53 - Préparation mentale (5 mai 2017)


« Nul vent n’est bon pour le bateau qui quitte le port sans destination » Sénèque…


Depuis quelques pages je vous parle de peur(s) qui empêchent de jouer au golf comme on le voudrait. Je vais essayer de vous donner d’autres clés pour les maîtriser. Pour ce faire, je me suis inspiré des informations recueillies dans les publications de Pierre Fayard* et Eric Blondeau**, Flair Play, La force du paradoxe entre autres….

Pour un joueur de golf la préparation mentale est un moment privilégié, une phase qui allie moment pour soi et plaisir.  Il prend plusieurs aspects que l’on soit joueur de loisir ou sportif de très bon niveau.

Retour sur le jeu: le plaisir du golf réside pour une grande part dans une confrontation à soi-même et à l’instantanéité des situations de jeu qui se renouvellent à chaque coup. Aussi nous aurons un temps de préparation de la partie et un temps de préparation des coups. Chaque moment est unique.

Le temps de préparation de la partie peut être long, le temps de préparation du coup est beaucoup plus court mais fait appel aux mêmes raisonnements : pour réussir impossible de négliger la préparation mentale.

J’ai abordé dans une page précédente la pensée, un combiné de mémoire et de temps, de décision et d’action… La décision de partir jouer au golf soit pour une partie amicale, soit pour un tournoi (pour bien figurer ou même objectif de l'année...) entraîne une préparation que vous le vouliez ou non. Pour l’un comme pour l’autre vous aurez besoin d’une organisation, une réflexion , une stratégie.

Celui qui décide de jouer un tournoi pour bien figurer m’intéressera ici plus particulièrement. 

La préparation du tournoi commence bien avant de monter sur le tee de départ de la compétition. Cette préparation est fonction de soi, de ses lacunes comme de ses forces mais elle ne peut être négligée, alors que nous allons rencontrer l’inconnu. Je vous serine à longueur de blog que « l’instant présent » est le meilleur à vivre. Au golf comme dans la vie, mais cet instant se prépare pour le savourer à sa juste valeur. Pour le vivre dans son intensité vous devez vous engager, prendre un risque de lire la situation en l’état, "imprévue", "irréversible"...

En jouant, vous ne pouvez tout contrôler, vous devez accepter de jouer avec les situations que vous avez créées vous-même, un coup après chaque coup, un trou après chaque trou, juste parce que vous vous êtes laissé sans préparation, dominer par votre ego.

Pour espérer une réussite ou simplement un zeste d'efficacité, vous devez préparer votre rendez-vous compétition. Vous aurez prévu un programme spécifique d’entraînement, physique et technique suivant le tournoi. Pour votre préparation mentale, vous aurez prévu un plan de jeu principal suivant votre connaissance du parcours. Vous l’amenderez et le compléterez lors de votre reconnaissance. Vous êtes conscient que ce parcours vous convient plus ou moins bien (Alex Levy aime les parcours chinois, deux victoires en Chine depuis ses débuts professionnels) ce sont des éléments à prendre en compte selon vos compétences.

Avec les jeunes joueurs, je distribuais une carte du parcours pour étudier 3 trous (responsabilité individuelle, analyse personnelle, engagement...) . A la veille de la compétition, chacun présente ses options de jeu pour ses copains (esprit d'équipe, partage, implication collective, apprendre, comprendre...). Le plan de jeu de l'équipe sortait de cette solidarité et cette communication...

Vous analysez en fonction de votre propre histoire, des éléments que vous avez appris de vous, en conséquence de vos objectifs, de vos croyances, de vos fragilités.... Vous vous entraînez régulièrement pour augmenter vos capacités. Vous multipliez par un entraînement stratégiquement mené vos capacités, les exercices élèvent de fait votre niveau de connaissance : votre volume de jeu. Des répétitions bien sûr mais aussi des situations nouvelles, variées qui emplissent votre mémoire de situations diverses et donnent des pistes de résolution des problèmes. Vous augmentez vos capacités de répondre en automatique à des situations que vous ne dominerez pas toujours.

Pour vous lancer dans ce combat contre vous-même et le parcours (la victoire n'est qu'un épiphénomène...) vous avez accepté que votre pire ennemi au golf, c’est vous… Vous avez l’humilité de reconnaître que vous êtes votre principal ennemi. Vous avez la lucidité de comprendre que vous devez lire la situation comme elle est réellement. Vous devez faire appel à votre intelligence et ne pas laisser dominer vos automatismes. Si votre ego prend le dessus au moment d’agir, la réponse peut ne pas être adaptée à la situation. Soyez ouvert, attentif à vous-même, c’est mieux encore que d’être concentré….

Votre partie doit être construite, dans un but précis. Chacun avec un objectif, clair. Votre plan de jeu tient compte de votre seul savoir du parcours et de vos forces et faiblesses. Il s’adapte en fonction des paramètres de la situation réelle, données climatiques, environnement de jeu, partenaires, heure et place dans le tournoi… Voilà pourquoi vous devez être attentif et investi dans votre projet…

Pour un coup c’est pareil, sauf que vous avez moins de temps (sinon vous avez les commissaires de parcours aux fesses pour les dépassements de temps flagrants…). C’est alors par exemple qu’il vaut mieux pour décider créer des images mentales. Imaginer à partir de la situation de la balle, (son « lie », sa position, pente, dévers…,) le forme du coup, la trajectoire de la balle, l’endroit où elle va tomber avec précision. Vous créez de la sorte une illusion positive que votre cerveau va enregistrer comme un ordre précis. Ainsi vous le « leurrez », il va vous suivre et exécuter ce que vous voulez… Vous ne laissez pas agir votre ego tant que vous êtes dans l’action, prise d’informations…Votre routine de coup est construite ainsi en fonction de vos forces et de vos faiblesses.

