Bonjour à tous,
Comme promis, je rebondis sur les propos des grands joueurs du
circuit européen Alex Levy et Mike Lorenzo-Vera. Leur prise de conscience est
pour ma perception de ce jeu une excellente nouvelle pour eux. J’en suis
sincèrement enchanté, après avoir constaté ils vont pouvoir travailler pour
préparer la saison prochaine.
Evidemment, ils constatent qu’ils ont du retard par rapport
aux autres compétiteurs. Ils n’y peuvent rien, notre culture française est
ainsi, judéo-chrétienne jusqu’au bout des ongles et pour le golf confortable, sans vraie exigence.
J’espère simplement que ceux qui les entourent leur donneront des
solutions pour gagner du temps et rattraper les autres joueurs du circuit mondial, après tout Jack
Nicklaus a encore gagné après 40 ans…
Depuis le début de ce blog, j’ai essayé d’attirer l'attention sur le fait que chaque joueur est totalement responsable du jeu qu’il
produit. Une lapalissade mais j'insiste, car il s’agit de produire un jeu de très haut niveau pour espérer
gagner aujourd’hui dans toutes les compétitions du circuit. Le monde avance et
n'attend pas les retardataires. Je dis depuis longtemps dans ces pages que ce n’est pas que
nos meilleurs représentants ne travaillent pas, ils travaillent dans le chaos des idées de
notre société. Pour devenir champion de très haut niveau, il faut une identité,
une légitimité et un travail adapté en référence au jeu des sommets. Demandez à Teddy Riner, il sait ce que c’est.
J’admire ce qu’il fait et surtout qui il est. On pourrait
résumer : enfant à Paris, il a subi comme tous l’éducation parentale et celle
de l’enseignement de l’école de la République. Premières secousses mais en
plus, il est culturellement déraciné. La métropole c'est compliqué quand la Guadeloupe est chevillée au
corps.
Formé à 13 ans au judo, il a donc accumulé un grand nombre
d’émotions judéo-chrétiennes de notre société sans jamais oublier d’où il venait.
Je veux dire par là que malgré ses succès dans les catégories jeunes, il a
entendu plus de remontrances que de compliments. Noir enfin, ce qui, quoi que l’on en dise, n’aide pas pour évoluer dans le
plus grand confort dans nos villes.
Depuis l'origine de ce sport, au judo les sélections sont de très haut niveau,
les références sont permanentes. Les champions toutes catégories en randori du
matin au soir, des poids légers aux poids lourds. David Douillet est tout près pour
le lui rappeler.
Particularité, très fort dès les cadets il est assisté d’une
coach pour lui permettre d’exprimer le potentiel qui est le sien. La dame n’a
pas dû l’épargner. Travailleur impénitent, il a appris de toutes ses défaites,
ne jamais perdre de la même façon semble chez lui être une seconde peau.
Entre son club et l’INSEP, tiraillé sans arrêt. Il a appris
dans la difficulté malgré toutes ses qualités. Il sait ce qu’est une vision de carrière et un
objectif.
Parcours exceptionnel dont il est unique auteur, il ne s’est
jamais laissé griser par les bruits que l’on pouvait faire autour de lui. Appuyé sur son entourage, il
marche sur l’histoire de son sport bien au-dessus du niveau qualité moyen de
notre société.
Pour les joueurs de golf ce n’est pas la même chose et
pourtant le niveau d’exigence au niveau mondial est de même importance. Les
golfeurs de France n’ont pas les mêmes bases que ceux du judo. Le confort est au plus près dans
les clubs c’est de notoriété publique.
En judo, si vous n’aimez pas la compétition vous êtes
rapidement invité à faire autre chose. Les amateurs éclairés se battent chaque
fois dès l’entraînement pour faire tomber ceux avec qui ils partagent le dojo.
Pour les golfeurs, c’est plus feutré. Dès qu’ils entrent en
compétition dans les clubs à la sortie de l’école de golf, ils suscitent la
grogne, les vieux joueurs n’admettent pas de partager les lots des sponsors du
dimanche. Au bout de quelques temps quand ils entrent au centre de ligue, ils
deviennent adulés, ambassadeurs du club.
Le golf en France se joue par une "caste", les couloirs sont
feutrés mais pas à la hauteur des exigences de ce sport universel. La filière
est difficile mais arrivé au sommet, il manque du travail de fond pour espérer
briller au plan mondial. On ne progresse pas dans le confort. Les jeunes
joueurs n’ont pas d’exemple de haut niveau. Pas de pointure référence pour
montrer ce qui se fait de mieux sur le circuit. Ceux qui ont fait le pari de
partir étudier à l’étranger reviennent dare-dare parce que le circuit européen
est moins dur que l’américain. Au lieu de l'effort, une vision élevée, ils recherchent plus de confort.
