Bonjour à tous,
Comme je vous l’ai dit sur Facebook, « Golf entre deux
mondes » est installé autour du Golf de Miraflorès à quelques kilomètres
de Marbella. Je m’engage à vous aider à prendre du plaisir, et faire grandir
l’estime de soi en jouant au golf. Pour ceux qui veulent prendre un engagement fort
avec eux-mêmes, leur donner les clés pour « casser » leur index comme
jamais ils n’ont imaginé qu’ils pourraient le faire… Je détaillerai dans une
prochaine page.
Pour le moment, je veux réagir à un article du Journal
L’Equipe parce que j’ai de la peine. J’ai été choqué du discours d’Alex Levy il
y a quelques semaines et voilà que je relis pour la troisième fois celui de
Mike Lorenzo-Vera. Il n’y va pas par quatre chemins comme à son habitude :
« Le British Open m’a fait mal à la gueule… ». L’un et l’autre à l’approche de la Ryder Cup à Paris dans 10 mois
constatent qu’ils ne sont pas au niveau pour se qualifier sportivement.
Prises de consciences soudaines qui font suite aux polémiques
de l’an dernier avec François Illouz sur la capacité des golfeurs français à
gagner de grands tournois. Ces deux déclarations sont un aveu d’impuissance et
un constat d’échec quant à leurs rêves de joueurs professionnels (et d’enfants).
Ils ne se plaignent pas de leur niveau
de vie, ils se plaignent de leur niveau de jeu. Ils constatent en comparant
leur attitude face aux grands joueurs du monde. Pour les rejoindre, ils sont
face à un mur qui leur paraît difficile à franchir. Ils constatent qu’ils n’ont
pas les compétences nécessaires.
Au practice du dernier The Open, Mike s’est vu à la rue entre
Rory McIlroy et Dustin Johnson. Les uns jouent facile et lui rame pour jouer
dans la même cour. L’estime de soi en prend un sacré coup, le constat
déstabilisant. Le garçon ne manque pas de talent, capable de passer le cut dans
des conditions météo dantesques. Il constate lui-même qu’avec le gap de compétences
approprié il ne peut pas espérer les premiers rôles, il n’en a pas le jeu. Il
constate de visu qu’il s’est trompé et on l’a trompé…Dur pour le moral et son
expression est sans concession.
Problème technique de swing. Pas le swing assez solide pour mettre
la balle où il veut. Problème récurrent depuis des générations, pas de niveau d’expertise
suffisant de nos éducateurs. J’ai entendu un jour au Golf de La Forteresse
notre ami et conseil Michaël Wolseley (Ancien joueur du circuit Européen et
Directeur du Stade Français), parler de swing des joueurs professionnels
américains ou britanniques : « ils se construisent un swing
incassable ». Il est aux USA aujourd’hui et a refusé des avances de grands
joueurs, question de bruit autour d’eux. Il travaille dans son centre
d’entraînement 35 heures par semaine tout au long de l’année pour bâtir pour
ceux qui le veulent des swings incassables pour des joueurs de tous âges. J’y
ai passé un mois en 2014. Il n’a pas changé ses exigences techniques d’une
rigueur chirurgicale depuis qu’il m’a permis de descendre à un bon niveau
amateur (Index USA 2,5 à plus de 65 ans sous un soleil permanent).
Le constat de Mike est celui d’un échec, il comprend que
l’intensité qu’il aurait dû avoir dans sa formation de base n’est pas dans la
bonne direction. D’autant plus douloureux peut-être qu’il a travaillé avec son
frère Frank. Ce que j’ai pu constater depuis que 30 ans que je joue c’est que
le swing d’un amateur et celui d’un professionnel n’a rien à voir. Pour ce
dernier le niveau d’exigence entre puissance et précision est d’une extrême
rigueur. Il faut casser des barrières psychologiques chez le joueur au practice.
Il était élevé avec Nick Faldo et il est devenu encore plus grand avec les
nouvelles générations de joueurs, voir le travail fait dernièrement entre Butch
Harmon et Dustin Johnson. Le swing de golf du joueur professionnel est autant
une construction en osmose du corps et de l’esprit du joueur. Elle tient de
l’art du sculpteur ou d’artiste peintre. Une expression de l’âme pour être
encore plus clair. Il est bâti et programmé pour un projet conscient ou
inconscient…
Je viens en Andalousie depuis 1990, j’ai vu les joueurs
andalous dans leur championnat, se tirer la bourre mais aussi partager. Severiano
Ballesteros a été un aiguillon pour JM Olazabal. L’atypique Miguel-Angel
Jimenez continue la lignée et partage avec les jeunes joueurs espagnols et les
coaches influents du pays. Avec ces trois joueurs et les coaches qui les ont
découverts, les références sont en place. Il y a une filiation des joueurs
espagnols. L’éclosion d’un Jon Rahm est significative. Formé en Espagne et
affiné aux dures réalités de la vie américaine. Le niveau d’exigence y est
d’une rare dureté. Nous pourrions faire une les mêmes remarques pour la Suède…
Notre choix de vie français n’est pas de l’ordre de celui des
Espagnols. On adule les talents au lieu de les inviter à s’engager dans ce
qu’ils aiment à fond et au plus haut. Nous avons quelques extra-terrestres nés
de leur différence mais dans d’autres disciplines. Remarqués par des étrangers
Noah par Arthur Ashe. Maintenant qui imagine la dureté du travail de Teddy
Riner ? Avec des références comme David Douillet ou même les divers
champions de judo dans les autres catégories. Il est aidé depuis l’âge de 14
ans par la même coach de préparation mentale, Meryem Salmi. Du vrai
professionnalisme.
