En l’espace de deux
semaines les résultats de golf des filles (je les regarde autant que les
garçons) m’ont fait réagir. C’est venu aussi à cause d’un délicieux moment
passé en compagnie de Patricia Meunier-Lebouc lorsqu’elle a gagné le Kraft Nabisco
Championship 2003 à peine entrée sur le circuit Américain. Victoire aussi 36
ans après Catherine Lacoste. Ce qui me montre une fois de plus que les filles
font mieux que les garçons…
Pourquoi ma réaction ?
Chun (coréenne) vainqueur de l’Evian Master 2016 remplace Ko (coréenne puis NZL)
vainqueur de l’Evian Master 2015. Championnat du monde Spirito Santo 2016,
vainqueur ? Corée (-29) 547 points, France ? 27ème (+24)
600 points…Au tableau mondial parmi les 100 premières, un tiers doit être né en
Corée.
Si j’étais coach français
(et amoureux de l’excellence) je partirais en vacances en Corée pour aller voir
ce qui s’y passe. Remarquez que peut-être Catherine Lacoste et Patricia
Meunier-Lebouc ont des choses à dire sur le sujet. Je crois savoir que le mari
de Patricia a abandonné sa propre carrière pour la suivre sur le LPGA Tour. Je
me dis que la passion tardive d’Antoine pour le golf lui a peut-être permis de
comprendre des choses à ce sport et proposer un développement du jeu à Patricia
pour en faire un tandem gagnant. Je crois qu’ils en font profiter d’autres
aujourd’hui ensemble…ils sont discrets.
Je vais peut-être faire ce
voyage, mais j’ai quand même envie que cela aille plus vite dans ma réflexion.
J’ai fait une analogie car après tout la Corée du Sud est une République. Il ne
devrait pas y avoir de différences très importantes avec nous qui avons inventé
cette organisation politique. Officiellement la Corée est en guerre, mais elle
est parmi les 5 premières nations du Classement mondial de l’Education. Nous
sommes 25ème. Au classement Unicef des inégalités les écarts de
performance en lecture, maths et sciences en fonction du milieu social, la
France est 35ème sur 37 pays de l'OCDE. J’aime bien les statistiques
mondiales car elles appuient sur les points qui font mal. Je laisse de côté les
jérémiades de ceux qui ont fait notre système d’éducation et s’y complaisent
encore…
Bien sûr j’ai appris que
l’école coréenne c’est le bagne pour les enfants. Non pas à cause de l’école
mais de leurs parents. Ces bougres veulent que leurs enfants entrent dans les
meilleures universités. La meilleure université offre (en Corée du Sud seulement)
les meilleurs emplois pour entrer chez Samsung, LG, Hyunday ou les plus grandes
banques ou services financiers du monde. Séoul, fut il n’y a pas si longtemps
nommée capitale du Design. En clair la méritocratie républicaine n’a pas été
foulée au pied comme en France.
La FFG n’hésite pas à
écrire dans son compte-rendu officiel que les joueuses de l’équipe de France de
cette année n’ont pas supporté les conditions climatiques. Elles n’ont pas tenu
physiquement…
Voyons un peu comment
cela se passe en Corée. Il est évident que vu les résultats des meilleures,
pour les jeunes qui débutent, regarder vers le haut ne montre que des étoiles.
La plus brillante, même si elle est Néozélandaise aujourd’hui, Lydia Ko a fait
exploser les compteurs. Elle a fait modifier les règles du LPGA pour jouer les
tournois avec dérogation… Mais elle a eu la formation de base coréenne de la
maternelle au collège. Je ne résiste pas au fait de dire qu’il y a les cours de
l’école et des études supplémentaires surveillées (et payantes) pour tenter de
devenir le meilleur. En golf c’est pareil même si financièrement le coût n’est
pas négligeable.
Les jeunes filles (et les
garçons aussi) commencent vers 6 ou 7 ans. Les académies s’appuient sur de
coaches formés dans les meilleurs établissements de sport. Je lis la discipline
scolaire asiatique comme un assemblage de la philosophie asiatique (la Corée du
sud est une péninsule baignée par la Mer Jaune, la Mer de Chine et la Mer du
Japon) et du pragmatisme anglo-saxon. Redoutable mélange quand vous regardez
jouer les joueuses asiatiques. Remarquez leur sourire quand elles jouent, elles
sont gracieuses comme si elles maîtrisaient leur affaire.
Avez-vous entendu ou lu comme
moi que Klatten a passé pour la première fois le cut de l’Evian Master parce
que Thomas Levet lui a réglé le putting le lundi matin à l’entraînement ?
Que les joueuses de l’équipe de France ont perdu leur swing en arrivant au Mexique ?