Cela se voit aussi au plan amateur. Le niveau moyen des
joueurs est de faible niveau. Une fois atteint l’index de 20 tout semble
devenir compliqué pour à peine progresser. L’effort est de trop alors que je
peux témoigner qu’en réfléchissant un tantinet, il serait facile à chaque joueur de gagner 5
points en essayant d’être cohérent entre son talent professionnel et celui de
golfeur. « Golf entre deux mondes » est capable de le montrer en une
matinée.
Les jeunes golfeurs n’ont pas de référence pour se mobiliser
et plusieurs freins pour les brider. Pour les accompagner dans leur carrière
les dirigeants n’ont pas toutes les compétences pour être des conseils avisés.
Ils n’ont pas de vision sur les bienfaits d’investir collectivement dans ce
sport pour un particulier. Avoir un champion créerait à coup sûr des vocations
et donnerait un élan favorable à l’expansion de la discipline, la fédération
donne dans l’événementiel. Un choix respectable en soi mais qui rapportera quoi sur la durée ?
Contrairement à l’éducation anglo-saxonne les golfeurs
français n’ont jamais de vision assez haute de leur projet. Le niveau de
performance est lié à deux bases essentielles, l’apprentissage et le plaisir.
Tout de suite après la vision de carrière, fixer la
performance c’est aussitôt mesurer le niveau de passion qu’il faut pour palier
la douleur que demandera l’apprentissage. La question est immédiatement :
« qu’est-ce que je dois apprendre pour atteindre mon objectif ? ». Un
enfant et des parents ne peuvent toujours répondre facilement à la difficulté
posée.
Les freins sont culturels et sociaux. Pas toujours les moyens
financiers encore que ce serait le plus facile à régler avec un projet bien
ficelé. Le problème est que faire de la passion du golf (ou du sport) ce n’est
toujours pas un métier. Alors qu’il y a tout de même une palette assez étendue
de moyens de gagner sa vie en cas d’échec dans cette spécialité. Nous ne sommes
ni au rugby ou dans un sport de contact violent qui pourrait endommager lourdement
la santé.
Les gens chargés d’accompagner les enfants qui grandissent
dans les clubs ne prennent pas soin d’être informés pour investir sur la tête
d’un jeune surdoué. La peur qui fait reculer au lieu de réfléchir pour se
transcender.
Ce qu’il y a de bien au golf, c’est que l’on ne parle que de
cas individuel, ce qui donne la possibilité dans un projet bien étudié de préparer
un champion, sauf qu’il faut s’en occuper.
Nous avons vu que la découverte d’un jeune champion se fait
très tôt dans les clubs. Pour un enfant entré à l’EDG à 7 ans nous pouvons
avoir une idée de son potentiel à moins de 11 ans.
Aussi bien pour le golf que pour sa culture tous les moyens
existent aujourd’hui pour lui donner le bagage dont il a besoin pour être
mature à 15 ans. Un enfant qui a une passion est plus facile à élever que celui
qui la cherche encore à vingt ans passés.
Les neurosciences permettent de cibler les informations et
compétences à maîtriser pour être opérationnel dans les secteurs clés de son
futur métier. Les outils informatiques permettent aussi de gagner du temps pour
laisser à l’enfant occupé sur deux fronts, le temps de vivre son enfance et les
émotions qui lui sont nécessaires. Je veux dire que les sciences humaines sont
suffisamment matures pour offrir une assistance aux parents et éducateurs pour
élever le champion même si c’est à la dure, loin de chez soi en internat.
Le travail est difficile pour obtenir une pointure mondiale. Le
point d’achoppement qui existe aujourd’hui pour passer de premier mondial
amateur à honorable mondial professionnel est radicalement manqué parce que le
joueur n’est pas préparé aux difficultés du circuit.
Il n’a pas réglé ses problèmes de vie la plupart du temps. Il
n’a pas digéré son histoire personnelle. Il n’a pas travaillé sur la vision de
son métier et n’est pas au clair sur ses objectifs, professionnels et
personnels. Il a pu rever de grandeur mais maintenant qu’il faut
passer aux actes, ses apprentissages ne sont pas complets.
Il serait pourtant facile au plan fédéral d’assister les
jeunes joueurs amateurs talentueux pour régler des problèmes de personnalité et
les faire grandir plus rapidement face à leur futur métier. Je parle non
seulement de faciliter les apprentissages techniques liés au swing mais aussi à
la qualité du travail accompli dans la préparation du jeu. Toujours
inconfortable de répéter des gammes sans arrêt mais sous pression seuls les
automatismes peuvent sauver des situations compromises. La créativité peut être endommagée.
