme vous vous l’êtes personnalisée, elle vous guide en vous laissant dans l’action. Tout son principe est de vous laisser dans une action simple. Votre cerveau est occupé à faire une action positive. Vous êtes dans l’instant présent. En jouant ainsi, « concentré », au plus mal votre balle sera correcte, au mieux pile où vous vouliez la mettre. Moment de plaisir intime.

Cette manière de jouer confine au jeu d’échec. L’échiquier proposé par le parcours et les conditions qui l’environnent change à chaque instant. La position de la balle vous demande de réfléchir à chaque coup. Pour scorer vous devez rechercher le tracé idéal de vos trajectoires, mais ne pas trop anticiper. Une vraie discipline de l'esprit.

Au fond de vous, vous devez affirmer à chaque instant votre intention de faire un bon coup, le visualiser, le programmer. C’est très fatigant, mais en avoir conscience, c’est être en phase avec sa musique intérieure. En phase avec soi, conscient de  son tempo est un plaisir rare.
Quand vous prenez conscience de cela, la beauté du jeu vous apparaît. Vous entrez dans la « zone », comme les plus grands des sportifs. Vous sentez que rien ne peut vous arriver. Vous êtes le jeu.

Mais pour peu que l’on se laisse envahir par un bout de frustration, la partie dérive et tourne en une sombre bataille avec soi-même, un déplaisir difficile à évacuer. Notre estime de soi en prend un sérieux coup. Bien entendu, au final, il n’y a rien de dramatique, mais notre plaisir est en berne.

Oublier, un mauvais coup, oublier une injustice du parcours, perturbe notre esprit. Prendre du recul pour jouer le coup suivant nous demande un nouvel effort intellectuel.

Les trous passent et le jeu est toujours dans la tête.

Si vous y prêtez attention, au cours de votre partie, vous avez touché au « pouvoir de l’attraction », au « pouvoir de l’intention », au « pouvoir de l’instant présent »,  à « la sagesse des anciens ». Quelques idées philosophiques qui vous rendent la vie très riche et un bonheur sans nuages. C’est peut-être pour cela que l’on aime le golf...


Profitez-en, il fait beau dès ce matin. Bon golf à tous.


Michel Prieu

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