La sortie du livre « Le golf
au Cœur » m’a beaucoup occupé. Des gens à contacter, tenter de faire un peu
de publicité, des tâches simples et répétées qui m’ont permis de digérer les
miasmes du long voyage qui venait de se terminer.
Dans mes pensées, j’ai envoyé un
livre à chacun des pros avec qui j’ai aimé travailler. Car il faut rendre à César
ce qui est à César : ce n’est pas parce que je critique certaines de leurs
méthodes que je dis les pros de golf inutiles encore moins incompétents. Par
contre, j’aimerais qu’ils musclent leur enseignement. Enseigner le swing n’est
pas déjà facile mais faire aimer le jeu à chaque impétrant est bien plus
difficile.
Si nous n’avons pas de champion
et si des gens au bout de deux ans arrêtent de jouer faisant ainsi chuter la
progression des licenciés, c’est à mon avis dans cette voie qu’il faut
chercher. Pourquoi je vous assomme avec cela ?
Figurez-vous que mes pas m’ont
amené à Corrençon en Vercors, retrouver mon pote de Marrakech, le grand Amadou.
Quand vous êtes avec lui, en ville où sur le pré, vous avez l’impression qu’il est
connu du monde entier. Il est né à Dakar où chaque fois qu’il le peut, il aime
se ressourcer, sans rien faire, sur un banc face à l’océan. Vous savez comme
moi que les racines cela ne vous lâche pas.
Il était « banquier »,
quand il ne sait pourquoi, Saint-Andews, Dieu du golf même pour les athées, l’a
appelé pour jouer. Tout de suite, il a aimé et il s’est distingué. Alors, il a
voulu l’enseigner, son oncle, son tuteur magnanimement non sans le mettre face
à ses responsabilités, l’a laissé filer vers sa destinée.
Je l’ai retrouvé, solide comme à
l’accoutumée. J’aime bien depuis que l’on se connait comment il parle de golf à
qui veut l’écouter. En fait, à chaque fois il vous parle des choses les plus
simples. Par exemple il vous dit : « le putting c’est du swing ».
C’est par là qu’il faut commencer pour apprendre à jouer. Quand vous y réfléchissez
depuis 20 ans que vous pratiquez, ce n’est pas faux, c’est même futé, je crois
vous avoir dit déjà que c’est cet exercice que sur le parcours on fera le plus
de fois. On pourrait imaginer mettre dans tous les clubs un parcours de
mini-golf pour apprendre à putter, au lieu de l’avoir en ville pour passer la soirée
en famille ou avec des invités.
Ensuite, il vous parle de
position, d’organisation, presque jamais de mots sophistiqués pour vous faire
jouer. S’il vous sent doué attention, il peut s’énerver. Il voudrait que tout
un chacun trouve son pied à maîtriser le club avant de se mettre à jouer. Pourquoi
il est aimé ? Vous l’avez deviné, il fait attention à vous, qui que vous
soyez.
Tout en déjeunant, avec deux
invités charmants, on a devisé sur ce qu’il pensait de l’entraînement. C’est
évident une fois le mouvement acquis, vous devez le répéter pour le fiabiliser.
Lui donner une forme de régularité qui, quand vous allez jouer, vous donnera de
la sécurité.
Dans le swing, il y a la
technique et le rythme à maîtriser. C’est facile à comprendre, le monde entier
en est d’accord, mais il y a vous. C’est là que cela devient compliqué. Que
votre professeur un jour pourrait abdiquer.
Sans retenue, vous vous êtes
donné à lui et à moment donné, il ne peut plus rien pour vous. Car pour huiler
le mouvement et aussi lui donner le sens de ce que vous êtes vraiment, il faut
vous exercer. Sinon ? Vous ne trouverez jamais le plaisir de jouer.
