*Dans tout ce
propos, le mot joueur comprend joueuse !
La
victoire de Sergio Garcia au Masters est une aubaine pour lui-même et tous les
golfeurs qui aiment ce jeu. Sa victoire à Dubaï en début d’année avait attiré
mon attention mais je ne savais pas dire pourquoi. Son attitude m’intriguait je ne le reconnaissais pas.
Vous
le savez ce jeu est formidable quand vous l’aimez. Je ne sais pas
vous, mais il me donne plein d’idées. Sergio on le connaît depuis si
longtemps que son comportement sur le parcours donnait un reflet de sa
température intérieure. Lors de ce tournoi de début de saison en plein désert, il montrait de lui une autre facette. Sa façon de marcher, de préparer ses coups, sa
manière de conduire son succès, El Nino ne flambait plus.
Je
peux témoigner que toute l’Espagne est ravie de sa victoire à Augusta. En
suivant son parcours du jeudi en Géorgie, son attitude m’a sauté aux
yeux : El Nino était habité d’une autre façon de jouer. Plus équilibré
dans sa démarche et dans son jeu. Au fil des jours cela s’est confirmé. Lors
d’une victoire tout compte et savoir que ce dimanche était le jour anniversaire
de Seve Ballesteros, je sentais samedi que rien ne l’empêcherait de gagner (je l'ai dit a mes amis).
Ne
soyez pas surpris que je vous dise cela, si je suis un technicien hors pair
dans les disciplines professionnelles que j’ai exercé, de la forge à
l’électronique et l’informatique, je ne fais rien d’important sans consulter
les astres. C’est mon côté jardinier. Même en ville, j’ai toujours un pied dans la nature. Je
pense que cette pensée pour celui qui l’a accompagné dès ses premiers pas de
jeune champion n’est pas neutre dans son succès.
C’est
assez réconfortant d’avoir suivi le Masters sur une chaîne espagnole, pour
écouter le torrent d’éloge de ses collègues champions de golf. Sa victoire
rejaillit sur tout le golf espagnol. Au practice le lendemain, tous les pros
étaient enjoués, les messages de félicitations leur étaient distribués comme du
pain béni. Les golfeurs professionnels espagnols sont une confrérie.
C’est
au milieu de cette ambiance que j’ai fait mes remerciements à Sergio dans la page précédente. Je
vous y avais promis un prolongement en pensant à vous. C’est vrai vous êtes
loin mais je ne vous ai pas abandonné. Le golf est une de mes passions et
chaque partie me donne une leçon de vie. Je souhaite à chacun d’être passionné
par quelque chose dans sa vie.
Le
golf m’a permis de comprendre qui j’étais, comment je fonctionnais. Je voulais
bien jouer. Je n’aime pas faire les choses à moitié non pas pour flamber auprès
des autres mais pour moi-même. Je sais depuis longtemps quelles sont mes
capacités. Mais chaque fois dans une partie, quelque chose m’empêchait d’être
satisfait.
Si
vous suivez ce blog vous savez que par deux fois j’ai tutoyé mon ange gardien.
Une fois parce que les copains comptaient sur moi en Championnat et une autre
fois à Marrakech un jour de juillet lors de la rencontre fortuite d’un
joueur sympa. Un jour où vous faites ce que vous voulez de vos clubs, vous êtes
en phase avec vos pensées. En fait de pensée il n’y en a pas : simplement
vous jouez. Un moment privilégié où idée et action sont à l’unisson. J’étais
entier dans mon jeu et en même temps je me regardais jouer.
L’autre
de mes passions c’est la lecture, surtout celle des grands hommes de ceux qui
sont différents, poètes, savants ou sportifs. A leur contact j’ai appris que
« impossible n’est pas français » ou encore « aimez-vous les uns
les autres ». Ce sont des paroles qui m’ont remué les sangs, j'écoute comme un enfant. Devenu plus âgé, un jour autre
chose m’a sauté à la figure : « je hais le terme formation ».
