Chers amis,
Petit
à petit le golf d’Espagne se découvre pour moi. Les premiers contacts ont été
chaleureux pour me permettre d’observer la manière dont notre sport est abordé
dans ce pays. Cela tombe bien, juste au moment où Jon Rahm vient d’écrire une
page de plus à son palmarès Espagnol déjà si riche à l’Open d’Espagne et la
victoire d’Alexandre Levy à l’Open du Maroc.
Deux
manières d’évoluer pour entrer dans le concert mondial des meilleurs joueurs de
la planète golf. J’ai déjà eu l’occasion de souligner que la « filière
espagnole » m’intéresse parce qu’il me semble qu’il y a une continuité dans
l’éducation entre l’adolescence et l’âge adulte. Que l'effort demandé aux
jeunes joueurs est sous-tendu par une exigence de travail, de fierté, de courage que je
sens moins pour les jeunes français.
POURQUOI CEU 2018 ?
POURQUOI CEU 2018 ?
Suivre
le Campeonato Universitario de Espana 2018 à Antequera est donc une excellente
occasion de me faire une idée sur le terrain directement. C’est d’autant plus
intéressant que le golf d’Antequera accueillera l’an prochain le Championnat
d’Europe Universitaire.
Vous
savez que j’aime l’idée de suivre des études de haut niveau tout en étant un
sportif de haut vol. J’ai personnellement réussi dans ce domaine et je
regrette vivement que beaucoup trop de gens considèrent encore que le sport
n’est pas une discipline du domaine culturel. Dans ce contexte le comportement
des étudiants de UGPM (University Golf Program Malaga) m’intéressait tout
particulièrement.
J’ai
déjà fait savoir que ce programme existe auprès de la FFG et dans plusieurs
clubs. Je continuerai de le faire plus activement suite à mes observations du
déroulement du championnat qui débute.
PRESENTATION
L’ambiance
du premier jour est toujours particulière quel que soit le championnat et ce
premier matin n’a pas échappé à la règle. Tous les joueurs étaient sur le
terrain au moment de notre arrivée. L’occasion de les voir dans un contexte
identique…, en cherchant à suivre les meilleurs handicaps tout en découvrant le
parcours.
Le
champ des joueurs venus de toute l’Espagne est de très bon niveau chez les 54
garçons (HCP entre +2,2 et 5,6) et chez les 18 demoiselles (HCP entre 0,0
et 9,8).
Le
meilleur joueur au départ est junior, +2,2 et ils sont 6 joueurs de hcp positif, 11
entre HCP 0 et 1. Bonne première impression pour regarder jouer au golf. Tous
ces jeunes gens combinent leur talent et leurs études supérieures. Chacun aura
compris que c’est du talent et beaucoup de travail. Quelques souffrances et
beaucoup de courage.
Les
joueuses et joueurs sont accueillis à l’Hôtel d’Antequera au pied de la colline
de la ville aux églises et aux dolmens. Le golf club qui accueille le
championnat est surprenant pour le visiteur. En regardant le site officiel on
s’attend à un environnement moderne avec des lignes strictes mais pas du tout.
L’ensemble Casa Club-Pro-Shop-Caddy Master a une touche presque rustique, très
chaude et accueillante. Tout est proche pour le visiteur entre l’accueil, le
practice et le tee 1. Rien à voir avec les golfs de la Costa del Sol.
Ambiance
amicale au restaurant avec de multiples salles dont celle réservée aux
étudiants. Restaurant recommandé, on y déjeune très bien.
LE PARCOURS ALLER
Domaine
d’exception sur les hauteurs d’Antequera avec des vues panoramiques
remarquables sur les trous comme sur les environs. De quoi enchanter le golfeur
en visite mais aussi de concentrer un peu plus celui qui veut scorer.
José
Maria Canizares a fait un composé assez remarquable entre longueur et
précision, risque et danger. Il a utilisé le terrain entre sommets et canyons
pour mettre les joueurs à l’épreuve de leur propre jeu. Certains départs plongent le joueur dans la perplexité et compliquent le choix du club. Pas
question de scorer sans avoir reconnu le site. Si le vent se met de la partie
la stratégie change et vous oblige à réfléchir pour poser la balle.
