36 - Rencontre avec François Illouz (Septembre16)

Cet été je me suis promené entre Lyon et Avignon en jouant un peu au golf. J’ai pu voir quelques différences dans l’approche des directeurs pour tenter d’animer leurs clubs. Je me dis que l’accueil commercial de certains n’est pas prêt de faire de nouveau adeptes de notre sport favori. je ne supporte pas de voir notre sport favori stagner, voire régresser comme en ce moment!

Heureusement, nous avons eu de magnifiques tournois majeurs avec la somptueuse bataille de Stenson et Mickelson lors du final de The Open à Troon et encore avec l’avènement de Jimmy Walker lors de l’USPGA. Il a tenu la première place durant 4 jours et il a commencé son discours d’après victoire ainsi : « Le golf ce n’est pas facile » … Nous sommes nombreux à le croire, mais jouer au golf est passionnant !

Mon oisiveté estivale m’a naturellement reporté au printemps dernier et à la diatribe de François Illouz dans Facebook. En y réfléchissant, j’ai été étonné qu’il démissionne aussi rapidement de la FFG. Un vrai joueur de golf ne laisse pas tomber une affaire , même compliquée, comme cela. De plus, je sais que mener de front une carrière d’avocat d’affaires et dans le même temps jouer au golf au plan international, même amateur, est une preuve de caractère. J’ai donc pensé : « on ne nous dit pas tout !».

Je suis assez d’accord avec son « message » et je serai même un peu plus dur que lui quant à l’attitude des français vis-à-vis du sport en général et du golf en particulier, professionnel s'entend. J’ai pris soin d’aller assister aux deux premiers jours de l’Open de France qui a un peu confirmé la « fragilité » des joueurs de golf français. Jouer « à la maison » transcende certains sportifs d’autres en sont inhibés…

J’ai eu le plaisir de voir le bon comportement de Romain Langasque (plutôt mur et bien entouré par son père et son équipe), l’agressivité récompensée de Decottignies (sans suite sur le Challenge Tour) et la confirmation que Bourdy est sérieux. Je l'avais suivi 2 jours l'an dernier à Agadir. J’ai vu aussi les moments pathétiques de Dubuisson qui semble chercher des choses qu’il ne trouve pas… Heureusement Mac Ilroy ne fut pas à son niveau non plus. Mais face au jeu depuis des années maintenant je trouve une grande différence dans l’attitude des bons joueurs français et des anglo-saxons sur un parcours de golf.

Je suis donc très dubitatif quant à l’avenir de notre sport quand je lis le projet de la FFG affiché partout qui veut que la Ryder Cup de 2018 nous permettent de booster l’intérêt des français pour le golf. Pour participer au nécessaire merchandising de l'événement, j'ai acheté un pull, gelé sous la pluie de juillet.

Malgré tout, j’ai plutôt en tête qu'une  nouvelle politique d’éducation (formation-entrainement-perfectionnement) , l’ouverture des clubs, la modification de l’enseignement feraient mieux pour développer . Des clubs ou des organismes de gestion font des efforts isolés. Un véritable vivier de compétence pourrait naître à condition que l’on prépare une stratégie globale à la Fédération et que l’on sorte du corporatisme du golf…La PGA fait du business mais n'a pas de projet d'enseignement, dommage pour elle... 

Quand je vois un Teddy Riner, un Lavillenie, un Lemaître, je me dis qu’il nous manque un joueur de cette stature au golf. Les Jeux Olympiques viennent de passer et si l’on a suivi le rugby à 7, nouvel entrant avec un support média correct (une belle publicité), ce ne fut pas du tout le cas du golf, celui des filles en particulier. L’occasion a été manquée en partie à cause des joueurs eux-mêmes et de la couverture média nationale. Nos françaises ont même critiqué le format et aucun joueur ne s’est comporté correctement dans le contexte. Bourdy a été dépassé malgré son sérieux et son enthousiasme vis-à-vis de sa sélection. Julien Quesne n’a pas existé face à l’événement.

