Août étire ses jours
ensoleillés ébouriffés du vent qui couche arbres et genêts. Le Mont Ventoux
escaladé, en jouant au golf, j’ai pensé que pour rentrer vers Lyon, je pourrais
emprunter la route de Gap et voir les sommets des Alpes de plus près.
Les enfants rentrés de
vacances, un matin j’ai pris la route au milieu des vignes et des oliviers.
Depuis que je viens ici, je suis toujours surpris de cette lumière de la Drôme
Provençale. L’air y est d’une transparence incomparable, le bleu du ciel plus
profond qu’ailleurs. Ce matin après trois jours à se déchaîner, le Mistral s’est
enfin calmé. Ce vent donne son caractère à chaque coteau et permet au vigneron
de préparer
son vin selon ses caprices. Caprices est bien le mot car en hiver
quand il souffle si froid il protège les vignes des gelées dévastatrices. Et
quand il fait chaud en soufflant si fort il ne refroidit rien…
Le Château de Suze La
Rousse est la porte d’entrée des vins de la Drôme Provençale. Si vous décidez
d’aller vers le Ventoux, vous ferez pèlerinage à Gigondas pour un Signature ou
une Dame de Montmirail. Mais là je suis parti à l’Est, vers Visan et Saint
Maurice puis Vinsobres. Autant de crus différents qui donnent une idée de la
complexité des métiers de la vigne, du ressort de la terre et ce pourquoi il
faut la préserver et donner à nos petits enfant le goût de toujours la
travailler.
Le vent et la terre
forment ici le caractère des villages et des gens, parmi eux Nyons a voulu se distinguer. Ce n’est pas la vigne
qui fait sa notoriété, c’est l’olive qui est réputée, le climat de la vallée
est déjà changé. Labellisée, choyée, animée, pressée, fêtée, administrée, elle
fait de la petite ville de la porte des Hautes Alpes la réputation de l’huile
d’olive dans le monde entier. Son marché du jeudi est une symphonie de couleurs
et de senteurs. C’est le souk occidental dans toute sa splendeur. Les cris des
colporteurs et des bonimenteurs sont renvoyés par les murs de pierres de la
cité. Vous pouvez boire et manger tout ce que vous voulez et comme dans le
monde entier, même les chinois sont là.
A peine passés ses
contours voilà que le route monte, jusqu’à Grenoble cela ne cessera pas. Aussi
en conduisant mon esprit est parti. En voiture, je ne suis jamais dérangé par
une musique, j’aime le silence et le vent aux fenêtres de la voiture. Je me suis projeté vers
le golf de Gap Bayard. Fred m’a dit que c’était son préféré, il y a souvent
bien joué. C’est un golf de montagne mais il reste dans l’esprit de golf sportif qu'ensemble nous aimons.
Mon idée était de passer
le voir, éventuellement de le jouer. A midi plein soleil j’y suis arrivé, non
sans avoir pris quelques clichés. Sur la route, accrochés au rocher ou dans une
vallée les villages fleuris paraissent assoupis sous le soleil. Pas un nuage
dans le ciel, une toile bleue unie, pas un souffle de vent. Les sommets
veillent sur la vallée en de multiples nuances tout en égrenant les noms
réputés des sites de montagne d’hiver appris en suivant les champions de ski.
Gap Bayard en haut de sa
colline affiche immédiatement sa trilogie : golf, randonnée, ski. C’est la
station oxygène. Le parcours a été créé en 1989, comme un parcours de plaine en pleine montagne. Peu de voiturettes et vu l’âge des joueurs qui rentrent de leur
matinée, il ne doit pas être trop vallonné. Mais ce n’est pas ce qui me
préoccupe sur le moment. Je me dis que partout le golf est mal traité.
Gap Bayard en est
l’exemple type. Le golf est ici gommé par le principe du complexe oxygène ou des vues à couper le souffle…Quand vous ramez de gratte en gratte ou quand vous
n’arrivez pas à mettre la balle où vous voulez, est-ce que la vue paradisiaque
vous rend le plaisir de jouer ?
Cela me ramène aux golfs
immobiliers. Les promoteurs ont mis un parcours de golf au milieu des maisons
pour égayer la publicité et fait monter le prix des habitations anormalement. Le golf est ici
le prétexte à justifier des prix.
« Le golf c’est le
fric » voilà ce que je lis et cela me fait mal. Ce sport méritait mieux et
l’on s’y est mal pris pour trouver un champion qui soit un jour une locomotive
pour enfin faire apprécier à sa juste valeur ce sport merveilleux. En
contre-point je préfère « le golf c’est la vie ».
Dans mes rêveries,
attablé au bar de Gap Bayard, je regarde le ballet de tous les aoûtiens bien
habillés. Je vais avoir 68 ans et je suis peut-être encore le moins âgé des convives. Golf où est
ton avenir ?
Pas de jeunes enfants,
pas de jeunes gens, pas d’école de golf en cours sur le moment. La saison
pourtant est bien courte ici. Entre avril et novembre pour permettre aux jeunes
de jouer, l’école d’altitude pourrait fonctionner. Mais ici aussi, peut-être
qu’en août tout est arrêté.
Je regarde cela avec
désolation. Ce serait si facile de faire animation. Puisque nous sommes en
vacances pourquoi ne pas rêver. Pour apprendre à putter à tous les passants,
pourquoi au lieu du bien rasé et rebutant green classique, ne pas imaginer un
« mini-golf » qui ferait amuser toute la famille comme elle le fait
si bien à la fête foraine. C’est vrai, en France, nous savons que sur une pelouse
bien tondue il ne faut pas marcher. Alors vous pensez sur un green à peine vous
respirez, vous allez le dégrader...
