44 - Enseignement, éducation et jeu (03 mars 2017)

La saison d’hiver n’a pas été trop froide, j’imagine que vous avez pu vous entraîner comme je l’ai fait. Vous avez vu sur les autres blogs que mon activité traditionnelle d’hiver pour me préparer à la saison de golf a été noyée dans les eaux tumultueuses d’Andalousie (cf : surprisesdevoyage.blogspot.com).

Je me rends compte que je n’ai fait que de l’entraînement physique cet hiver. Je me suis remis à faire du ski et j’ai beaucoup marché.  Pas grave en soi car lorsque je marche où que je sois, je ne suis jamais loin du golf. Sur un fairway, je marche mais je rêve aussi. Vous voyez bien ce que je vous dis quand vous venez jouer avec moi : le golf c’est une illusion !

Je ne me suis pas occupé de mon swing, en tout cas pas au practice. Depuis bien longtemps, je n’en suis plus gêné, il est en place. Je l’entretiens dans ma tête lui aussi et par des séries d’exercices spécifiques devant mon miroir, je le rode régulièrement. Méthode apprise en cours d’ergonomie à l’Université du Mirail et expérimentée comme je l’ai expliqué dans mon livre « Le Golf au Cœur (jouer au golf autrement) ».

Chaque jour, nous avons plein de préoccupations et pour les régler nous devons agir. Au golf c’est pareil. Parfois, c’est compliqué de résoudre les problèmes qui vous sont posés au quotidien. Pas au golf puisque c’est un jeu, si vous n’êtes pas disponible vous ne jouez pas. Mais une fois sur le parcours, il y a juste vous, le champ de jeu dans les conditions qu’il propose ce jour-là et les règles à respecter.

A ce sujet, je pense que vous avez été averti par votre nouveau capitaine que justement les règles ont été modifiées par les instances qui administrent le jeu, l’USGA et le Royal et Ancient. Leur nombre est diminué, pour accélérer le jeu et le simplifier. Entre nous déjà, nous avions des habitudes qui tendaient vers des pratiques qui sont aujourd’hui des règles, le « ready-golf » ou jouer avec le drapeau toujours en place…

Voyons si la rapidité du jeu des professionnels à la télévision va réduire le temps des publicités. La réaction des joueurs est amusante voire surprenante quant à l’intérêt de certaines. Les « gardiens » de l’esprit du jeu imaginent que les règles vont apporter un nouvel intérêt au golf. Personnellement je ne le crois pas, mais alors pas du tout. Le temps de jeu quand vous débutez au golf vous vous en moquez un peu car c’est loin de vos préoccupations. Vous avez tant de mal pour faire décoller la balle et l’envoyer où vous souhaitez que le temps et les règles ne vous concernent pas beaucoup. Après deux ou trois ans d’effort si vous n’avez pas abandonné et que vous avez envie de jouer des compétitions alors oui, cela devient nécessaire.

Depuis que j’ai appris à jouer au golf il y a juste 30 ans, j’ai joué sur beaucoup de terrains, dans beaucoup de pays du monde et j’ai rencontré partout les mêmes problèmes. Les gens ne jouent pas bien et ne savent pas s’organiser avec leur set de golf. Question d’éducation à ce sport.

De votre expérience, quand vous avez eu conscience de commencer à jouer (véritablement) au golf depuis combien de temps le pratiquiez-vous ? J’imagine volontiers, comme disait Fernand Raynaud pour la fabrication de mes canons : « un certain temps ! ». Personnellement je pense que le problème est là. Les enseignants de la PGA nous apprennent une technique de swing, sans nous intéresser à ce à quoi cela va nous servir. Je sais qu’en disant cela je vais fâcher les bons professionnels mais je suis un client et je souhaite être respecté. Si j’achète un service, je veux qu’il soit efficace. Je ne veux être ni leurré, ni berné.

Je remets en cause la manière d’enseigner la pratique du golf pour pouvoir espérer avoir plusieurs champions dans les 100 premiers mondiaux et avant cela créer de nouveaux licenciés qui prendront plaisir à jouer au lieu de s’arrêter au bout de deux années parce qu’ils ne font aucun progrès.

