5 - Au golf, rien n'est jamais acquis....



Vous venez d’apprendre le swing, il va vous servir à jouer sur le parcours. Dans le temps, vous aurez toujours besoin de parfaire votre geste. Nous prenons parfois de petits défauts qui font que régulièrement nous devons faire réviser notre gestuelle. C’est le gagne-pain de votre pro. Voyez les changements à opérer dès le début de l’intersaison, vous avez ainsi le temps d’assimiler les modifications à apporter avant de préparer vos objectifs de la saison suivante.
Mais ci-dessous nous allons jouer, essayons de mieux nous y préparer. 

Jouer avec le parcours c’est quoi ? Un moment d’aventure avec soi.





Le Parcours est une illusion :

Le champ d’aventure est le parcours, toujours beau, calme le plus souvent, manucuré quelque fois, mais c’est une illusion. Le dessein d’un architecte de golf est de vous faire jouer dans un moment irréel. Un parcours facile n’existe pas. Au fur et mesure vous le comprendrez mais déjà par vos entraînements vous avez compris qu’au golf vous n’êtes jamais en mesure de jouer deux coups identiques à quelques secondes d’intervalle.

Le beau dessin du parcours vous tend les bras, gracieusement mais se refuse toujours à vous. Il met un malin plaisir à vous distraire. L’eau que vous devez éviter, le sable que vous ne maîtrisez pas, la beauté du site, la majesté des arbres, tout a été placé par l’architecte et son valet, le greenkeeper, pour vous faire déjouer. S’aventurer sur un parcours, en découvrir les méandres est déjà du plaisir mais il faut s’en méfier.

Par exemple, pour les grandes batailles, les sommets historiques du golf, le tournoi des maîtres, l’architecte et le greenkeeper font très souvent collusion avec le directeur du tournoi, pour « durcir » le parcours à leur guise : allonger un trou, réduire l’arrosage, placer des drapeaux diaboliques……..Ainsi ils savent donner aux guerriers l’illusion d’un changement, ils modulent les difficultés. C’est machiavélique de leur part, car ils soumettent ainsi l’attention des guerriers à rude épreuve. Mais la télévision, les sponsors, le public veulent voir du spectacle, le client est roi, il faut l’intéresser.

Les éléments s’en mêlent aussi. Le vent, la chaleur ou le froid, la pluie se chargent de transformer ce magnifique champ de jeu. Battre le parcours est donc un bel objectif, mais très clairement pas facile à atteindre. Il faut être armé.

Maintenant que vous savez swinguer votre club, votre challenge technique est d’obtenir une bonne régularité. Clairement cela dépend de vous et seulement de vous, du plaisir que vous trouverez à l’entraînement. Etre régulier vous permettra de mieux dialoguer avec le parcours, d’être plus serein au moment de prendre une décision. Savez-vous être régulier dans votre vie de tous les jours ?
Ce challenge, « être régulier », est lié au jeu. En commençant la partie le parcours vous dit : « je vaux 72 coups, si tu veux me battre, il faudra faire moins ». Comme il est magnanime selon votre situation, il vous donne un handicap, en clair quelques coups d’avance. Il sait que vous n’avez aucune chance contre lui et les éléments du jour. Il fait l’aumône, non il vous snobe. Un parcours de golf est un condensé de l’humour anglais.

Ce n’est pas pour rien que les joueurs professionnels ont mis en place des indicateurs statistiques pour suivre au cours de leur carrière l’évolution de leur jeu, comme le font les comptables ou les dirigeants d’entreprise pour mesure l’efficacité de leur gestion. Un travail sérieux et de qualité.

Le golfeur est un guerrier :

Un golfeur est avant tout un guerrier. Un esprit chevaleresque est nécessaire pour affronter un parcours.

Vous venez d’acquérir la maîtrise des armes avec votre enseignant du swing et ses judicieux conseils. 

Pour vous lancer dans la bataille il vous faut mettre en jeu tout votre savoir-faire et quelques qualités innées : le courage, la ténacité, la lucidité, l’humilité, l’intelligence conceptuelle, l’intelligence pratique (Pierre Villepreux parlerait « d’intelligence situationnelle » comme au rugby !), la prise de décision, la confiance en soi. Vous avez tout cela mais en plus y ajouter : ne jamais jouer avec la peur, cela reste un jeu…

Autre point important, la bataille a lieu aujourd’hui, avec les moyens du bord : « ici et maintenant ». Pas de bataille avant ou après le combat du moment présent.