Devoir très tôt diagnostiquer les tendances comportementales du joueur, son attitude face au jeu, sa marge de progression est une évidence. Les attitudes sur le
terrain d’entraînement valent autant que celles repérées lors d’un parcours. La
psychologie énergétique est un support facile à trouver dans l'environnement des clubs pour
traiter les troubles repérés chez certains joueurs afin de les aider à franchir les paliers de leur progrès.
Pour ceux qui ne comprennent pas qu’il leur faut des notions
solides de gestion, de commerce, de langue et de culture, il est possible avec un
langage clair et adapté de les brancher sur des devoirs qui un jour les
sauveront. Un champion est souvent quelqu’un qui a souffert, le niveau
d’exigence ne passe que par l’action. Pour se dépasser, il faut déjà se mesurer
avec soi-même.
Je veux dire aussi que contrairement à la tout ce qui se dit
faire l’apprentissage d’un métier est tout sauf facile. L’acquisition des
savoir-faire passe par des exercices et des répétitions pour connaître les
basiques du métier. Bien comprendre que chaque jour il faut les améliorer est
une autre difficulté. C’est en cela que nous ne sommes pas clairs dans
l’apprentissage du golf.
Au plan physique, nous protégeons les enfants alors qu’ils
pourraient acquérir des qualités physiques en pratiquant un autre sport qui les
aiderait à se développer. Apprendre également les rudiments d’une préparation
mentale qui leur servirait toute leur vie. Découvrir au plus tôt (exercices à
l’appui) les stratégies gagnantes face aux événements qui surgissent à chaque
partie. Toutes pratiques qui conduisent à être conscients de leurs devoirs
autant que de leurs droits, du développement personnel qu’ils n’auront pas à
faire plus tard, même si à l’âge adulte ce n’est jamais terminé.
Ce dont je parle est déjà préparé, vous êtes-vous demandé
pourquoi les coréennes dominaient le tableau mondial des joueuses de
golf ? Je suis passé dernièrement à Séoul et il faut dire que ce n’est pas
la joie. Les gens travaillent dur et ne rigolent pas. La ville ne vous enchante
pas. Tout est bon pour faire de l’argent. Les enfants sont poussés à l’école
comme vous ne pouvez l’imaginer. Jamais rien ne va. Les parents ne se posent
pas la question de savoir si l’ascenseur social s’ouvre avec les diplômes et
les résultats. C’est la loi.
Pour que les filles brillent au golf, ils ont créé des
programmes spécialisés : interdit de gronder, pas interdit d’interdire
mais une manière de faire remarquer que ce n’est pas comme cela qu’il faut
procéder. Ne pas juger et fortement encourager. Véritablement beaucoup
travailler mais dans une bulle où les émotions négatives sont contrôlées.
Dans les pages précédentes j’ai soulevé les problèmes du
stress. Peut-être n’ai-je pas trop insisté. Nos peurs viennent de l’enfance et
apparaissent en cours de jeu. Tout cela se règle par des techniques aujourd’hui
bien maîtrisées (à condition de les identifier et de les traiter). Nouveauté, il ne faut pas tuer le stress positif. Celui qui vous permet de bien
vous préparer, d’exécuter vos routines avec une grande précision afin d’être
focus dans la réalité.
Tout ce dont je parle ci-dessus, je l’ai expérimenté pour mon
propre jeu. Encore il y a quelques jours avec un groupe de joueurs que je
conseillais, sur un parcours de 9 trous que je ne connaissais pas, pendant
qu’ils apprenaient suite à mon exemple, je battais le parcours pendant qu’eux
aussi se régalaient de n’avoir jamais joué comme ils l’ont fait. Quelques jours
plus tard même constat avec un autre groupe mais là sur le parcours de mon club
en Andalousie.
Pour les professionnels, j’ai suivi de très près les joueurs
sur les circuits européen et américain. Je suis toujours surpris de la
différence de comportement de nos représentants. Ils sont spectateurs avant
d’être joueurs, problème de respect et estime de soi. Des choses qui peuvent
être travaillées en dehors d’un parcours mais qui sont indispensables pour bien
se comporter face à l’adversité.
Je ne juge personne, je suis juste peiné du constat fait par
Alex et Mike. Cela appelle une révolution dans la manière de former nos jeunes
joueurs. Ce que je vous dis-là n’engage que moi. Je suis en train de préparer
le programme pour en faire profiter un club pour tester ce que je viens
d’avancer… histoire de sortir de mon confort !
Bon golf à tous…
Michel
Prieu
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