73 - CUE 2018 - ANTEQUERA DIA 1 (28 avril 2018)




Chers amis,


Petit à petit le golf d’Espagne se découvre pour moi. Les premiers contacts ont été chaleureux pour me permettre d’observer la manière dont notre sport est abordé dans ce pays. Cela tombe bien, juste au moment où Jon Rahm vient d’écrire une page de plus à son palmarès Espagnol déjà si riche à l’Open d’Espagne et la victoire d’Alexandre Levy à l’Open du Maroc.

Deux manières d’évoluer pour entrer dans le concert mondial des meilleurs joueurs de la planète golf. J’ai déjà eu l’occasion de souligner que la « filière espagnole » m’intéresse parce qu’il me semble qu’il y a une continuité dans l’éducation entre l’adolescence et l’âge adulte. Que l'effort demandé aux jeunes joueurs est sous-tendu par une exigence de travail, de fierté, de courage que je sens moins pour les jeunes français.


POURQUOI CEU 2018 ?

Suivre le Campeonato Universitario de Espana 2018 à Antequera est donc une excellente occasion de me faire une idée sur le terrain directement. C’est d’autant plus intéressant que le golf d’Antequera accueillera l’an prochain le Championnat d’Europe Universitaire.

Vous savez que j’aime l’idée de suivre des études de haut niveau tout en étant un sportif de haut vol. J’ai personnellement réussi dans ce domaine et je regrette vivement que beaucoup trop de gens considèrent encore que le sport n’est pas une discipline du domaine culturel. Dans ce contexte le comportement des étudiants de UGPM (University Golf Program Malaga) m’intéressait tout particulièrement.



J’ai déjà fait savoir que ce programme existe auprès de la FFG et dans plusieurs clubs. Je continuerai de le faire plus activement suite à mes observations du déroulement du championnat qui débute.



PRESENTATION

L’ambiance du premier jour est toujours particulière quel que soit le championnat et ce premier matin n’a pas échappé à la règle. Tous les joueurs étaient sur le terrain au moment de notre arrivée. L’occasion de les voir dans un contexte identique…, en cherchant à suivre les meilleurs handicaps tout en découvrant le parcours.




Le champ des joueurs venus de toute l’Espagne est de très bon niveau chez les 54 garçons (HCP entre +2,2 et 5,6) et chez les 18 demoiselles (HCP entre 0,0 et 9,8).

Le meilleur joueur au départ est junior, +2,2 et ils sont 6 joueurs de hcp positif, 11 entre HCP 0 et 1. Bonne première impression pour regarder jouer au golf. Tous ces jeunes gens combinent leur talent et leurs études supérieures. Chacun aura compris que c’est du talent et beaucoup de travail. Quelques souffrances et beaucoup de courage.


Les joueuses et joueurs sont accueillis à l’Hôtel d’Antequera au pied de la colline de la ville aux églises et aux dolmens. Le golf club qui accueille le championnat est surprenant pour le visiteur. En regardant le site officiel on s’attend à un environnement moderne avec des lignes strictes mais pas du tout. L’ensemble Casa Club-Pro-Shop-Caddy Master a une touche presque rustique, très chaude et accueillante. Tout est proche pour le visiteur entre l’accueil, le practice et le tee 1. Rien à voir avec les golfs de la Costa del Sol.

Ambiance amicale au restaurant avec de multiples salles dont celle réservée aux étudiants. Restaurant recommandé, on y déjeune très bien.










LE PARCOURS ALLER

Domaine d’exception sur les hauteurs d’Antequera avec des vues panoramiques remarquables sur les trous comme sur les environs. De quoi enchanter le golfeur en visite mais aussi de concentrer un peu plus celui qui veut scorer.

José Maria Canizares a fait un composé assez remarquable entre longueur et précision, risque et danger. Il a utilisé le terrain entre sommets et canyons pour mettre les joueurs à l’épreuve de leur propre jeu. Certains départs plongent le joueur dans la perplexité et compliquent le choix du club. Pas question de scorer sans avoir reconnu le site. Si le vent se met de la partie la stratégie change et vous oblige à réfléchir pour poser la balle.