Les
5372 m pour les dames et les 6105m pour les garçons demandent un moment de
réflexion avant chaque départ. José Maria à dessiné son parcours pour libérer
les énergies puis tout d’un coup les retenir. Un dogleg va vous demander de
prendre au large et un long par 5 laissera votre drive dans le sac. L’esprit du
golf d’Espagne est dans le tracé entre dextérité, longueur et précision.
VUE D’ENSEMBLE SUR LE JEU
Un
premier jour de tournoi est toujours délicat pour les joueuses et joueurs comme
pour le spectateur. J’ai décidé d’attendre les joueurs au trou N°9 et suivre la
partie des meilleurs handicaps des garçons sur quelques trous de l’aller.
Ce
trou de fin d’aller permet toutes les stratégies, départ au drive pour les 296m départ en surplomb. Attaque plus modeste au fer 3 ou rescue et approche.
Ensemble étroit hors limite à droite. Les jeunes gens doivent contrôler leurs
émotions, exercice pas simple à moins de 25 ans, soit par tempérament, soit par
méconnaissance.
Le
spectacle fut donc au rendez-vous autant chez les filles que les garçons. Le
parcours pour celles et ceux partis du Tee 10 avait laissé des traces. La
fatigue du parcours et ses transitions avait fatigué les organismes. Certains
ont laissé des points sur ce par 4 qui s’avère exigeant pour attaquer le
drapeau du green posé en travers du fairway.
Ceux
qui ne maîtrisent pas bien les approches se sont plantés dans les lauriers
roses. Certains ayant choisi de le jouer en un coup ont été punis. Aucun putt
n’y est facile.
Après
un bon moment d’observation, je suis parti à la recherche des plus bas
handicaps sur les trous de l’aller. En admirant les départs du 18 et son green à nos pieds, le tee 1 vous demande déjà des choix pour vous engager sur le
parcours et survoler el Madrono posé au milieu du fairway pour cacher le drapeau.
Le
tee 2 est lui aussi sujet de réflexion pour ne pas arriver dans le ruisseau qui
coule au bas de la pente. Mieux vaut être modeste sinon bois, eau et bunkers
vous attendent à 300 m. Danger, risque ou précaution vous avez le choix de vos
émotions. Déjà plusieurs joueurs se sont mis en difficulté montrant qu’il n’est
jamais simple de vaincre le stress même si l’on a bien préparé sa compétition.
Humilité et lucidité sont pour ce sport sources de sécurité mais avec l’émotion
d’un tournoi attendu, il n’est pas aisé de respecter le plan de jeu que l’on
s’est fixé. Le golf est une épreuve de vérité jamais écrite avant de l’avoir
jouée. Plusieurs bons joueurs ont carrément déjoué.
A
peine remis de vos émotions les Pins vous attendent pour poser la balle au
meilleur endroit. Sans cela le green en terrasse au-dessus de l’eau ne vous
fait aucun cadeau.
Passer
le sommet du vallon pour plonger sur la cuvette des trous 4-5-6-7-8 de toute
beauté. Environnement magnifique qui plonge vers la vallée. Ensemble de trous
qui demandent attention tout en laissant libre court à la puissance de chaque
joueur. Les pentes et la position des drapeaux laissant peu de choix
stratégique si l’on veut scorer. Ceux qui n’ont pas reconnu avec la précision
nécessaire sont en position inconfortable d’autant plus que si la descente est
facile, la remontée est plus compliquée. Difficile de swinguer quand on est
essoufflé.
Pas
facile de rester sur le green 7 avec un beau back-spin qui vous envoie dans l’eau
s’il est mal dosé. Image qui reste dans les mémoires avec Sergio Garcia à
Augusta. Ici c’est un peu cela mais les joueurs à qui cela est arrivé n’ont pas
insisté. Eclair de lucidité.
