34 - Jouer au golf: s'entraîner, Pourquoi? (Juillet 2016)

La sortie du livre « Le golf au Cœur » m’a beaucoup occupé. Des gens à contacter, tenter de faire un peu de publicité, des tâches simples et répétées qui m’ont permis de digérer les miasmes du long voyage qui venait de se terminer.

Dans mes pensées, j’ai envoyé un livre à chacun des pros avec qui j’ai aimé travailler. Car il faut rendre à César ce qui est à César : ce n’est pas parce que je critique certaines de leurs méthodes que je dis les pros de golf inutiles encore moins incompétents. Par contre, j’aimerais qu’ils musclent leur enseignement. Enseigner le swing n’est pas déjà facile mais faire aimer le jeu à chaque impétrant est bien plus difficile.

Si nous n’avons pas de champion et si des gens au bout de deux ans arrêtent de jouer faisant ainsi chuter la progression des licenciés, c’est à mon avis dans cette voie qu’il faut chercher. Pourquoi je vous assomme avec cela ?

Figurez-vous que mes pas m’ont amené à Corrençon en Vercors, retrouver mon pote de Marrakech, le grand Amadou. Quand vous êtes avec lui, en ville où sur le pré, vous avez l’impression qu’il est connu du monde entier. Il est né à Dakar où chaque fois qu’il le peut, il aime se ressourcer, sans rien faire, sur un banc face à l’océan. Vous savez comme moi que les racines cela ne vous lâche pas.

Il était « banquier », quand il ne sait pourquoi, Saint-Andews, Dieu du golf même pour les athées, l’a appelé pour jouer. Tout de suite, il a aimé et il s’est distingué. Alors, il a voulu l’enseigner, son oncle, son tuteur magnanimement non sans le mettre face à ses responsabilités, l’a laissé filer vers sa destinée.

Je l’ai retrouvé, solide comme à l’accoutumée. J’aime bien depuis que l’on se connait comment il parle de golf à qui veut l’écouter. En fait, à chaque fois il vous parle des choses les plus simples. Par exemple il vous dit : « le putting c’est du swing ». C’est par là qu’il faut commencer pour apprendre à jouer. Quand vous y réfléchissez depuis 20 ans que vous pratiquez, ce n’est pas faux, c’est même futé, je crois vous avoir dit déjà que c’est cet exercice que sur le parcours on fera le plus de fois. On pourrait imaginer mettre dans tous les clubs un parcours de mini-golf pour apprendre à putter, au lieu de l’avoir en ville pour passer la soirée en famille ou avec des invités.

Ensuite, il vous parle de position, d’organisation, presque jamais de mots sophistiqués pour vous faire jouer. S’il vous sent doué attention, il peut s’énerver. Il voudrait que tout un chacun trouve son pied à maîtriser le club avant de se mettre à jouer. Pourquoi il est aimé ? Vous l’avez deviné, il fait attention à vous, qui que vous soyez.

Tout en déjeunant, avec deux invités charmants, on a devisé sur ce qu’il pensait de l’entraînement. C’est évident une fois le mouvement acquis, vous devez le répéter pour le fiabiliser. Lui donner une forme de régularité qui, quand vous allez jouer, vous donnera de la sécurité.

Dans le swing, il y a la technique et le rythme à maîtriser. C’est facile à comprendre, le monde entier en est d’accord, mais il y a vous. C’est là que cela devient compliqué. Que votre professeur un jour pourrait abdiquer.

Sans retenue, vous vous êtes donné à lui et à moment donné, il ne peut plus rien pour vous. Car pour huiler le mouvement et aussi lui donner le sens de ce que vous êtes vraiment, il faut vous exercer. Sinon ? Vous ne trouverez jamais le plaisir de jouer.

Pas besoin de passer des heures à astiquer les tapis ou à ruiner les fairways de vos coups manqués. En premier lieu savoir pourquoi (peut-être pour qui) vous voulez jouer, ensuite ce n’est qu’une affaire de compromis. Entre vous et vous, bien entendu car au golf personne ne joue pour vous. Vous êtes responsable de tout.

Quand vous avez répondu à cette question (existentielle vraiment !) si vous voulez vous entraîner, choisissez l’endroit qui vous plaît. Personnellement ce qui m’a fait gagner le plus de temps, c’est de jouer dans ma salle de bain. Devant ma glace. J’aurai pu le faire dans mon bureau mais ma secrétaire avait sans arrêt besoin de me parler. Je ne galèje pas, lisez mon bouquin je vous y donne le secret.

Si vous préférez le practice, vous pourrez vous exercer tout le temps que vous voulez. Ne soyez pas pressé, pensez à privilégier la qualité du travail que vous accomplissez. Prenez le temps de vous exercer au petit jeu, putting et approche, dans l’ordre. Si vous n’avez pas le temps, ne faites que cela. Pourquoi je vois dis cela ? Parce que ce sont sur les petits coups que l’on comprend le mieux le déroulement de tout le mouvement du swing.

Avant d’espérer driver loin et droit, pour prendre du plaisir, comprendre la joie que vous souhaitez pour jouer, vous devez trouver votre voie. Celle qui est vous, qui est votre nature et que vous devez découvrir Vous ne pouvez pas tricher avec vous-mêmes. Ce n’est pas dans les grands coups que vous trouverez le plaisir de jouer. Si cela était vrai, celui des joueurs qui drive le plus loin gagnerait tous les tournois. Et vous savez comme moi que ce n’est pas le cas. Les grands joueurs c’est qui ? Ceux qui ont réalisé en eux le meilleur compromis. Sur la durée cela ne trompe pas, l’attitude devant la balle définit le joueur. « Montre-moi comment tu joues, je te dirai qui tu es ».

Certains d’entre vous m’ont gentiment chambré après avoir lu que le practice était pour un apprenti le plus beau des terrains. La raison en est simple, cela vous permet d’être l’architecte de votre jeu. Et dans une maison, je ne veux pas être le maçon. C’est un monsieur compétent mais un exécutant. Moi je veux être le « designer ». Si vous insistez, je vous direz le sens que je donne à ce mot !

Alors suivant le temps et surtout mon humeur, je sculpte mon entraînement. J’ai un nouveau driver, je vais lui faire passer un mauvais moment, mais pas avant d’avoir goûté au plaisir de mettre une balle dans la cible, senti le rythme qui permet de poser la balle où je l’ai décidé, comme si je dansais.

Alors oui après je peux m’escrimer à faire rugir mes muscles pour balancer un swing loin mais pas droit comme je le voudrais. Car à trop forcer, on oublie les fondamentaux physiques et psychologiques qui vous permettent de rester en zone de sécurité. Messieurs, regardez une dame qui joue bien et vous verrez qu’il ne faut jamais frapper pour aller loin.

Aller sur le terrain alors, est-ce la panacée ? Non, car si vous n’êtes pas prêt vous allez galérer. Vous allez vous frustrer et vous traiter de tous les noms, en un mot, vous détester. Alors allez y doucement, avec parcimonie, si vous avez la chance d’avoir un parcours d’école, allez-y faites en votre ami, mieux, votre confident. Tournez autour de lui, comptez les coups que vous ratez, essayez d’en diminuer le nombre, jusqu’à ne plus en faire. Peu importe le temps que vous aurez passé à maîtriser cela, vous le retrouverez sur le grand parcours où vous saurez vous dépasser. Parce qu’en apprenant doucement vous aurez acquis l’essentiel du jeu de golf : le doute maîtrisé ou la confiance en vous.

Entraînez-vous et bon golf à tous



Michel Prieu

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