Mon sang n’a fait qu’un tour, qu’un homme que j’admire écrive cela me fait
réfléchir sur moi. Quand je suis tracassé, j’expérimente et quand j’ai trouvé,
je transmets à ceux que j’aime.
Cet
ainsi que j’ai compris avec le temps qu’une formation bien menée empêche
ensuite de se déformer. Une formation vous conforme et si vous êtes conformiste
vous n’êtes plus libre de penser ce que vous voulez. Et le golf que vous
connaissez vous empêche de progresser parce que l’on vous a dit que le swing
que vous avez ne vous permet pas de prendre du plaisir à jouer.
Je
conteste vivement cela. Il vous faut un swing, mais le vôtre pas celui du
voisin ou de la volonté de votre professeur préféré. Le jour où vous avez trouvé votre swing, vous ne pouvez le perdre. Par contre vous pouvez vouloir l’améliorer, le
rectifier, le peaufiner selon le but que vous vous fixez. C'est votre libre arbitre, vous serez ce que vous voulez être. Alors vous ferez
les efforts nécessaires pour corriger ce que vous souhaitez. Apprendre le swing
n’est pas confortable, cela nous remet fortement en cause.
Notre
moral en prend un coup tellement nous sommes gauches. On regarde des gens jouer
sur un terrain ou à la télé et nous on se sent dépassés. Assez vite on se prend
pour des ratés pour le moins frustrés. C’est à ce moment que vous devez réfléchir à ce que vous
voulez. Avoir un bon swing ou prendre du plaisir à jouer ? Avoir du
plaisir et progresser ?
Je
vous ai dit dans une autre page et peut-être à l’entraînement que le petit jeu
était le secteur le plus important du golf. Ce n’est pas pour rien qu’un petit malin un
jour a inventé le mini-golf pour faire jouer les enfants avec leurs parents.
D’ailleurs on devrait en imaginer un pour mettre à l’entrée de chaque golf.
Pour faire comprendre que le golf n’est pas réservé aux bourgeois. On pense
parce que nous y sommes dedans que le golf s’est démocratisé, pas du tout. Bien
des gens pensent que c’est un sport réservé ou que ce n’est même pas un sport,
voyez où l’on en est!
Le
petit jeu, beaucoup de gens ne l’aiment pas parce qu’il leur parle d’eux et
qu’ils ne s’aiment pas. Méfiez-vous de moi, je vous aime et ne vous rate pas.
Au petit jeu, disons pour fixer les idées 30 m du drapeau, c’est le domaine de
la vérité du jeu : le putting et le chiping. La formation dans ces deux
techniques va du plus simple au plus compliqué que vous soyez débutant ou parmi
les cent premiers mondiaux.
La
technique vous la connaissez. Si vous voulez la réviser vous avez les vidéos de la
FFG, ou encore celles présentées sur YouTube, tous les champions y sont filles
et garçons. Ecoutez, regardez et ..., expérimentez. Exercez vous et vous saurez!
Cette
zone est pour moi surface de vérité pour jouer et apprendre à se connaître.
Dans cet endroit, vous êtes seul avec vous-même. L’exercice, l'action est la
meilleure façon de vous approprier le jeu et comprendre comment vous
fonctionnez. Si vous êtes attentif à vous-même, c’est à cette distance du drapeau que vous
allez repérer des défauts que vous pourrez demander à corriger à votre pro
préféré. Une fois dans les 30 mètres vous devez penser à être en 2 coups dans
le trou; pas d’effort, pas de technique de surdoué, juste celle qu'il vous a
enseignée. Il ne l'a pas encore fait? exigez.
Ne
dites pas que c’est impossible, vous avez réussi dans votre vie des choses plus
difficiles. Faites appel à votre mémoire. Je sais elle est faite de plein de
choses désagréables mais il y a bien un domaine dont vous êtes fier. Si vous
avez décidé de jouer au golf vous ne pouvez pas être tout à fait mauvais.