Pour le minigolf pas
besoin de tondeuse, un tapis synthétique sur un peu de ciment servira
certainement plus facilement de lieu d’entraînement. Pourquoi les cours
collectifs sont si peu développés ? Le swing a été accaparé par la PGA, ce
que je veux bien comprendre. Mais où sont les efforts pour développer les accès
et donner envie aux gens de jouer ? Chaque joueur est unique alors comment
procéder pour le faire venir et l’intéresser ? J’ai quitté la table sans
avoir tranché, mais vous pensez bien que j’ai une idée. Attendez un peu et
d’ici quelques temps je vous la donnerai.
J’ai repris ma route un
peu désabusé mais très vite le spectacle m’a revigoré. Tout d’un coup j’étais
entouré des cimes escarpées inondées de soleil. Le spectacle de la Route
Napoléon est extraordinaire dans le Champsaur. Conduire ou regarder il faut
choisir. Alors j’ai fait la Nationale 85 en pointillé. Un peu de route…un
arrêt, plus loin la route, … un arrêt.
Juste pour regarder. Pour m’imprégner
une fois de plus de cette immensité de la Terre qui nous est donnée. Pour
suivre les cimes escarpées, les limites vertes de la forêt qui descendent
jusqu’aux champs travaillés à mes pieds. Chaque fois je compare les Alpes avec
mes Pyrénées, plus sauvages, moins aérées.
Pas moyen de rouler sans
penser à Napoléon 1er. Après avoir dû abdiquer en 1814, exilé sur
l’île d’Elbe quelle idée de vouloir revenir aux affaires ? Pas moyen de ne
pas faire de parallèle avec la préparation de 2017 ! C’est vrai, c’est
pathétique ce goût du pouvoir, ce doit être spécial, complètement viscéral, mais
est-ce vraiment humain ?
Il me semble qu’après un
échec des questions se posent à nous et quand on a repéré ses erreurs, le mieux
serait de ne pas les recommencer. Si Napoléon et Sarkozy avaient joué au golf,
ils le sauraient…
Toujours est-il que
depuis Golfe Juan avec ses 1200 fidèles Napoléon est remonté par Gap, Corps et
La Mure pour atteindre Grenoble et nous a donné une preuve de plus de son
génie... Après le code civil, il nous a laissé une route touristique magnifique.
En passant à
La-Salle-En-Beaumont, arrêt à Notre Dame de l’Assomption. Petit arrêt mystique
dans ces moments tourmentés de la politique nationale. Le « burkini »
fait fureur et met en émoi toute les instances policières et juridiques. Les médias
à leur habitude orchestrent la zizanie qui peu à peu conduit les hommes à se
détester. Je ne vais pas insister sur le sujet.
Après 15 ans de visite
attentive au Maroc, vous pensez bien que pour moi une femme à poil ou habillée
peut bien se baigner. A poil, je sais la regarder. Quand elle est habillée, mon
conseil serait de la diriger vers un blog passionnant fait pour éduquer comme
personne sur le Coran ne l’a jamais fait. Il se nomme « La voie de la
raison ». Il est écrit par les musulmans eux-mêmes. Je ne suis pas là pour
juger, je sais où est ma place mais une fois que vous l’aurez lu, vous verrez
qu’une fois de plus, on s’occupe de choses futiles quand les vrais problèmes
sont ailleurs. Sur le sujet nous n’en aurons pas fini, car une fois de plus on
prend mal le problème ; une façon de continuer de se manger la rate et de
finir un jour avec de vraies convulsions.
J’en ai pris plein la vue
juste avant d’arriver au Lac de Laffray à la « Prairie de la
Rencontre ». C’est là que l’armée royaliste attend l'évadé pour l’arrêter une
nouvelle fois. La route avait été choisie car la vallée du Rhône était moins
sûre.
Si les réseaux sociaux n’existaient pas encore le téléphone arabe
fonctionnait déjà et allait plus vite que tous les pas des chevaux et des
hommes.
Sur la prairie
historique, Napoléon offrit sa poitrine au tir des soldats du 5ème
de ligne. Son courage a suffi pour faire baisser les fusils et pleurer les
soldats, la route était ouverte. Le champ historique est planté de drapeaux
désuets et la statue à cheval de l’Empereur regarde vers sa destinée. Nous sommes
au 7ème des Cent Jours du nouvel Empire.
Napoléon avait une
fringale de guerre, il en avait après toute l’Europe. Nous y avons gagné bien
des batailles mais nous avons laissé partout de mauvais souvenirs. Avant d’arriver à
Grenoble, j’essayais de rêver à un Napoléon diplomate. Un Napoléon ayant le sens de l’économie à la place du génie de la guerre. Qu’est-ce que cela aurait
donné de plus au caractère français qui nous ferait mieux apprécier la vie
aujourd’hui ?
Je ne sais pas bien, mais
je vous promets d’y réfléchir, surtout quand je vois ce que ses généraux ont pu
faire; et merde à Cambronne, le boulot accompli en Suède par les descendants de Bernadotte mériterai
d’être comparé à tout ce que nous avons fait de notre démocratie…
Waterloo a tout gâché. Ce n’est pas
une histoire belge seulement, c’est un ancien épisode de la France contre toute
l’Europe. A la fin des Cent Jours nous étions redoutés, je ne suis pas sûr
qu’aujourd’hui, ce soit encore le cas...
Michel Prieu
Autres blogs :
tribunepourtout.blogspot.com
surprisesdevoyage.blogspot.com
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