Pas besoin de passer des heures à
astiquer les tapis ou à ruiner les fairways de vos coups manqués. En premier
lieu savoir pourquoi (peut-être pour qui) vous voulez jouer, ensuite ce n’est
qu’une affaire de compromis. Entre vous et vous, bien entendu car au golf personne
ne joue pour vous. Vous êtes responsable de tout.
Quand vous avez répondu à cette
question (existentielle vraiment !) si vous voulez vous entraîner, choisissez
l’endroit qui vous plaît. Personnellement ce qui m’a fait gagner le plus de
temps, c’est de jouer dans ma salle de bain. Devant ma glace. J’aurai pu le
faire dans mon bureau mais ma secrétaire avait sans arrêt besoin de me parler.
Je ne galèje pas, lisez mon bouquin je vous y donne le secret.
Si vous préférez le practice,
vous pourrez vous exercer tout le temps que vous voulez. Ne soyez pas pressé,
pensez à privilégier la qualité du travail que vous accomplissez. Prenez le
temps de vous exercer au petit jeu, putting et approche, dans l’ordre. Si vous
n’avez pas le temps, ne faites que cela. Pourquoi je vois dis cela ? Parce
que ce sont sur les petits coups que l’on comprend le mieux le déroulement de
tout le mouvement du swing.
Avant d’espérer driver loin et
droit, pour prendre du plaisir, comprendre la joie que vous souhaitez pour
jouer, vous devez trouver votre voie. Celle qui est vous, qui est votre nature
et que vous devez découvrir Vous ne pouvez pas tricher avec vous-mêmes. Ce n’est
pas dans les grands coups que vous trouverez le plaisir de jouer. Si cela était
vrai, celui des joueurs qui drive le plus loin gagnerait tous les tournois. Et
vous savez comme moi que ce n’est pas le cas. Les grands joueurs c’est qui ?
Ceux qui ont réalisé en eux le meilleur compromis. Sur la durée cela ne trompe
pas, l’attitude devant la balle définit le joueur. « Montre-moi comment tu
joues, je te dirai qui tu es ».
Certains d’entre vous m’ont
gentiment chambré après avoir lu que le practice était pour un apprenti le plus
beau des terrains. La raison en est simple, cela vous permet d’être l’architecte
de votre jeu. Et dans une maison, je ne veux pas être le maçon. C’est un
monsieur compétent mais un exécutant. Moi je veux être le « designer ». Si
vous insistez, je vous direz le sens que je donne à ce mot !
Alors suivant le temps et surtout
mon humeur, je sculpte mon entraînement. J’ai un nouveau driver, je vais lui
faire passer un mauvais moment, mais pas avant d’avoir goûté au plaisir de
mettre une balle dans la cible, senti le rythme qui permet de poser la balle où
je l’ai décidé, comme si je dansais.
Alors oui après je peux m’escrimer
à faire rugir mes muscles pour balancer un swing loin mais pas droit comme je
le voudrais. Car à trop forcer, on oublie les fondamentaux physiques et
psychologiques qui vous permettent de rester en zone de sécurité. Messieurs,
regardez une dame qui joue bien et vous verrez qu’il ne faut jamais frapper
pour aller loin.
Aller sur le terrain alors, est-ce
la panacée ? Non, car si vous n’êtes pas prêt vous allez galérer. Vous
allez vous frustrer et vous traiter de tous les noms, en un mot, vous détester.
Alors allez y doucement, avec parcimonie, si vous avez la chance d’avoir un
parcours d’école, allez-y faites en votre ami, mieux, votre confident. Tournez
autour de lui, comptez les coups que vous ratez, essayez d’en diminuer le
nombre, jusqu’à ne plus en faire. Peu importe le temps que vous aurez passé à
maîtriser cela, vous le retrouverez sur le grand parcours où vous saurez vous
dépasser. Parce qu’en apprenant doucement vous aurez acquis l’essentiel du jeu
de golf : le doute maîtrisé ou la confiance en vous.
Entraînez-vous et bon golf à tous
Michel
Prieu
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