Entre soi et le parcours
Ce matin, vous avez décidé de
partir jouer au golf pour vous détendre et faire un peu de sport afin de
préparer la compétition traditionnelle du weekend. La semaine a été speed, le
réveil un peu dur, les muscles rouillés.
Chemin faisant vous constatez
qu’un vent du nord souffle un peu fort. Va falloir se couvrir !

Je n’y passe pas à chaque fois.
Parfois, je viens au golf seulement pour marcher, alors je m’échauffe au fil
des trous. Je ne cherche pas à bien jouer, je marche dans la nature, silence,souvent le silence.

Je connais bien mon parcours,
je suis membre de ce club depuis longtemps. Je suis allé dans tous les
endroits, ma balle s’est posée dans tous les recoins. Mais ce matin le parcours
ne m’aura pas si facilement. J’ai l’intention de lui mener la vie dure.
Vous vous reconnaissez ?
Combien de fois avez-vous joué ce scénario ?
Le golf , quoiqu’il arrive
commence dans la tête.
Je veux vous dire qu’en fait il
n’en sort jamais. Le vent du nord de ce matin a changé le parcours. Ce n'est
pas le vent dominant. Soufflant ainsi il durcit le parcours, il est souvent de
face. Si j’ai pris soin de noter cela dans un coin de ma tête, il faudra, à
chaque fois, penser à « surcluber », faire des balles plus
basses…Penser, anticiper à chaque coup, penser positif!
Imaginer votre coup, en
fonction de la position de la balle du tee au green, vous demande beaucoup
d’énergie. Une fois imaginé, il faut se concentrer sur la routine de jeu avec
toute notre volonté pour l’exécuter. C’est dur surtout avec la fatigue qui
arrive fatalement à un moment.
Les partenaires sont bruyants,
un en particulier ne respecte pas trop celui qui joue à côté de lui. Il bouge,
il commente, il donne des conseils à son ami sans mieux jouer que lui.
L’ambiance déteint sur moi et me perturbe. Mes convictions du début semblent
partir en lambeaux. Cela me prend la tête.
Pourtant, je tiens le coup, je
choisis mes cibles, je respire calmement, je fais le vide. Les coups partent
plutôt pas mal et je tiens mon score. C’est encourageant, je tiens le choc.
Voilà le trou 9 justement. Celui-là, je ne l’aime pas trop, je dois faire
attention car " je ne veux pas aller dans l'eau..... "

« je veux poser la balle à 3 mètres à gauche du drapeau »
mais ne comprend pas « je ne veux pas aller dans l’eau ». Sans
objectif positif, clair, il peut vous envoyer dans la forêt toute proche.
La routine est salvatrice. Bien
exécutée comme vous vous l’êtes personnalisée, elle vous guide en vous laissant
dans l’action. Tout son principe est de vous laisser dans une action simple.
Votre cerveau est occupé à faire une action positive. Vous êtes dans l’instant
présent. En jouant ainsi, « concentré », au plus mal votre balle sera
correcte, au mieux pile où vous vouliez la mettre. Moment de plaisir intime.
Cette manière de jouer confine
au jeu d’échec. L’échiquier proposé par le parcours et les conditions qui
l’environnent change à chaque instant. La position de la balle vous demande de
réfléchir à chaque coup. Pour scorer vous devez rechercher le tracé idéal de
vos trajectoires, mais ne pas trop anticiper. Une vraie discipline de l'esprit.
Au fond de vous, vous devez
affirmer à chaque instant votre intention de faire un bon coup, le visualiser,
le programmer. C’est très fatigant, mais en avoir conscience, c’est être en
phase avec sa musique intérieure. En phase avec soi, conscient de son tempo est un plaisir rare.
Quand vous prenez conscience de
cela, la beauté du jeu vous apparaît. Vous entrez dans la « zone »,
comme les plus grands des sportifs. Vous sentez que rien ne peut vous arriver.
Vous êtes le jeu.
Mais pour peu que l’on se
laisse envahir par un bout de frustration, la partie dérive et tourne en une
sombre bataille avec soi-même, un déplaisir difficile à évacuer. Notre estime
de soi en prend un sérieux coup. Bien entendu, au final, il n’y a rien de
dramatique, mais notre plaisir est en berne.
Oublier, un mauvais coup,
oublier une injustice du parcours, perturbe notre esprit. Prendre du recul pour
jouer le coup suivant nous demande un nouvel effort intellectuel.
Les trous passent et le jeu est
toujours dans la tête.
Si vous y prêtez attention, au
cours de votre partie, vous avez touché au « pouvoir de
l’attraction », au « pouvoir de l’intention », au « pouvoir
de l’instant présent », à
« la sagesse des anciens ». Quelques idées philosophiques qui vous
rendent la vie très riche et un bonheur sans nuages. C’est peut-être pour cela
que l’on aime le golf...
Profitez-en, il fait beau dès
ce matin. Bon golf à tous.
Michel Prieu
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