Les 5372 m pour les dames et les 6105m pour les garçons demandent un moment de réflexion avant chaque départ. José Maria à dessiné son parcours pour libérer les énergies puis tout d’un coup les retenir. Un dogleg va vous demander de prendre au large et un long par 5 laissera votre drive dans le sac. L’esprit du golf d’Espagne est dans le tracé entre dextérité, longueur et précision.


VUE D’ENSEMBLE SUR LE JEU

Un premier jour de tournoi est toujours délicat pour les joueuses et joueurs comme pour le spectateur. J’ai décidé d’attendre les joueurs au trou N°9 et suivre la partie des meilleurs handicaps des garçons sur quelques trous de l’aller.


Ce trou de fin d’aller permet toutes les stratégies, départ au drive pour les 296m départ en surplomb. Attaque plus modeste au fer 3 ou rescue et approche. Ensemble étroit hors limite à droite. Les jeunes gens doivent contrôler leurs émotions, exercice pas simple à moins de 25 ans, soit par tempérament, soit par méconnaissance.

Le spectacle fut donc au rendez-vous autant chez les filles que les garçons. Le parcours pour celles et ceux partis du Tee 10 avait laissé des traces. La fatigue du parcours et ses transitions avait fatigué les organismes. Certains ont laissé des points sur ce par 4 qui s’avère exigeant pour attaquer le drapeau du green posé en travers du fairway.

Ceux qui ne maîtrisent pas bien les approches se sont plantés dans  les lauriers roses. Certains ayant choisi de le jouer en un coup ont été punis. Aucun putt n’y est facile.

Après un bon moment d’observation, je suis parti à la recherche des plus bas handicaps sur les trous de l’aller. En admirant les départs du 18 et son green à nos pieds, le tee 1 vous demande déjà des choix pour vous engager sur le parcours et survoler el Madrono posé au milieu du fairway pour cacher le drapeau.

Le tee 2 est lui aussi sujet de réflexion pour ne pas arriver dans le ruisseau qui coule au bas de la pente. Mieux vaut être modeste sinon bois, eau et bunkers vous attendent à 300 m. Danger, risque ou précaution vous avez le choix de vos émotions. Déjà plusieurs joueurs se sont mis en difficulté montrant qu’il n’est jamais simple de vaincre le stress même si l’on a bien préparé sa compétition. Humilité et lucidité sont pour ce sport sources de sécurité mais avec l’émotion d’un tournoi attendu, il n’est pas aisé de respecter le plan de jeu que l’on s’est fixé. Le golf est une épreuve de vérité jamais écrite avant de l’avoir jouée. Plusieurs bons joueurs ont carrément déjoué.



A peine remis de vos émotions les Pins vous attendent pour poser la balle au meilleur endroit. Sans cela le green en terrasse au-dessus de l’eau ne vous fait aucun cadeau.

Passer le sommet du vallon pour plonger sur la cuvette des trous 4-5-6-7-8 de toute beauté. Environnement magnifique qui plonge vers la vallée. Ensemble de trous qui demandent attention tout en laissant libre court à la puissance de chaque joueur. Les pentes et la position des drapeaux laissant peu de choix stratégique si l’on veut scorer. Ceux qui n’ont pas reconnu avec la précision nécessaire sont en position inconfortable d’autant plus que si la descente est facile, la remontée est plus compliquée. Difficile de swinguer quand on est essoufflé.

Pas facile de rester sur le green 7 avec un beau back-spin qui vous envoie dans l’eau s’il est mal dosé. Image qui reste dans les mémoires avec Sergio Garcia à Augusta. Ici c’est un peu cela mais les joueurs à qui cela est arrivé n’ont pas insisté. Eclair de lucidité.