Cet ensemble de remarques, m’a décidé à aller voir François Illouz car je ne peux imaginer que rien n’ait été fait depuis qu’il est à la FFG. Je trouve que les journalistes sportifs ont été partiaux dans le traitement de cette affaire entre les membres de la Fédération, les joueurs professionnels et le Responsable du Haut Niveau de la FFG qu'il était.

Après 20 ans de travail à Paris, j’y reviens toujours avec un pincement au cœur. J’y viens soit pour le golf soit pour "la culture". J’ai beaucoup de chance dans la vie et cette fois encore une amie attentive m’a amené sur des terres inconnues de l’esprit. J’aime la culture chinoise, même si je suis ulcéré que, par facilité, nous ayons permis à ce pays d’être l’atelier du monde. J’ai ainsi découvert un grand maître de calligraphie, Fabienne Verdier. Seul maître européen à être reconnu pour cet art et que nous dit-elle :
« Si les Japonais ont fait du golf un jeu si populaire, c’est parce qu’il repose sur un geste profondément calligraphique, celui du lanceur sans reprise du coup réussi ou raté à l’instant d’être réalisé ».

En entrant dans les bureaux de François Illouz, cette magnifique phrase tournait encore dans ma tête. 

L’homme est plutôt dynamique et il va droit au but. Après avoir relu son « coup de gueule », en l’écoutant cela m’a semblé un appel de détresse. Dans les années 95-2000, comme Président de l’AS du Golf de la Forteresse, j’avais approché la FFG et je m’étais rapidement aperçu que si je voulais faire avancer mon club, j’avais intérêt à prendre mes propres initiatives. La FFG était seulement obnubilée par l’Open de France. J’en avais aussi la preuve dans mes activités professionnelles. Consultant dans un cabinet parisien, j’avais eu l’occasion de voir comment était employé l’argent de nos licences par les dirigeants. La Ryder Cup 2018 est un effort financier encore plus important aujourd'hui…

Pour mettre en place une politique pour espérer avoir un jour des joueurs de haut niveau, c’est une autre paire de manche. En premier, il faut comprendre ce qu’est "le métier" de sportif de haut niveau et pas seulement celui de golfeur. Nous en sommes encore dans les clubs au sport loisir et les représentants de la FFG viennent de ce milieu… Un joueur professionnel est une somme de compétences, une vision d’avenir et beaucoup de travail. Pour les joueurs amateurs et les dirigeants c'est la même chose. Il est amusant de voir les remarques sur le travail pour atteindre le niveau international par Jean Garaïalde, dans le Journal du Golf distribué lors du 100ème Open de France.

Le pouvoir de la FFG est limité au soutien des joueurs détectés par les Ligues au niveau amateur car une fois professionnels, les joueurs créent leurs propres structures. Le golf est si complexe qu’il serait important que les jeunes joueurs aient des informations pertinentes sur le jeu beaucoup plus tôt que cela n’est fait dans nos académies. Les compétences pour les entourer dès les niveaux minimes devraient être pluridisciplinaires.

Les joueurs passés professionnels alors qu’ils ont été formés dans les Universités Américaines reviennent en Europe car ils savent que c’est plus facile que d’avoir les cartes des échelons de la PGA. Les joueurs Européens sur le Web.com Tour en ce moment ne sont pas légion, pas de français, un seul sur l’Asian Tour. Les filles paraissent un peu plus courageuses et sont plus nombreuses à se mesurer au circuit américain. C’est dans la nature des filles de faire mieux que les garçons : « les hommes parlent, les femmes font ». C’est d’un sénateur français O. Cadic, jeune industriel expatrié au Royaume-Uni avant d’être convaincu de faire de la politique.

La proposition d’acheter un pied à terre aux USA et y implanter une structure d’accompagnement pour faciliter l’intégration des jeunes joueurs entre leur sortie de l’Université et la préparation de leurs cartes d'un circuit PGA, faite par François Illouz, a été refusée à la FFG.

