64 - Les Plaintes des Pros (15 février 18)


Bonjour,

Cette page est réservée à une conversation de ce début d’année avec un ami cher. Pro reconnu et apprécié, qui prend soin régulièrement de continuer à se former. Il enseigne depuis 20 ans, il n’est pas désabusé. Il reste enthousiaste pour ses clients.

Nous étions en train de discuter sur ses difficultés face à ses clients. Je lui faisais remarquer que le golf est en train de dériver dangereusement et a du mal à se réinventer. Tous les pays perdent des joueurs. Le monde change et le golf ne change pas.

Je suivais les tournois internationaux à la télévision à mes débuts mais je trouve que c’et trop long maintenant. Qu’un joueur pro mette 5 minutes pour jouer un putt ou décider d’une option de jeu est inconvenant. Remarquez que si tous les entrepreneurs du monde faisaient ainsi la planète serait en meilleure santé, il y aurait moins de dégâts.

Les joueurs professionnels du circuit s’occupent d’eux ; nous ne faisons pas le même sport. Les exigences du leur sont à peine imaginables pour nos qualités d’amateurs.

L’enseignement du golf de haut niveau est d’une extrême dureté. Aussi bien au niveau physique que mental. Ils doivent mettre en jeu toutes leurs intelligences pour avoir un jeu équilibré et durer face à la meute des poursuivants. Chaque année apporte des progrès avec les matériels et leurs modes de préparation. Peuvent-ils nous faire rêver encore de les imiter ? A mon âge je ne sais pas le dire, mais sur les parcours j’ai l’impression de voir de moins en moins de jeunes.

Le mimétisme s’arrête au swing. Le mouvement est complexe. Pas facile de l’apprivoiser, chaque joueur doit s’engager, passer du temps pour le rendre régulier. Les méthodes classiques d’enseignement ont peu évolué pour s’adapter aux besoins nouveaux de prétendants.

Les Pros certifiés ont de sérieux problèmes dans leur métier. Ils sont plus nombreux qu’avant à proposer leur service. Ils ont de multiples difficultés à se différencier. Pour les amateurs, même éclairés la notion de plaisir passe avant les notions d’apprentissage.  Difficile pour obtenir un niveau de performance.

Les gens sont exigeants, veulent des résultats mais ne prennent pas toujours leurs responsabilités.

Ecoutons mon ami :

1 - Les élèves ne travaillent pas en dehors des cours
2 - Les gens veulent savoir jouer vite
3 - Ils ne savent pas créer leur jeu au practice
4 - J’ai de meilleurs résultats quand je pars en stage à l’étranger
5 - Les jeunes joueurs ne sont pas sensible au travail
6 – Difficile d’allier leur scolarité et l’apprentissage de haut niveau.
7 – Ils arrêtent souvent parce qu’ils ne progressent pas suffisamment
8 – Le travail technique du practice n’emballe pas les joueurs.
9 – Le travail mental et le contrôle des émotions est difficile à adapter....

J’ai déjà dit dans une autre page que le constat pour moi est mondial. La question devient donc, comment changer de méthode pour permettre aux Pros d’avoir plus de succès. D’infléchir cette courbe qui montre que le nombre de licenciés stagne ou évolue peu, alors que le jeu est passionnant ?

L’évolution de la société ne les aide pas. Chacun veut tout très vite et sans effort. Comment faire alors ?

Personnellement je considère que les Pros s’occupent seulement du savoir-faire et que pour bien jouer au golf il faut savoir-être. La nuance est d’importance dans tous les domaines du golf : enseignement, commerce, services, clubs, parcours, organisation.

Comment trouver une pédagogie inspirante, entraînante et organiser les clubs différemment ?

Je crois que l’enjeu est dans les prémices. La manière d’aborder le jeu, de le présenter aux joueurs. Le golf a une philosophie et c’est négligé. Ce n’est pas qu’un geste, un mouvement. Allier l’apprentissage autour du jeu. Je crois qu’il faudrait monter par étapes successives vers le swing à partir du putting. Insister en premier sur les phases de jeu autour du green.

Dans ce secteur nous n’avons ni besoin de force, ni de technique complexe : le grip et une partie du swing. Chip, approche longue, lobée ou roulée, bunker, putt sont des parties du jeu difficiles où nous utilisons une part du swing mais de manière très précise.

Les phases de jeu y sont ludiques, le challenge y existe, les jeux possibles intra ou inter-joueurs.

Nous y développons de la dextérité. Nous travaillons des positions qui démystifie peu à peu le swing. Les qualités d’adresse y sont sensibles, les joueurs sont plus engagés. La fascination du drive est alors diminuée.

Je trouve pathétique les efforts démesurés à faire pour apprivoiser le swing dès le début. Même sportif accompli la plupart des apprenants sont perdus dans les explications analytiques, la position dans l’espace….