Attention de ne pas vous oublier. Vous ne devez ni laisser la place au doute, ni anticiper la réussite, l’ordre ( l’image que vous avez construite) se suffit à lui-même pour que vous ayez une grande part de réussite dans votre intention. L’intention devient ordre.

Si vous vous entraînez régulièrement, vous avez beaucoup plus d’automatismes créés qui vous confortent dans vos capacités. Votre mémoire gestuelle et mentale va vous aider à réaliser ce que vous souhaitez à l’instant d’engager l’action. Vous saurez jouer avec les situations nouvelles avec une grande part du travail de qualité réalisé à l’entraînement. 
La créativité que vous y développez vous aidera, soutiendra votre niveau de performance.  Vous devez le mener en créant des situations de jeu plus que de réussite technique. Multiplier les difficultés au fur et à mesure que vous sentez vos progrès Ouvrir de nouvelles portes renforce vos connaissances de vous-même en plus de vos compétences.

C’est dans la résolution des challenges que vous décidez pour vous-mêmes que vous découvrez le plaisir de jouer. Pour sortir d’une chausse trappe dans laquelle vous êtes tombé, vous devez faire "des choses simples le mieux possible". En réfléchissant rappelez-vous comment vous réussissez un coup difficile sous un arbre alors que vous raterez lamentablement un coup facile à portée de drapeau plein fairway!

La négligence dans la préparation de votre action aura pour conséquence une détermination insuffisante. Votre responsabilité directe est engagée. Si vous laissez place au doute, votre mémoire profonde répondra par un automatisme, votre histoire répond à votre place. Notre mémoire comme un fait exprès quand vous n’avez pas donné d’ordre précis, quand vous n’avez pas engagé votre détermination à agir, ce sont vos émotions qui prennent le dessus. Comme si la mémoire ne retenait que les actions négatives de nos échecs passés… Le cerveau ne comprend pas « je ne veux pas ….». Il attend une décision puis une action. Plus l'espace temps entre la pensée (ordre) et action est court plus vous avez de chances d'agir conformément à vos attentes...

Cette préparation est mentale car elle se fait dans votre tête. Vous devez pour votre parcours avoir un plan travaillé et clair. Vous devez l’adapter mais rester présent, en phase avec le moment et les événements. Vous devez être attentif à vous-mêmes, vous aider du cadet en compétition, mais ne pas vous laisser submerger par vos émotions. Ce ne sont pas des mots mais des maux que l’on vit sans arrêt. C’est le plaisir de la vie que d’y être attentif, de jouer avec, de « danser avec ».

C’est le plaisir du golf que de rencontrer à chaque instant des choses nouvelles dans un cadre privilégié que nous avons provoqué par nos intentions. L’architecte du parcours nous a tendu des pièges, à nous de les lire et de les contourner. A nous de trouver au fond de nous les réponses chaque fois nouvelles de cet inconnu qui nous parle tant. Nous sommes obligés de prendre des risques pour passer une difficulté. Cela crée en nous des sentiments changeants qui font le sel d’un bon moment.

Ne négligez pas votre environnement. Il fait partie de la préparation mentale. Certains joueurs sont difficiles à côtoyer. Par leur comportement ils peuvent influer sur votre manière de jouer, surtout dans une formule de match-play ou encore en équipe selon votre entente avec vos équipiers ou partenaires. Vos relations avec votre cadet peuvent également jouer, avec lui il faut aussi savoir comment vous jouez…Cette coopération doit être clarifiée.

Vous avez besoin de routine pour vous rassurer mais le jeu est l’opposé de cela. Votre routine doit être construite pour rendre objectif vos points faibles, ne pas y penser et laisser agir ce qui fait votre force. Rien n'est bien ou mal: pas le moment de juger c'est un fait

Les points positifs peuvent se créer, les points négatifs sont à oublier. Ce n’est pas tout à fait vrai, une fois que vous êtes frustré vous êtes marqué, il faut alors se soigner (des méthodes existent, les connaître fait partie de la préparation mentale) ….

Voilà je vous ai parlé de golf mais je suis certain que vous avez compris que je vous parlais de vous, de votre métier de votre vie…

Pour la rendre meilleure ?  Question d’envie, de stratégie, c’est un paradoxe mais personne ne peut rien pour vous. Au golf vous jouez comme vous êtes et c’est pour cela que j’aime vous y rencontrer.

Je m’y prépare mentalement chaque année et chaque fois que je vais jouer avec un plaisir sans cesse renouvelé !

Bon golf à tous!




Michel Prieu




  • * Pierre Fayard : Professeur, auteur d’ouvrages sur les cultures stratégiques chinoises et japonaises
  • ** Eric Blondeau, coach de sportifs de haut niveau et des groupes d’intervention d’élite…. Co-auteurs de La force du paradoxe (en faire une stratégie) Dunod.

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