Prenez votre  courage à deux mains, mais un conseil, ne jouez pas avec témérité. Le plaisir est dans le dialogue avec le parcours. Prenez les risques qu’il faudra selon les situations mais juste pour élever le niveau de votre jeu et gagner le challenge du moment présent. Ce n’est pas forcément dans votre caractère, mais l’agressivité se canalise. Tous les très grands joueurs sont très agressifs, « des killers » même. Mais chaque fois qu’ils jugent mal une situation à risques, ils en paient le prix fort. Le dernier Masters d’Augusta a été gagné par BUBBA WATSON sur ses qualités de driving, mais perdu par plein d’autres joueurs expérimentés pour des décisions iniques face aux positions de drapeaux des Par 5 en particulier. C’est aussi pour cela que vous pouvez remarquer en tournoi pour un même joueur, des différences nettes de résultats d’un jour sur l’autre pour quatre jours de compétition successifs.

Si au cours de votre apprentissage, vous avez compris la recherche de régularité, vous avez montré votre ténacité. Un parcours c’est long à jouer, seul ou en groupe il faut compter de 3 à 6 heures. Dans ce laps de temps, il peut se passer beaucoup de chose. Restez concentré sur votre objectif chaque fois que vous jouez un coup. Jouez celui-là. Oubliez ce qui s’est passé avant, n’anticipez rien de ce qui se passera si…..Pas de supposition : jouez le coup du moment, celui décidé. Ne lâchez jamais cet objectif. C’est dur mais bien réalisé, c’est le pied. Cet effort de concentration est un des bienfaits du golf sur soi. Chaque coup ainsi réussi est une bouffée de bonheur. Comme chacun sait, cela ne dure pas longtemps.

Soyez lucide pour imaginer la bonne solution, pour choisir le coup à jouer. Analysez correctement la situation qui vous est proposée par la position de la balle et la cible à atteindre. Imaginez le coup avec vos qualités du moment. Ne vous sous-estimez pas, ne vous surestimez pas. Prenez les risques que votre jeu permet d’assumer. Cette intelligence de jeu vous permettra de rapidement comprendre que votre réussite réside dans la concentration sur le programme de jeu choisi, une stratégie affirmée, un jeu trou par trou, coup par coup. N’oubliez pas, vous êtes dans une bataille face au parcours.

Soyez humble. Le jeu de golf entraîne des erreurs pour tous les joueurs, vraiment pour tous. Vous qui débutez, vous en ferez par méconnaissance, mais tous les plus grands aussi dès lors qu’ils ne sont pas totalement concentrés au moment de jouer un coup aussi facile qu’il soit. A ce sujet vous avez peut-être déjà remarqué que quand un coup est difficile, la réflexion qu’il demande fait qu’il est souvent bien réussi. L’humilité veut que, sur chaque coup, vous preniez tous les paramètres en compte pour réussir le coup aussi facile soit-il.

Ces phases du jeu consomment beaucoup d’énergie pour ne pas être distrait. Cette concentration requiers des habitudes, une routine pour oublier le moins possible les fondamentaux du swing à jouer pour atteindre la cible que l’on s’est judicieusement choisie. Il faudra en mettre une au point juste pour vous.

Vous devez penser comme l’artilleur qu’aucun coup ne doit être tiré sans avoir choisi la cible. Chaque point du parcours où vous décidez de déposer la balle dirige votre adresse. Cette décision mûrement réfléchie et acceptée est la base de votre qualité de jeu. Une décision ferme, la mise en place de votre corps correcte et votre cerveau assurera le reste. Votre entraînement lui aura donné les moyens d’avoir confiance et faire agir votre corps.

Mais soyez rigoureux, décision de jouer le coup prise, prenez toutes les précautions pour vous positionner correctement par rapport à la cible. Votre cerveau sait, lui. Tous ses paramètres sont connus. Si vous commettez une erreur de parallaxe (vos yeux peuvent vous tromper, vous êtes fatigué, un peu laxiste, vos appuis pas très assurés…), il le sentira mais voudra réussir l’objectif que vous lui avez fixé.  Il fera des adaptations incontrôlables, dès que le swing sera engagé. Le résultat attendu ne sera pas au rendez-vous, Il faudra corriger la situation compromise. Beaucoup de points sont, perdus ainsi dans la bataille face au parcours.