Toutes les facettes de compréhension dont dispose chaque joueur ne sont pas utilisées. La vidéo n’est pas employée par tous les enseignants, alors que c’est un outil efficace. Avec les méthodes traditionnelles le joueur est enfermé dans un carcan. Les hommes et les femmes n’apprennent pas de la même façon… L’enseignement est stéréotypé.

En Avignon ou Paris, j’ai accompagné des joueurs qui ont pris peu de cours : maîtres d’art martial ou excellents joueurs de tennis (-15, -30). Même pas une heure d’apprentissage avec un Pro-PGA, ensuite ils se sont débrouillés seuls pour atteindre en moins de 2 ans un Index à un chiffre.

Les instances du golf devraient se poser des questions pour inventer une pédagogie nouvelle. La classique ne correspond plus aux exigences du moment. Il y a moyen de gagner du temps pour tous les joueurs.

Il en est de même pour l’entrée sur le parcours. Très clairement que ce que nous faisons au practice est très différent de ce qui se passe sur le parcours. Qui prépare ce changement d’attitude ?

La formation des Pros est incomplète. Beaucoup n’ont pas les bases de psychologie ni de commerce pour faire passer les messages complexes pour éduquer un client. Ils ne se servent pas des moyens à leur disposition pour être entraînants et inspirants sur leur poste de travail. Ce n’est pas souvent en phase avec la réalité du client.

Le golf est chronophage mais il est patent que beaucoup trop de joueurs ne savent pas s’organiser sur un parcours. Les clubs ne s’en occupent pas (ni les associations sportives) avec insistance. Dans le monde entier des énergumènes font perdre du temps aux autres joueurs par leur manière de jouer. 

Des joueurs se découragent, il est extrêmement pénible d’attendre comme cela est maintenant courant tellement les joueurs ne font pas attention au temps qu’ils mettent pour se préparer à jouer. C’est un des freins au développement encore plus important que de ne pas savoir swinguer.

Je suis dans ce cas. Je préfère marcher 3 heures (même en ville) et passer 2 heures au practice que de jouer en journée derrière des gens qui n’ont aucun respect ni pour eux ni pour les autres. Je ne suis pas puriste sauf évidemment en compétition.

J’ai des exemples sur tous les continents qui m’ont fait arrêter de jouer. Hier encore en Andalousie. Le golf permet de rencontrer des gens. En Australie ou Nouvelle Zélande nous avons pris l’habitude de ne plus annoncer nos handicaps. Nous demandions de jouer à 4, si cela ne nous était pas garanti, nous n’allions pas jouer dans ce club.

Les directions de clubs devraient changer leurs pratiques. Permettre de jouer 3 ou 6 trous aux débutants. 18, c’est trop galère en commençant. Il y a possibilité de s’organiser, les sociétés de gestion devraient y penser. Inventer un shot gun amical à un moment de la journée ou dans la semaine.

La course à l’index devrait être mieux préparée. Donner au joueurs envie de s’entraîner ne s’improvise pas. L’entraînement actuel n’est pas engageant, il n’insiste pas assez sur le jeu, la créativité, le challenge…Ces détails ne sont pas vendus ou trop chers…Des progrès sont possibles certains ont trouvé des solutions adaptées.

Les practices ne sont pas toujours accueillants. Quand ils le sont on y voit du monde. Jouer au practice peut être marrant. Cela prend moins de temps mais cela s’apprend. Les joueurs potentiels doivent être éduqués. Ils ont du mal à tenter, à créer, à trouver leur plaisir. Les y aider apporterait quelques succès aux professionnels du secteur.

Certains pays asiatiques mettent de la musique font de l’animation. C’est une solution mais à moduler avec le caractère français. Il faut désenclaver le classicisme, mais ne pas dénaturer le jeu. Une seule voie : innover, tester puis diffuser.

J’ai une forte expérience de joueur, entraîneur, dirigeant du golf (mais pas que), ce jeu pourrait s’ouvrir dès son enseignement. J’insiste sur le fait que si l’on prend soin de poser les bases chez le joueur débutant il sera patient. Il prendra les degrés de sa progression calmement. Mais il ne faut pas le leurrer, les gens veulent des résultats. Il faut les mettre devant leurs responsabilités.

S’ils ne s’entraînent pas ils ne pourront progresser. Pour gagner du temps c’est un autre sujet employé dans d’autres sports…Dans un autre page, je vais vous en parler.


Michel Prieu




"Golf entre deux mondes" Riviera del Sol (Andalousie):

Casser son index en deux en un an avec 5 jours de stage. Tous les outils pour réussir.

michel3c@gmail.com ou +33656891132

https://youtu.be/QK2Xx8tOuMs 

Hello,



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