51 - Au cœur de la réussite (14 avril 2017)

*Dans tout ce propos, le mot joueur comprend joueuse !

La victoire de Sergio Garcia au Masters est une aubaine pour lui-même et tous les golfeurs qui aiment ce jeu. Sa victoire à Dubaï en début d’année avait attiré mon attention mais je ne savais pas dire pourquoi. Son attitude m’intriguait je ne le reconnaissais pas.

Vous le savez ce jeu est formidable quand vous l’aimez. Je ne sais pas vous, mais il me donne plein d’idées. Sergio on le connaît depuis si longtemps que son comportement sur le parcours donnait un reflet de sa température intérieure. Lors de ce tournoi de début de saison en plein désert, il montrait de lui une autre facette. Sa façon de marcher, de préparer ses coups, sa manière de conduire son succès, El Nino ne flambait plus.

Je peux témoigner que toute l’Espagne est ravie de sa victoire à Augusta. En suivant son parcours du jeudi en Géorgie, son attitude m’a sauté aux yeux : El Nino était habité d’une autre façon de jouer. Plus équilibré dans sa démarche et dans son jeu. Au fil des jours cela s’est confirmé. Lors d’une victoire tout compte et savoir que ce dimanche était le jour anniversaire de Seve Ballesteros, je sentais samedi que rien ne l’empêcherait de gagner (je l'ai dit a mes amis).

Ne soyez pas surpris que je vous dise cela, si je suis un technicien hors pair dans les disciplines professionnelles que j’ai exercé, de la forge à l’électronique et l’informatique, je ne fais rien d’important sans consulter les astres. C’est mon côté jardinier. Même en ville, j’ai toujours un pied dans la nature. Je pense que cette pensée pour celui qui l’a accompagné dès ses premiers pas de jeune champion n’est pas neutre dans son succès.

C’est assez réconfortant d’avoir suivi le Masters sur une chaîne espagnole, pour écouter le torrent d’éloge de ses collègues champions de golf. Sa victoire rejaillit sur tout le golf espagnol. Au practice le lendemain, tous les pros étaient enjoués, les messages de félicitations leur étaient distribués comme du pain béni. Les golfeurs professionnels espagnols sont une confrérie.

C’est au milieu de cette ambiance que j’ai fait mes remerciements à Sergio dans la page précédente. Je vous y avais promis un prolongement en pensant à vous. C’est vrai vous êtes loin mais je ne vous ai pas abandonné. Le golf est une de mes passions et chaque partie me donne une leçon de vie. Je souhaite à chacun d’être passionné par quelque chose dans sa vie.

Le golf m’a permis de comprendre qui j’étais, comment je fonctionnais. Je voulais bien jouer. Je n’aime pas faire les choses à moitié non pas pour flamber auprès des autres mais pour moi-même. Je sais depuis longtemps quelles sont mes capacités. Mais chaque fois dans une partie, quelque chose m’empêchait d’être satisfait.

Si vous suivez ce blog vous savez que par deux fois j’ai tutoyé mon ange gardien. Une fois parce que les copains comptaient sur moi en Championnat et une autre fois à Marrakech un jour de juillet lors de la rencontre fortuite d’un joueur sympa. Un jour où vous faites ce que vous voulez de vos clubs, vous êtes en phase avec vos pensées. En fait de pensée il n’y en a pas : simplement vous jouez. Un moment privilégié où idée et action sont à l’unisson. J’étais entier dans mon jeu et en même temps je me regardais jouer.

L’autre de mes passions c’est la lecture, surtout celle des grands hommes de ceux qui sont différents, poètes, savants ou sportifs. A leur contact j’ai appris que « impossible n’est pas français » ou encore « aimez-vous les uns les autres ». Ce sont des paroles qui m’ont remué les sangs, j'écoute comme un enfant. Devenu plus âgé, un jour autre chose m’a sauté à la figure : « je hais le terme formation ». Mon sang n’a fait qu’un tour, qu’un homme que j’admire écrive cela me fait réfléchir sur moi. Quand je suis tracassé, j’expérimente et quand j’ai trouvé, je transmets à ceux que j’aime.

Cet ainsi que j’ai compris avec le temps qu’une formation bien menée empêche ensuite de se déformer. Une formation vous conforme et si vous êtes conformiste vous n’êtes plus libre de penser ce que vous voulez. Et le golf que vous connaissez vous empêche de progresser parce que l’on vous a dit que le swing que vous avez ne vous permet pas de prendre du plaisir à jouer.

Je conteste vivement cela. Il vous faut un swing, mais le vôtre pas celui du voisin ou de la volonté de votre professeur préféré. Le jour où vous avez trouvé votre swing, vous ne pouvez le perdre. Par contre vous pouvez vouloir l’améliorer, le rectifier, le peaufiner selon le but que vous vous fixez. C'est votre libre arbitre, vous serez ce que vous voulez être. Alors vous ferez les efforts nécessaires pour corriger ce que vous souhaitez. Apprendre le swing n’est pas confortable, cela nous remet fortement en cause.

Notre moral en prend un coup tellement nous sommes gauches. On regarde des gens jouer sur un terrain ou à la télé et nous on se sent dépassés. Assez vite on se prend pour des ratés pour le moins frustrés. C’est à ce moment que vous devez réfléchir à ce que vous voulez. Avoir un bon swing ou prendre du plaisir à jouer ? Avoir du plaisir et progresser ?