Vous le savez, j’ai joué au golf parce que je pensais que c’était un jeu fabuleux et cela je l’ai compris par l’écrit. Il n’y avait que peu d’événements montrés à la télévision française. J’ai décidé de ma manière de jouer sur le terrain, en suivant une partie de Jean Garaïalde sur le golf de l’Hippodrome de Laloubère. Un équilibre du jeu qui me convenait : swing simple, bon jeu d’approche, patience et finition efficace sur le green.
Mon apprentissage a été chaotique. Au bout de 3 mois d’apprentissage, je me suis aperçu que je ne progressais pas. J’ai découvert moi-même que j’étais gaucher (au tennis je suis droitier). J’ai dû changer de côté et trouver un autre pro, le mien avait décidé que je devais jouer à droite. Mon plaisir n’était pas là, j’ai trouvé Philippe Heugas à Pau qui a bien voulu tenter le coup. Je fus pour lui une première expérience aussi. Je l’en remercie encore aujourd’hui. Je n’ai pas pu commencer immédiatement, j’ai dû attendre le matériel. C’est toujours vrai aujourd’hui, même si les transports ont fait des progrès ; rare d’avoir un rayon gaucher pour « essayer » une nouvelle série, … la loi du marché, on s’y fait.

Dès le début le golf m’a obligé à chercher, mon swing, mon style de jeu et le plaisir pour y être performant. Avec moi, je suis exigeant, pas pour battre les autres pour mon plaisir. Je vous parle d’une époque révolue où l’on était autorisé à jouer au Pays Basque et ailleurs avec un handicap de 24 La carte bleue existait à peine et la carte verte n’avait pas encore vu le jour. J’ai ciré les sièges des bars de Chiberta et Hossegor durant 3 ans. Ensuite, j’ai été embarqué dans une aventure amicale en découvrant la Coupe de Paris et j’ai continué à approfondir ma manière de jouer.

J’ai compris le sens du terme « jouer au golf » lorsque j’ai eu le plaisir de passer handicap à un chiffre. C’était un souhait personnel d’atteindre ce niveau amateur et pour y arriver j’ai fait quelques efforts et heureusement que j’aimais ce sport très fort. Peut-être ai-je été soulagé. J’ai eu des professeurs honnêtes (tous joueurs du Circuit Européen), ils ne m’ont rien caché du swing et de ses secrets, mais même celui qui est encore mon coach préféré ne m’a jamais livré toutes les clés pour jouer exactement comme je le souhaitais.

J’ai cherché moi-même : écouté, lu beaucoup et regardé les vidéos des grands gourous américains. J’ai regardé les meilleurs joueurs à la télévision et j’ai pris soin d’aller les voir sur le terrain, Open de France, Championnat d’Andalousie et Open d’Espagne, Open de Las Vegas et je vibre particulièrement pour la Ryder Cup. Joueur de grand prix amateur, j’ai compris peu à peu que jouer avait de l’importance pour être performant. Mais comment apprendre à jouer quand on est débutant ?

J’ai fait beaucoup d’innovation dans ma vie professionnelle et du coup j’ai aussi enseigné. Pour avoir rapidement des techniciens chevronnés pour nous aider à développer ce que nous avions inventé, mieux valait leur donner les bonnes clés du métier pour les conserver et leur permettre de progresser. La PGA a ouvert un business, fait des diplômés mais ses moniteurs pour la plupart n’ont pas la pédagogie pour pouvoir rapidement donner du plaisir aux débutants qui veulent jouer au golf. De ce fait parmi les candidats qui osent enfin toucher un club, nombreux sont ceux qui vont arrêter dans les deux années au lieu de continuer à progresser.

L’apprentissage d’une technique est un passage obligé. Surtout au golf mais tout apprentissage vous apprend et s’il vous apprend à apprendre, c’est le mieux qui puisse vous arriver. Jouer au golf c’est un tout et vous pouvez prendre du plaisir dès le premier jour pour peu que votre éducateur et non pas « moniteur » ou encore « professeur » vous accompagne dans ce but. Rare sont les enseignants qui construisent leur méthode d’apprentissage par le putting. Technique si importante et a sans cesse surveiller pour espérer atteindre un bon niveau d’index.

Le petit jeu n’est abordé que bien tard dans la formation. Je viens d’arriver en Andalousie retrouver un ami. Il joue au golf depuis longtemps et prend des cours dans son club. Quand je le vois sur ce secteur de jeu particulier, je suis très étonné de sa manière de jouer. Jamais il ne pourra espérer jouer moins de 25, si on ne lui donne pas les principes fondamentaux du chiping.

A Agadir, nombre de joueurs de mon équipe m’ont dit ne plus vouloir voir un pro qui bricole avec leurs défauts au lieu de leur parler en premier du travail et du chemin du club qu’ils ont en main.