Mike Lorenzo-Vera travaille avec cette même coach, depuis
moins longtemps certes mais cela fait tout de même apparaître clairement les
carences techniques : « je ne sais pas où va sortir ma balle sur le
drive ». La prise de conscience de Mike n’est pas fortuite, pas plus que
celle d’Alex Levy avec Pete Cowen : pour progresser il faut identifier les
lacunes !
Pour les jeunes talents nous n’avons pas un niveau de formation
suffisamment professionnel malgré les progrès qui ont été faits. Nous ne
mesurons pas exactement ce qu’est le niveau du talent. A partir du moment où un
talent est détecté nous le mettons sous cloche en réserve : protégé. Ce n’est
pas de mon point de vue la bonne méthode. Je ne suis pas un tortionnaire pour
faire du champion à tout crin. Je dis que pour les enfants de génie avec ce que
l’on sait aujourd’hui des neurosciences et de la médecine nous serions capables
de mettre un plan de développement en place pour permettre à un enfant d’éclore
dans sa passion. Le sport est aussi un domaine politique. Je dis qu’avec les
précautions nécessaires un champion peut-être formé aujourd’hui en respectant
sa passion (fil motivationnel indispensable) et en respectant son être
(âme) : niveau culturel et social pour lui préparer un avenir servant à la
foi son développement personnel et celui du reste du pays.
Nous avons sectorisé le jeu en technique, physique,
psychologie, gestion des émotions et le niveau culturel des joueurs et joueuses
jeunes…Tous dans le même bain, pas idéal pour accompagner les gamins et surtout
franchir cette barrière psychologique difficile de 17-20 ans. Dans cette
période il y a des pertes en ligne dans tous les secteurs sportifs, individuels
et collectifs. Manque de repères au niveau de l’exigence professionnelle.
Maturité d’apprentissage qui manque aujourd’hui aussi au plan des métiers soit
dit en passant.
Notre pays a une relation peu mature avec le succès :
prompt à monter au pinacle et à descendre en flamme les talents . Alors qu’il y
a besoin pour un jeune athlète d’entourage professionnel complet très tôt. Cela
passe par des objectifs précis sur des étapes avec des résultats, encourager et
bousculer justement, avec empathie mais fermement. L’éducation scolaire doit
avoir une juste place pour équilibrer les difficultés des jeunes joueurs pour
servir de dérivatif et prévenir de l’avenir.
Important d’accompagner mentalement les jeunes esprits pour
développer leurs connaissances d’eux-mêmes. Pas si évident d’être différent
(voir le cas Victor Dubuisson) pour un gamin pétri de talent. Estimer la dose
de travail en fonction de l’état d’esprit de chaque athlète, les aspects
qualitatifs face à sa vérité psychologique un monitoring très spécial.
Pour être un joueur complet très tôt, il y a une assistance à
assurer, parentale et fédérale pour créer une identité véritable. La dureté de
la vie professionnelle du circuit demande une organisation précise qui peut
s’anticiper, se préparer. Passer un cut à chaque tournoi n’est pas évident
demande une organisation mentale tout à fait minutieuse, une confiance en soi
qui se bâti. La connaissance du cerveau est aujourd’hui suffisante pour
préparer. L’engagement du gamin est total dans son jeu, c’est sa profession
mais surtout sa passion. C’est dévorant, il a besoin d’être assisté
techniquement mais aussi mentalement. Certains parents savent le faire mais pas
tous. Les Anglo-saxons avec leur pragmatisme savent faire cela avec plus de
facilité que nous. Les cellules qui savent fonctionner ainsi sont l’œuvre
d’exception. Ce n’est pas une question d’argent, c’est une question de projet.
Le projet bien monté trouvera l’argent, c’est une loi universelle.
Le haut niveau n’est pas compris de la FFG parce que la
plupart des élus sont des gens de bonne volonté mais des joueurs moyens. Il
suffit de se promener pour constater que les parcours sont encombrés de nombre
de pratiquants de faible niveau dans tous les pays. Quand vous annoncez un
Index à un chiffre les gens ne veulent pas jouer avec vous, pour ne pas vous gêner.
J’ai eu cela en Ecosse, Australie et même Californie. Foutaise, le golf ce
n’est pas cela : c’est le parcours et moi, mais une clé sociale, une vraie
rencontre avec les autres joueurs.
Sur la plupart des parcours aujourd’hui c’est la carte de
crédit qui est nécessaire pas le niveau de jeu. Pourquoi 75% des joueurs
arrêtent-ils au bout de 2 ans ? Pourquoi passe-t-on 5 heures et plus dans
certaines compétitions ? Qui se pose la question ? Il y a bien deux
manières de jouer au golf, le loisir et le sportif. Notre tendance est loisir
en France et nous ne sommes pas près d’avoir de grands représentants. La Ryder
Cup sera un éclairage momentané mais n’apportera pas de prise de conscience sportive
suffisante pour créer des vocations nouvelles.
La réflexion des deux meilleurs joueurs de l’année va
peut-être faire bouger les lignes. En tout cas je l’espère, je souhaite surtout
que les meilleurs joueurs fassent l’effort de devenir ensuite des coaches de
bon niveau. Personne en France n’est ne mesure d’enseigner avec ses tripes dans
ce domaine. Voyons comment s’en sortira Thomas Levet…le premier à se mouiller à
ce niveau. Il a des lueurs de haut niveau, mais il doit encore monter la barre
pour faire agir les autres jeunes joueurs. Nous n’aimons pas la douleur, or
être champion est un long chemin de souffrance et de sacrifice…
Bon golf à tous mais « osez changer ! », vous
verrez comme c’est bon de mettre la balle où on le souhaite. Jouer 18 ne pose
aucun problème, jouez dans et avec votre tête, c’est bien plus simple.
Michel
Prieu
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