Vous vous êtes entraîné, vous avez un swing régulier ou en cours de l’être, apprenez à vous faire confiance. Sur tous les compartiments du jeu vous pouvez constater que vous avez quelques réussites. Capitalisez-les. Sortez au moment opportun le coup que vous avez déjà réalisé, en partie, au practice. Jouez en vous faisant confiance.

Se faire confiance, c’est choisir positivement, avec l’intelligence du moment présent pour une situation donnée objective. Ne choisissez pas en disant : « je me mets ainsi pour éviter d’aller dans l’eau ». Choisissez en disant : « je veux mettre la balle à cette marque, en direction de l’arbre à 8 mètres du bord de l’eau ». Avec la première proposition, vous êtes sûr quelque soit votre niveau d’aller dans l’eau. Avec la seconde par manque d’expérience vous irez peut-être mais ensuite plus jamais.

Ne jouez pas la peur au ventre. Décidez  et jouez avec l’intention de réussir votre coup. Si vous imaginez un risque insurmontable pour votre niveau, rusez, inventez quelque chose de réalisable objectivement. Analyser, risquer, décider, maîtriser sont le sel de ce jeu. La peur est toujours mauvaise conseillère au golf comme dans toutes les situations de notre vie.

Réussite, erreurs, échecs sont le lot de tous les golfeurs. Ne pas s’emballer et tirer des plans sur la victoire en cas de réussite, c’est le meilleur moyen de perdre le fil de son combat face au parcours.

En cas d’échec, savoir en tirer personnellement les leçons et mettre en place un plan de correction des situations rencontrées. Appuyez-vous sur vos qualités. Dans votre vie vous avez une maîtrise certaine selon votre profession, votre hobby. Comment êtes-vous devenu un maître dans votre art? Pour le golf faites par analogie le même chemin. Décidez vous-mêmes. Si vous avez besoin d’aide du pro, du psychiatre, d’un coach, d’un diététicien……….. Allez le chercher, posez votre problème, dites-lui quel résultat vous voulez obtenir. Travaillez en confiance avec lui, mesurez vos progrès, restez attentif, vigilant, ne vous mettez pas sans conscience entre ses mains.

Restez zen, maître de vous. Ne manifestez pas vos joies comme vos peines. C’est très désagréable pour vos partenaires de jeu et les autres joueurs sur des trous proches.

Ne vous insultez pas quand vous manquez vos objectifs. Ne laissez pas votre frustration prendre le pas sur votre courtoisie naturelle et votre sourire. Vous apprendrez au cours de vos batailles que vous avez un ange gardien. En partie, quand tout va bien on sent sa présence, il vous protège, vous conseille. Je ne plaisante pas, vous pouvez être sur un nuage en jouant bien au golf. Quand tout va moins bien ne vous insultez pas, cela le perturbe terriblement. Il peut vous abandonner à votre sort, pour sauver votre honneur face au parcours du jour ce sera très difficile.

Pour toutes vos batailles face au parcours soyez honnête avec vous. Le golf se joue avec des règles très précises. Vous jouez pour vous, pour vous faire plaisir, ne trichez pas avec vous-mêmes. Soyez courtois, bien élevé respectueux des autres comme l’étaient les chevaliers. Apprenez à jouer vite. Prenez vos repères, vos décisions en temps masqué pendant que vos partenaires jouent, sans les gêner bien entendu.

Si vous êtes talonnés et sous pression laissez le passage surtout au début, il n’y a aucun déshonneur à cela. Le plus souvent c’est celui qui double qui est gêné et commet des erreurs.

Comptez les points exactement, faites en l’effort dès les premiers parcours. 
Cela vous sert pour initier votre prochaine liste d’indicateurs statistiques. 
Les règles du golf sont très nombreuses mais on toute ce principe : ne jamais s’avantager, ne jamais améliorer une situation de balle. Jouez la balle à l’ancienne où elle se trouve
En respectant cela vous aurez tout le plaisir du monde en acceptant l’esprit du parcours.

Le « debrief » de la bataille se fait en général sur le 19ème trou. Même par beau temps celui-ci est parfois particulièrement arrosé. Une bière préviendra vos courbatures futures,  un verre de vin sera salutaire pour digérer le nombre de points trop lourd. Si le combat a été  trop dur et si vous avez perdu vos illusions du départ un whisky vous fera oublier. Bon golf : « à ce jeu ne lâchez rien ! ». Rien n’y est jamais acquis.



Michel Prieu

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