Les joueurs d’aujourd’hui sont plus pressés de jouer que nous ne l’étions, ils veulent jouer rapidement sans passer trop de temps à occuper le practice. Pour y aller régulièrement, il faut avoir un vrai projet pour soi, une envie de progrès personnel. Certains ne le veulent pas.  Certaines méthodes permettent cela, notre corps est bien fait, notre cerveau aussi. Pourquoi l’on ne s’en sert pas pour indiquer aux joueurs nouveaux et aux plus anciens où peuvent être les sources de progrès qu’ils ont en eux ?
Développer son mental, une vision du jeu, une stratégie s’apprend, on le fait aux échecs comme au tarot. Pourquoi les enseignants n’abordent-ils pas rapidement ces éléments du jeu au début de l’apprentissage. Peut-être que ce sera plus facile de découvrir son swing (pas celui du professeur, encore moins d’un champion) et de le perfectionner si l’on sait à quoi il va servir. La frustration que l’on ressent immédiatement quand on cherche à envoyer une balle, comment la calmer ? L’enseignant la connait-il ? L’a-t-il expérimentée ?

Le marché fleurit « d’aides au travail » pour, putter, swinguer, corriger un défaut ou vous donner une sensation particulière, le pro vous en parle-t-il ? En dispose-t-il ? Des applications fonctionnent pour vous perfectionner. Le pro vous a-t-il conseillé de passer au practice de vous dessiner un parcours imaginaire ?

Dans ce cas très positif, quand il vous voit au practice ou ne pas progresser vous donne -t-il le conseil amical (souriant et gratuit) qui va vous permettre de passer votre palier de difficulté momentané ? Si vous avez confiance en lui, vous retournerez le voir au prochain besoin sinon vous irez voir son concurrent qui remettra en cause tout ce que vous avez appris.

Je n’ai rien inventé, capitaine d’équipe, Président d’association sportive, j’ai aussi contribué à faire certifier des golfs…. Je dis cela sans acrimonie, chacun fait pour le mieux, j’aime ce jeu pour le plaisir qu’il me donne. J’aimerai que plus de mes connaissances viennent m’y retrouver. Beaucoup ont peur alors une fois de plus après avoir parlé tenté de décider, sans succès pour motiver, j’ai fait.

J’ai profité de rencontres amicales entre villes pour mettre en place une préparation méthodique de mon équipe sportive pour des compétitions (plus de 50 personnes). J’ai fait profiter mes amis avec tout le soin qui m’est permis sur un parcours. Une fois expliqué le chemin du club dans le swing, je sais qu’ils vont trouver le leur aussi rudimentaire soit-il. Quand ils ne savent pas, ils vont d’eux-mêmes trouver le pro qui leur convient et savent quoi lui demander sans se faire abuser. Ils ont pris du plaisir, débutants comme joueurs de bas index. Ils peuvent en témoigner. Bien sûr, dans les ateliers que nous avions créé (6 joueurs maximum, 2 à 2 par équipe), je n’ai pas dit la même chose à chacun pour le régler et lui permettre de sentir où est l’intérêt de son jeu. Dans nos discussions (nombreuses), j’insiste sur la différence du plaisir à chercher la bonne technique, la sensation la meilleure du coup sur le tee du practice. Avec la même insistance je précise que le plaisir de s’organiser, de chercher la bonne stratégie pour jouer le trou, de préparer le coup à jouer sur le parcours est tout différent. Un monde entre le practice et le jeu sur le parcours….

Dans les ateliers on fait des « skills », on apprend une technique pour l’efficacité. Pour passer au jeu on fait des « entraînements », parfois les mêmes exercices mais avec des challenges. Tous servent aussi à bannir ou développer des idées, observer des situations de jeu. Comment agrandir un trou quand il est pareil dans le monde entier ? Comment avoir confiance en soi quand on va swinguer ? Comment trouver son rythme de jeu ? Comment visualiser ? Comment acquérir son image mentale ? Comment avoir un grip de professionnel et de le conserver… Comment inventer des coups ?

Toutes choses cohérentes avec lesquelles on peut jouer avant l’apéro et se servir en match-play pour s’affronter aux amis ou pour mieux scorer que l’on ne l’a jamais fait. Des joueurs savent imaginer, tenter, faire des essais et des erreurs. Beaucoup ne sont pas ainsi (trop à mon goût, la formation scolaire a dû manquer des choses…). Le Pro doit-répondre à mille questions pour espérer développer son chiffre d’affaire. Il doit se transformer en éducateur, un métier plus complet pour faire naître d’autres licenciés. Et en France au moins, espérer trouver un jour un Champion qui fera rêver.

Pour prendre du plaisir au golf, il faut l’apprendre. Apprendre à se diriger, apprendre à se perfectionner, apprendre à se faire confiance... Nous savons que l’école ne permet pas à tous de découvrir cela. La PGA n’a pas fait d’école mais des académies. Pour être vachard, je pourrais dire qu’il y a plusieurs écoles dans une académie, alors à chacun de trouver celle qui lui convient. Si l’on n’en trouve pas près de chez soi, pas étonnant que l’on n’apprenne pas facilement et que trop souvent on arrête de jouer.

Bon golf à tous ceux qui jouent et prennent du plaisir.



Michel Prieu

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