Le 8 paraît du départ à portée mais c’est le second coup qui est compliqué. Malgré les lunettes qui leur sont accordées et le droit de placer la balle sur le fairway, les joueurs doivent clairement estimer la position du drapeau. Poser la balle sur le green n’est pas aisé car le putt en travers n’est pas donné. Jouer presque à l’aveugle est toujours compliqué. De quoi mettre à l’épreuve sa dextérité et sa sensibilité.

Retour par le 9 largement observé, mais vu d’en haut le fairway est moins large qu’il n’y parait de l’arrivée. Le jeu pratiqué par mes trois joueurs sélectionnés pour ce premier jour n’a pas été parfait. Up and down comme diraient les anglais. Comme entraîneur je suis toujours exigeant sur le petit jeu mais par expérience je sais que pour eux c’est très compliqué de vouloir y consacrer tout le temps qu’il faudrait. J’y reviendrais car avec mes notes de ce seul jour pour tout le champ des joueuses et joueurs observés c’est dans ce secteur qu’est leur marge de progrès comme ils ne peuvent l’imaginer.

RESULTATS:

Une première journée de tournoi c’est toujours compliqué. Le stress vous prend bien avant l’échauffement, l’émotion du déplacement, cette sorte de dépaysement qui vous sort de votre confort. La fête des rencontres nouvelles d’un côté et aussi la perspective de l’affrontement aux autres certainement mais avant tout à soi-même. Le golf ne fait pas de cadeau, pas de rendez-vous galant, le jour J mieux vaut être présent.

Comme souvent en Championnat, lorsqu’une joueuse ou un joueur réalise son handicap sur le parcours qui l’accueille il est parmi les premiers au classement. Ce tournoi ne fait pas exception chez les dames comme chez les messieurs.

Le changement de parcours a fait des dégâts dans les rangs de plusieurs prétendants aux premières places du tournoi. Les écarts sont déjà importants entre le premier des garçons avec un remarquable 66 suivi de son compère de Madrid avec 69, le suivant de l’Université d’Almeria jouant au-dessus du par : 74.

Je ne connais pas suffisamment les joueurs pour savoir quels types de parcours ils ont l’habitude de jouer. Intéressant de remarquer sur ce premier jour que les joueurs de haut handicap se sont le mieux comportés. Certains améliorant un poil leur classement fédéral ou jouant dans la zone tampon. Vrai chez les filles comme chez les garçons.

Comme chaque fois dans un grand tournoi des scores inattendus pour de si bons joueurs annoncés sur le papier grâce à leurs résultats passés. Pas de jugement, juste s’interroger sur la manière dont ils se sont préparés ou leur capacité à résister à l’événement après avoir été sélectionnés pour représenter leur Université. Toute une éducation à revisiter pour mentalement être présent le jour où il est important de donner ce que l’on a de meilleur. La performance est une recherche compliquée de mieux en mieux connue mais pas toujours enseignée. Une lacune que j’aimerais combler avec les études que j’ai engagées à la NeuroBusiness School en France et l’Académie ZeroLimite au Canada.


Placer une vision de sa trajectoire future, poser un objectif, un plan d’action cela s’apprend de multiples façons. Le golf à mon avis est un excellent terrain d’expérimentation par son interactivité, sa rapidité de retour face aux exigences de la meilleure attitude mentale à montrer. Des leçons à concevoir pour maîtriser ses habiletés, ses défis, ses efforts, leur feedback et gérer ses échecs...

Un apprentissage aujourd’hui mieux modélisé qui pourrait être enseigné dès le secondaire pour donner aux jeunes gens la possibilité de mieux se diriger face à la vitesse du changement du monde environnant.

Fin de ce premier jour plein d’enseignements. Le plaisir de voir évoluer des jeunes gens qui paraissent insouciants mais beaucoup plus concernés qu’il y paraît dès que les résultats ne correspondent pas à ce qu’ils attendaient. Demain sera un autre jour, chacun fait pour le mieux avec les meilleures de ses possibilités du moment.








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