Bonjour à tous,
Passer l’hiver au Maroc évite bien des
tracas, j’avais perdu l’habitude d’être dépendant de la météo. Rendez-vous
compte, partir du désert à Dakhla et venir se noyer à Los Alcazares près de
Murcia. Ce n’était pas prévu, mais vous verrez tout cela dans surprisesdevoyage.blogspot.com . Il y a eu des moments passionnants.

Depuis un moment, j’avais envie d’un petit détour par la montagne. Je vous en livre quelques pages illustrées aussi dans le même ouvrage. Le golf ? Je n’y pense pas. Enfin ce n’est pas tout à fait vrai. J’ai étalé un tapis de putting dans la salle à manger et je travaille ma visualisation. Devant le miroir je fais mes exercices de swing au ralenti *.
J’ai fait cela durant des années alors que
je travaillais et que je ne pouvais pas m’entraîner, maintenant que je ne fais
rien, je poursuis mes mouvements tellement ils m’ont apporté confiance et
régularité. Voilà pour la technique. Pour l’entretien physique deux heures de
marche dans les vignes tous les deux jours. Cela me permet de superviser le
travail des vignerons et de constater que la plupart changent de mode de
culture. La plupart passe en mode bio. Je préfère mode écologie. C’est plus
politique et c’est responsable, rien à voir avec les sensibilités des partis
Verts. L’écologie n’est ni de droite, ni de gauche. Elle existe pour ne pas
épuiser notre planète dans tout ce que nous faisons. Même au golf, il faut en
tenir compte et porter attention à la gestion de nos parcours.

Alors qu’il me disait cela, je pensais que
nous n’y voyons pas beaucoup de Français. Je retiens que pour les reportages
européens ce ne sont pas les réalisateurs anglo-saxons qui vont nous faire la
publicité. Vous avez pu remarquer comme moi que même sur le circuit européen,
un français passe à l’antenne s’il est dans les 5 premiers sinon nous ne le
voyons pas. Quant au circuit PGA, c’est encore pire. Cela m’exaspère, nous
n’existons pas dans ce jeu.
J’ai déjà dit plein de choses désagréables
sur la manière d’aborder le golf en France. Au coeur des polémiques de l’an
dernier, suite à la diatribe de François Illouz et de sa démission de la
Fédération de Golf, j’ai relevé dans Facebook et les réseaux sociaux les
réflexions d’un grand nombre de personnes. Puis je les ai mises en forme au cas
où une table ronde aurait lieu un jour à Paris ou ailleurs en France sur le
sujet. C’est un point de départ…
Depuis longtemps je sais que critiquer sans
rien apporter est une sale manie française. Né dans le sud-ouest, je suis râleur mais pas
sans idées directrice. Au golf, j’ai quelques années de pratique et une
expérience que peu de joueurs amateurs se sont donnés. J’aime jouer au golf sur
le parcours et m’entraîner. Les deux terrains de jeu m’intéressent et je n’y
compte pas mon plaisir.
Cet automne pour préparer mon équipe
d’Agadir à affronter le Golf de Mogador d’Essaouira, je disposais d’une
sélection de 38 joueurs d’index 9 à 36 ; dames et messieurs confondus
d’âge compris en 52 et 72 ans. Nous nous sommes amusés comme vous le l’imaginez
pas. Bien entendu, je ne me suis pas occupé des swings. J’estime que c’est le
travail de chaque joueur et de son Pro préféré. C’est d’ailleurs ce que je
conseille à tous les joueurs qui me posent des questions sur le sujet. Certains
depuis deux ans ont fait beaucoup de progrès en venant à mes séances de
préparation puis en allant voir leur Pro pour améliorer la régularité de leur
swing.
Pas mal de joueurs et joueuses se plaignent
d’ailleurs de la manière dont certains Pros PGA procèdent. J’ai personnellement
fait des choix pour aiguiller des débutants ou des joueurs plus aguerris. Je
constate que l’enseignement PGA est castrateur. A un âge avancé l’académisme
n’a pas grand intérêt et à un très jeune âge non plus. Dans les deux cas, il
faut faire aimer le golf et si sur le practice on se fait houspiller, ce n’est
pas gagné.
Pour ma part dans les 4 ateliers que je
monte pour occuper l’ensemble de mon collectif (2 heures pour 24 personnes en
moyenne) je prépare des situations de jeu réelles :
-
Atelier
putting
-
Atelier
approche
-
Atelier
bunker
-
Atelier
Fer
A la
fin, la plupart des joueurs et joueuses se défoulent au drive. Ce n’est pas que
je néglige ce club du sac mais je trouve que les autres exercices préparent à
l’utiliser correctement. Si l’on est compétent sur les 4 ateliers, on a moins de
pression sur le drive. On peut le jouer avec le calme qui convient.
J’insiste beaucoup sur la précision chez
les joueurs amateurs car je crois que ce n’est pas dans l’optique de la plupart
des joueurs ; tous veulent améliorer la distance. Donc à longueur de
practice, sans consigne particulière, ils s’épuisent au drive. J’ai vu cela
aussi bien chez des vieux joueurs qui s’escriment à frapper fort pour jouer
index 25 alors qu’en s’occupant de leur petit jeu et du putting, ils ont le
potentiel physique pour jouer index 15.
Cela m’embête plus quand je vois un Pro
travailler avec deux jeunes filles, une fluette de 12 ans et une adolescente de
14 ou 15 ou pire un gamin de 13 ans. La plus petite gamine va frapper tout son
entraînement pour aller aussi loin que sa cadette et déformer son swing, se
fatiguer et parfois se blesser. Alors que si elle avait pour objectif une cible
et recherchait à chaque exercice à améliorer sa précision, en grandissant elle
aurait les deux : longueur et précision.
Chez les jeunes joueurs c’est pareil. Ils
ont des drives monstrueux (pas toujours précis sur la piste) mais sont capables
de survoler un drapeau de 20m à 80 m de la cible, même avec un télémètre dans
le sac. D’accord, ils ont le sang chaud,
mais la précision au golf est une clé du jeu indiscutable, elle n’est pas
intégrée dès les premiers pas du joueur et c’est regrettable.
J’en étais là de mes réflexions quand un
ami journaliste m’a envoyé une référence de livre sur le rugby :
« All Blacks Au cœur de la magie noire » de Ian Borthwick***. J’ai
joué au rugby longtemps avant de jouer au golf et je le regrette. Je suis
intimement persuadé que si j’avais joué au golf plus tôt, j’aurais été bien
meilleur au rugby.