Je vous ai dit dans une autre page et peut-être à l’entraînement que le petit jeu était le secteur le plus important du golf. Ce n’est pas pour rien qu’un petit malin un jour a inventé le mini-golf pour faire jouer les enfants avec leurs parents. D’ailleurs on devrait en imaginer un pour mettre à l’entrée de chaque golf. Pour faire comprendre que le golf n’est pas réservé aux bourgeois. On pense parce que nous y sommes dedans que le golf s’est démocratisé, pas du tout. Bien des gens pensent que c’est un sport réservé ou que ce n’est même pas un sport, voyez où l’on en est!

Le petit jeu, beaucoup de gens ne l’aiment pas parce qu’il leur parle d’eux et qu’ils ne s’aiment pas. Méfiez-vous de moi, je vous aime et ne vous rate pas. Au petit jeu, disons pour fixer les idées 30 m du drapeau, c’est le domaine de la vérité du jeu : le putting et le chiping. La formation dans ces deux techniques va du plus simple au plus compliqué que vous soyez débutant ou parmi les cent premiers mondiaux.

La technique vous la connaissez. Si vous voulez la réviser vous avez les vidéos de la FFG, ou encore celles présentées sur YouTube, tous les champions y sont filles et garçons. Ecoutez, regardez et ..., expérimentez. Exercez vous et vous saurez!

Cette zone est pour moi surface de vérité pour jouer et apprendre à se connaître. Dans cet endroit, vous êtes seul avec vous-même. L’exercice, l'action est la meilleure façon de vous approprier le jeu et comprendre comment vous fonctionnez. Si vous êtes attentif à vous-même, c’est à cette distance du drapeau que vous allez repérer des défauts que vous pourrez demander à corriger à votre pro préféré. Une fois dans les 30 mètres vous devez penser à être en 2 coups dans le trou; pas d’effort, pas de technique de surdoué, juste celle qu'il vous a enseignée. Il ne l'a pas encore fait? exigez.

Ne dites pas que c’est impossible, vous avez réussi dans votre vie des choses plus difficiles. Faites appel à votre mémoire. Je sais elle est faite de plein de choses désagréables mais il y a bien un domaine dont vous êtes fier. Si vous avez décidé de jouer au golf vous ne pouvez pas être tout à fait mauvais.

Ah ! vous avez peur. Peur de quoi ? Peur de qui ? Peur de vous-même ? C’est ça le problème. Nous avons peur trop souvent en jouant au golf et dans notre vie, toute l'éducation est à refaire.

Et me voilà revenu à notre « formation ». Nos parents, nos maîtres et professeurs nous ont inculqué des tas d’interdits auxquels on a cru et qui sont imprimés très profondément dans notre mémoire. Ils nous ont proposé des idéaux qui ont fait le contraire de ce qu’ils voulaient, surtout s’ils vous aimaient. Peut-être que dans vos propres intentions cela ne vous convenait pas mais l’idée était ainsi posée. Le respect des  c'est sacré mais.... Petit à petit vous avez perdu confiance en vous, votre estime de soi est tombée au plus bas. Ne me dites pas le contraire je le vois quand vous jouez avec moi.

Mon propos est simplement de vous rendre à vous-mêmes. La première chose à vous dire pour progresser au golf : ne vous mentez pas, occupez de vous et de personne d’autre.

Ce qui est magnifique au golf c’est son interactivité. Vous décidez de mettre la balle à un endroit et vous tentez. Immédiatement vous avez le résultat de votre action. Dans le même instant vous sentez votre réaction : satisfait ou dépité.

C’est alors que nous devons faire attention. Si nous avons peur d'agir, c’est pour toutes les raisons qui font notre vie, mais le golf peut nous aider à apprendre à ne plus avoir peur.

Il semble que notre mémoire soit faite de telle sorte que ce qui vient en premier c’est tout ce que l’on a raté. Notre mémoire des situations négatives est sur le dessus du panier, quand on veut agir ce sont elles qui sortent en premier. Aussi nous avons peur chaque fois que l’on veut faire quelque chose d’inconnu, parce que notre ego est bâti comme cela.

Une pensée se constitue de la mémoire et du temps. Nous avons envie de faire quelque chose et dans l’intervalle entre l’étincelle de l’idée et le début de l’action dans l’intervalle notre mémoire se mêle de l’affaire, soit elle anticipe le succès, soit elle prévoit l’échec. Pas moyen d’être tranquille dans le temps présent plus poétiquement "ici et maintenant".

Intérieurement nous sommes toujours en conflit. Tenter, agir c’est prendre un risque, aller vers l’inconnu. Inconnu = peur avec notre formation.

Comment peut-on avoir peur de ce que l’on ne connaît pas ? Toute la question est là. Agir c’est entrer dans l’incertitude. Ce serait bien d’y aller les yeux ouverts, « en confiance ». Le golf vous permet d’expérimenter cet état de fait.

Avec votre club en main vous avez l’impression que vous répétez mille fois le même geste, mais pas du tout : chaque mouvement est un mouvement nouveau. Tout a changé, l’instant, (le temps a passé), un peu de vent s’est peut-être levé, l’herbe a poussé, vous avez faim ou soif… En répétant ces gestes d’approche ou de putting au calme, seul avec vous-même vous apprenez de vous. Ces petits exercices que vous prenez plaisir à recommencer pour les affiner confine à la méditation, à la plus belle conquête : la vôtre.
En apprivoisant la peur vous vous apprivoisez vous-même. Vous allez chercher au fond de vous les qualités qui font ce que vous êtes. Si vous jouez comme vous êtes, pas étonnant que vous preniez du plaisir à jouer au golf.

Réfléchissez à cela, calmement. 

Vous vous demandez comment y arriver ? Ce n’est pas compliqué le plus important c’est que vous compreniez que c’est le cœur de votre réussite.

A suivre….



Michel Prieu

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