Au plan technique, pour tous les sportifs et scientifiques, les colloques à l’étranger et les rencontres internationales sont légions. Lorsque François Illouz a proposé de faire venir des coaches de pointure internationale pour compléter le soutien des joueurs, Cowen, Pinero, Rotella… cela n’a pas soulevé d’enthousiasme. Nos coaches français, entraîneurs de ligues auraient tout à y gagner pourtant eux aussi.

Je trouve cela regrettable car c’est au moment où les joueurs sont les plus jeunes qu’il faut leur apporter le maximum d’informations. Le caractère des enfants est formé à 7-8 ans. Plus les apports fondamentaux sur le jeu sont apportés tôt, plus ils seront performants. Ainsi, il est curieux que notre sport, si exigeant au plan technique, mais aussi psychologique, médical, mental…n’ait pas encore de centre de haut niveau. Projet refusé pour le moment à la FFG, à François Illouz.

Heureusement cette année, Stenson et Walker ont envoyé un beau message à tous les joueurs professionnels. Malgré Spieth, Mc Ilroy, Fowley, on peut gagner encore à 40 ans… Autre signe, Jim Furyk, joueur au swing plutôt atypique vient de signer 58 en tournoi PGA, de quoi faire réfléchir les dirigeants et entraîneurs pour l’avenir des champions du futur.

En golf, c’est le cerveau qui commande, c’est un sport de stratégie et de décision, il devient plus technique avec le temps, la stature et le sens du jeu des joueurs. Le compromis distance-précision est très délicat à trouver et à stabiliser. Ces remises en cause peuvent être dramatiques pour la carrière d’un joueur. Quels apports sont faits pour les jeunes joueurs dans tous ces domaines ? Quels enseignements pour la gestion de carrières ? Un plan de développement proposé par la FFG devrait apporter des réponses en accord avec les familles et le cursus scolaire. Il ne faut pas oublier que l’échec rôde toujours au moment de l’adolescence, l’anticiper serait un plus pour les postulants recalés. Mais pour cela, il faut avoir envie d’avoir un champion capable de se mesurer au gotha mondial de la discipline. Une fois les premières places en vue, l’aider au lieu de lui chercher des poux dans la tête ou ce qui est plus souvent le cas, le mettre sur le devant de la scène avant qu’il n’ait confirmé ses premiers résultats. Spécialité des médias…

Voilà la teneur de notre débat, j’étais rassuré de voir le dynamisme de François Illouz, qui malgré son départ de la FFG y conserve des contacts, ce qui me laisse entrevoir qu’il n’est pas le seul à penser ce qu’il a écrit. Il a tapé dans la fourmilière… J’espère que les plus jeunes joueurs prendront le temps de réfléchir à leur avenir au lieu de se replier derrière la réponse des plus anciens. Joueur de golf vous êtes seul, mieux vaut en être persuadé. Certains jeunes doivent à François Illouz une fière chandelle car il ouvert les possibilités des études aux USA pour les meilleurs d’entre eux. D’autres veulent progresser un peu plus sur nos terres de France mais à ce jeu le chemin est dur et toutes les compétences ne sont pas disponibles. Il faut aller les chercher ailleurs. Le chemin est long, plus qu’il n’y paraît, le talent ne suffit pas…

Souhaitons que le prochain président de la FFG soit un sportif doublé d’un homme à la vison politique qui apporte le changement et que les plus jeunes professionnels se mettent en tête de gagner un tournoi majeur de golf. Jean Vandevelde, Thomas Levet, Gregory Havret doivent avoir des idées sur ce qui leur a manqué pour être les premiers à approcher le graal de notre sport. Feront-ils part de leur expérience pour faire bouger les lignes de putt dans notre pays ? Didier Deschamps, Zinedine Zidane, Ghani Yalouz, Bernard Laporte feront-ils des émules ?

Je souhaite bonne chance à Thomas Levet. Son parcours parle pour lui et il a su faire partager sa connaissance du golf. Sinon, la loi de l’intention (Dwayne Dyer) et la loi de l’attraction (Napoléon Hill ou Kevin Trudeau) sont des lois universelles, chacun peut s’en inspirer !

En attendant, bon golf à tous !



Michel Prieu

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