Ce n’est pas une question de force ou de
taille, c’est une question de culture. Et comme souvent la culture est affaire
d’éducation… Le gardien du temple de la tradition All Black est Gilbert Enoka.
Peu connu des médias, il est garant de la tradition de l’esprit des All blacks
et il dit : « la culture bouffe la stratégie toute crue ». Quand
je dis esprit j’inclus la totalité de l’homme, le corps et la tête. Nous sommes
aux Antipodes, sur une île et ce n’est pas neutre dans les aspects culturels.
Dans la même veine d’excellence, revenons
aux enfants. Si j’en crois Ian Borthwick, le sondage fait chez les enfants « pour
leur faire aimer le rugby » se traduit ainsi :
-
S’amuser
avec les copains
-
Avoir
un entraînement de qualité
- Jouer
dans une compétition cohérente et significative
-
Ne pas
se faire blesser
Le système d’enseignement est parti de ce
constat et à l’âge de 5-6 ans les enfants jouent. La gradation du jeu est bâtie
en fonction de la morphologie mais toujours tournée vers les fondamentaux du
jeu. L’entraînement des virtuoses de la musique ne sont pas faits autrement**.
Je note en passant que dans ce contexte et parmi 4 millions d’habitants, le
pays All Black au maillot emblématique a vu deux grands joueurs de golf
professionnels se distinguer. D’abord Bob Charles gagnant sur tous les
continents dont le British. Puis plus
près de nous éclore (parce que sa maman ne voulait pas qu’il joue au rugby) un
garçon comme Michael Campbell dont les palmarès est aussi sur tous les
continents. Lui a battu les américains chez eux à l’US Open…
Dans mon esprit, il n’est pas étonnant que
dimanche dernier la France ait gagné son 6ème titre mondial en 22
ans. Depuis Jean-Michel Germain, puis Daniel Constantini, Claude Onesta et
maintenant Didier Dinard, plus de 30 ans maintenant que la Fédération de
Handball a mis en place une politique et des hommes pour la mener, l’entretenir,
la faire évoluer qui font la part belle à l’éducation des enfants. Et cela
commence à l’école de la République, comme c’était le cas pour nous avec la
complicité des professeurs des écoles. Autrefois dans le sud-ouest, on jouait
autant au rugby qu’au foot, basket et handball à l’école. Cela nous donnait des
qualités de dextérité et d’adresse, de vitesse que nous apportions ensuite vers
l’âge de 15-16 ans à notre sport de prédilection. Il y a une culture handball
qui se perpétue par l’implication des anciens joueurs comme entraîneurs…
Aujourd’hui, la formation française du foot
est reconnue…par les étrangers. Nos meilleurs joueurs partent sans doute pour
des raisons de marché et aussi de challenge. Aller à l’étranger, se confronter
à d’autres championnats rend plus fort. Pour les joueurs les plus exigeants
envers eux-mêmes, c’est un plus…Nos meilleurs gagnants, Platini, Deschamps,
Zidane ont pris des responsabilités après la fin de leur carrière
professionnelle, pas neutre dans l’évolution de la formation…
Au bout de cette réflexion hivernale et
devant ses exemples de réussite, je me dis que la FFG aurait les moyens de
mettre en projet le développement du golf en commençant par l’éducation des
enfants. Cela donnerait un sens à l’esprit du golf qui périclite partout. C’est
un sport individuel et l’époque est résolument orientée ainsi mais c’est de
penser à l’intérêt général qui va le sauver… C’est du long terme et ce n’est pas simple, mais ce serait
porteur d’espoir pour ce jeu fabuleux que d’essayer d’en crée la « Culture ».
Attention, la taille des vignes bat son
plein devant chez moi et montre que le printemps n’est pas si loin. Préparez
votre saison prochaine.
Bon golf à tous.
Michel Prieu
Un peu de lecture pour le coin du
feu :
***« All Blacks-Au cœur de la magie
noire » - Ian Borthwick
**« La vie de Liszt est un roman »
- Zsolt Harsanyi
*« Le Golf au cœur - Jouer au golf
autrement » - Michel Prieu
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