Le
8 paraît du départ à portée mais c’est le second coup qui est compliqué. Malgré
les lunettes qui leur sont accordées et le droit de placer la balle sur le
fairway, les joueurs doivent clairement estimer la position du drapeau. Poser
la balle sur le green n’est pas aisé car le putt en travers n’est pas donné. Jouer
presque à l’aveugle est toujours compliqué. De quoi mettre à l’épreuve sa
dextérité et sa sensibilité.
Retour
par le 9 largement observé, mais vu d’en haut le fairway est moins large qu’il
n’y parait de l’arrivée. Le jeu pratiqué par mes trois joueurs sélectionnés
pour ce premier jour n’a pas été parfait. Up and down comme diraient les
anglais. Comme entraîneur je suis toujours exigeant sur le petit jeu mais par
expérience je sais que pour eux c’est très compliqué de vouloir y consacrer
tout le temps qu’il faudrait. J’y reviendrais car avec mes notes de ce
seul jour pour tout le champ des joueuses et joueurs observés c’est dans ce secteur qu’est
leur marge de progrès comme ils ne peuvent l’imaginer.
RESULTATS:
Une
première journée de tournoi c’est toujours compliqué. Le stress vous prend bien
avant l’échauffement, l’émotion du déplacement, cette sorte de dépaysement qui
vous sort de votre confort. La fête des rencontres nouvelles d’un côté et aussi
la perspective de l’affrontement aux autres certainement mais avant tout à
soi-même. Le golf ne fait pas de cadeau, pas de rendez-vous galant, le jour J
mieux vaut être présent.
Comme
souvent en Championnat, lorsqu’une joueuse ou un joueur réalise son handicap
sur le parcours qui l’accueille il est parmi les premiers au classement. Ce
tournoi ne fait pas exception chez les dames comme chez les messieurs.
Le
changement de parcours a fait des dégâts dans les rangs de plusieurs
prétendants aux premières places du tournoi. Les écarts sont déjà importants
entre le premier des garçons avec un remarquable 66 suivi de son compère de
Madrid avec 69, le suivant de l’Université d’Almeria jouant au-dessus du par :
74.
Je
ne connais pas suffisamment les joueurs pour savoir quels types de parcours ils
ont l’habitude de jouer. Intéressant de remarquer sur ce premier jour que les
joueurs de haut handicap se sont le mieux comportés. Certains améliorant un
poil leur classement fédéral ou jouant dans la zone tampon. Vrai chez les
filles comme chez les garçons.
Comme
chaque fois dans un grand tournoi des scores inattendus pour de si bons joueurs
annoncés sur le papier grâce à leurs résultats passés. Pas de jugement, juste
s’interroger sur la manière dont ils se sont préparés ou leur capacité à
résister à l’événement après avoir été sélectionnés pour représenter leur
Université. Toute une éducation à revisiter pour mentalement être présent le
jour où il est important de donner ce que l’on a de meilleur. La performance
est une recherche compliquée de mieux en mieux connue mais pas toujours enseignée.
Une lacune que j’aimerais combler avec les études que j’ai engagées à la
NeuroBusiness School en France et l’Académie ZeroLimite au Canada.
Placer
une vision de sa trajectoire future, poser un objectif, un plan d’action cela
s’apprend de multiples façons. Le golf à mon avis est un excellent terrain
d’expérimentation par son interactivité, sa rapidité de retour face aux
exigences de la meilleure attitude mentale à montrer. Des leçons à concevoir pour
maîtriser ses habiletés, ses défis, ses efforts, leur feedback et gérer ses
échecs...
Un
apprentissage aujourd’hui mieux modélisé qui pourrait être enseigné dès le
secondaire pour donner aux jeunes gens la possibilité de mieux se diriger face
à la vitesse du changement du monde environnant.
Fin
de ce premier jour plein d’enseignements. Le plaisir de voir évoluer des jeunes
gens qui paraissent insouciants mais beaucoup plus concernés qu’il y paraît dès
que les résultats ne correspondent pas à ce qu’ils attendaient. Demain sera un
autre jour, chacun fait pour le mieux avec les meilleures de ses
possibilités du moment.
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