Ah !
vous avez peur. Peur de quoi ? Peur de qui ? Peur de vous-même ?
C’est ça le problème. Nous avons peur trop souvent en jouant au golf et dans
notre vie, toute l'éducation est à refaire.
Et
me voilà revenu à notre « formation ». Nos parents, nos maîtres et
professeurs nous ont inculqué des tas d’interdits auxquels on a cru et qui sont
imprimés très profondément dans notre mémoire. Ils nous ont proposé des idéaux
qui ont fait le contraire de ce qu’ils voulaient, surtout s’ils vous aimaient.
Peut-être que dans vos propres intentions cela ne vous convenait pas mais l’idée
était ainsi posée. Le respect des c'est sacré mais.... Petit à petit vous avez perdu confiance en vous, votre
estime de soi est tombée au plus bas. Ne me dites pas le contraire je le vois
quand vous jouez avec moi.
Mon
propos est simplement de vous rendre à vous-mêmes. La première chose à vous
dire pour progresser au golf : ne vous mentez pas, occupez de vous et de
personne d’autre.
Ce
qui est magnifique au golf c’est son interactivité. Vous décidez de mettre la
balle à un endroit et vous tentez. Immédiatement vous avez le résultat de votre
action. Dans le même instant vous sentez votre réaction : satisfait ou
dépité.
C’est
alors que nous devons faire attention. Si nous avons peur d'agir, c’est pour toutes les
raisons qui font notre vie, mais le golf peut nous aider à apprendre à ne plus
avoir peur.
Il
semble que notre mémoire soit faite de telle sorte que ce qui vient en premier
c’est tout ce que l’on a raté. Notre mémoire des situations négatives est sur
le dessus du panier, quand on veut agir ce sont elles qui sortent en premier.
Aussi nous avons peur chaque fois que l’on veut faire quelque chose d’inconnu,
parce que notre ego est bâti comme cela.
Une
pensée se constitue de la mémoire et du temps. Nous avons envie de faire
quelque chose et dans l’intervalle entre l’étincelle de l’idée et le début de
l’action dans l’intervalle notre mémoire se mêle de l’affaire, soit elle
anticipe le succès, soit elle prévoit l’échec. Pas moyen d’être tranquille dans
le temps présent plus poétiquement "ici et maintenant".
Intérieurement
nous sommes toujours en conflit. Tenter, agir c’est prendre un risque, aller
vers l’inconnu. Inconnu = peur avec notre formation.
Comment peut-on avoir peur
de ce que l’on ne connaît pas ? Toute la question est là. Agir c’est
entrer dans l’incertitude. Ce serait bien d’y aller les yeux ouverts, « en
confiance ». Le golf vous permet d’expérimenter cet état de fait.
Avec
votre club en main vous avez l’impression que vous répétez mille fois le même
geste, mais pas du tout : chaque mouvement est un mouvement nouveau. Tout
a changé, l’instant, (le temps a passé), un peu de vent s’est peut-être levé,
l’herbe a poussé, vous avez faim ou soif… En répétant ces gestes d’approche ou
de putting au calme, seul avec vous-même vous apprenez de vous. Ces petits
exercices que vous prenez plaisir à recommencer pour les affiner confine à la
méditation, à la plus belle conquête : la vôtre.
En
apprivoisant la peur vous vous apprivoisez vous-même. Vous allez chercher au
fond de vous les qualités qui font ce que vous êtes. Si vous jouez comme vous
êtes, pas étonnant que vous preniez du plaisir à jouer au golf.
Réfléchissez
à cela, calmement.
Vous vous demandez comment
y arriver ? Ce n’est pas compliqué le plus important c’est que vous
compreniez que c’est le cœur de votre réussite.
A
suivre….
Michel Prieu
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