Après avoir entendu parler du « swing authentique » par Will Smith,
ce diable de Mike Wolseley m’a parlé du « swing incassable ». Je croyais
que pour être professionnel il fallait en avoir un, mes espoirs sont déçus.
Mais que font les coaches ? Heureusement pour les hommes, Butch Harmon est
encore là ; mais comment va-t-on faire dans quelques années ? Justin
Johnson fait des progrès considérables avec lui. Je crois que sous un bon jour
le record de Furyck (58) en tournoi ne va pas tenir longtemps…
Donc les coaches coréens sont
bons et travailleurs tandis que les filles ont du talent et de l’ambition. Par
définition elles sont travailleuse, car elles n’ont pas le choix. Elles savent
que si elles arrivent à exister dans leur pays elles domineront le monde. Vous
ne connaissez pas cette impression ? Dommage pour vous, j’ai eu la chance
de connaître cela dans mon métier : la forge. Les politiques ont décidé
que ce métier n’avait pas de mérite dans l’industrie française. Ce que j’ai
appris en forge, je l’applique au golf et je vous le dis, cela me donne un rare
plaisir que je vous souhaite.
Au pays de la
calligraphie mais aussi de Samsung, Lg, DMC (Digital Media City) et même si la
Dream Tower n’est pas encore terminée, il ne faut pas rêver alors les outils
offerts par les technologies modernes sont omniprésents dans l’enseignement du
golf. Les ordinateurs sont en batterie pour analyser, peaufiner le swing. Je sais
comment cela marche. Allez faire un tour chez mon ami Lotfi à Marrakech pour redresser
vos petits et grands défauts de swing sur ses analyseurs. Marrakech Golf
Academy cela s’appelle, dites-lui que vous venez de ma part.
La vidéo est un
redresseur de swing. Il vous renvoie votre vérité, c’est votre meilleur
conseiller. Il ne vous trompe pas, il vous éduque. Bien entendu, il ne prend
pas la place de votre coach. Vous avez besoin de lui. C’est lui (s’il veut bien
s’en donner la peine) qui est chargé de vous donner des exercices ciblés
spécialement pour vous qui vont vous permettre de corriger les petites
imperfections que vous avez. Ne vous leurrez pas, vous ne pourrez avoir que le
swing qui vous ressemble. Le swing est représentatif de votre nature, votre
personnalité, pouvez-vous la changer ? Non, vous l’avez ancrée grâce à vos
parents et votre environnement avant vos 15 ans. Le reste de la vie se passe à
nous adapter au changement et c’est dur, n’est-ce pas. La résistance est
grande.
Ce que l’on recherche au
golf, c’est du plaisir selon son goût. Or nous ne faisons que ramer, sur une
mare de frustration en apprentissage comme au jeu dans beaucoup trop de cas. Quand
vous voulez vous faire plaisir vous regardez une vidéo ; « on se fait
un film ? », alors pourquoi pas au golf ! Cela n’a rien de
narcissique de se faire tirer le portrait entre amis pour mieux jouer au golf.
Vous apprendrez à vous
voir dans l’espace puis à y prendre des repaires. Croyez-vous que le fervent de
l’aïkido, l’archer, le tireur à la carabine ou au pistolet peut manier ses armes
sans savoir où il se trouve dans l’espace. Je ne parle pas de la danseuse à sa
barre et…face au miroir qui lui renvoie l’image de sa posture. La vidéo vous
donne l’humilité et la lucidité de ne pas vous leurrer sur votre manière de
swinguer. Elle vous donnera l’intelligence du jeu, celle de votre équilibre.
Vous avez des points forts : le drive, le fer, le putter, l’adresse…la
vidéo vous dira pourquoi. Après analyse de vos forces ou de vos goûts avec
votre enseignant vous pourrez établir une stratégie pour améliorer les autres
compartiments du jeu. Vous pourrez établir un plan de jeu pour être performant.
Regardez Chun ou même Spieth, ce ne sont pas des athlètes hors normes mais ils
ont un équilibre de jeu qui les rends performants. C’est ce que les
coréennes apprennent avec leurs enseignants, elles ne jouent pas toutes pareil.
Lydia Ko est sympa, elle ne fait ni la gueule en jouant ni après sa partie :
elle aime le jeu et la profession qu’elle pratique. Ce n’est pas son travail, c’est
son projet !
Elles ont le même cerveau
que nous mais elles l’utilisent différemment, c’est ce que je retiens. C’est
aussi la recherche de l’excellence qui permet de faire des progrès. D’accord
cela demande du travail et certainement quelques larmes, mais si pleurer permet
de vider son stress à certaines athlètes, le sourire qu’elles arborent une fois
la victoire atteinte, les rend encore plus belles. Les coréennes n’ont pas fini
de nous séduire.
Bon golf à tous
Michel
Prieu
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