16 - Jouer au golf : Moment de grâce .


Rencontres du premier mercredi 

de juillet 2014




Le golf de ce jour-là, c'est d'abord la rencontre de Didier. Je ne sais ce qu'elle deviendra mais ce fût un très bon moment. 
Une fois de plus, me dit-il, je reviens au golf après une nouvelle interruption pour la construction de ma maison, route de Fès à Marrakech. 
Sa vie : une semaine en France et une semaine à Marrakech pour essayer de concilier golf et vie active.



Il joue comme il le sent, c'est très agréable, il ne pèse pas sur la partie. Avant de partir, quelques balles d'un panier partagées au practice pour mettre une sourdine à nos vieilles douleurs.
Un peu avant un petit déjeuner de tradition (comme tous les jours) avait alimenté la machine, aussi maintenant je peux lui demander un effort.

Réflexion faite: je me rend compte que cela faisait un bon moment que je n’étais pas passé au practice. En jouant je sentais  bien les coups depuis quelque temps. Ce matin le but était de marcher, une promenade sportive.

Miraculeusement, le temps est frais comme en début de printemps, une surprise après la chaleur torride de ces derniers jours.

Dérouillé, le départ est assez régulier mais j'ai l'impression que je ne touche pas bien la balle. Je décide de faire attention à ce problème dans les jours futurs à l'entraînement au practice. En fait, je manque de stabilité globalement  mais  pour le moment, j'échange des amabilités avec Didier.

Dans la deuxième partie de  l'aller quelques coups foiré et des erreurs répétitives m'agacent. Je décide donc de « serrer les boulons » sur le retour. Le vent froid est nord-est, le terrain toujours trop humide, les arroseurs donnent encore et  l'eau sent mauvais...
Dès le départ du 10, un brin d'attention et les sensations sont meilleures. Je fais très attention à mes appuis et aux angles de mon stance. Immédiatement plus de distance, plus de consistance et d'intensité dans chaque coup, ce qui améliore sensiblement les trajectoires.

Après le par du 10, bogey sur le 11 à cause d'un mauvais choix de club.  Un tour dans le bunker, injouable, noyé, donc comme d'habitude un point de perdu : une calamité inadmissible pour un tel parcours. A un prix de green-fee aussi cher, les touristes ne sont pas respectés, vraiment.




Je « roumègue » mais sans colère. Maintenant, tous les coups sont bien frappés. Sur le 12, premier "éclair" avec un bois 5 réfléchi, posé au drapeau, juste comme il faut. Je n'ai même pas vu la balle tellement j'appréciais le contact du coup. Je me régale de ce tir : je le savoure comme un bon plat.

Du coup dans la montée vers le 13, mon " ange gardien" se manifeste, il me félicite des quelques modifications que je viens de faire dans ce début de retour. Satisfait, je m'applique et claque un très bon drive légèrement à droite du fairway. J'ai oublié Didier qui galère un peu....
Deuxième coup au bois 3. Je n'aime plus ce club depuis quelques temps mais mon ange gardien me regarde alors je redouble d'application. Je lui montre que ma balle est bien posée, pas de risque avec les bunkers de face. Je lui promets de faire attention, la routine fonctionne, super coup. Il me regarde jouer et apprécie, je suis vraiment dans la "zone".

Cela fait bien longtemps que "je ne m'étais pas regardé jouer". J'avais oublié ce plaisir de décider et d'enchainer une action de jeu comme décidé. Je réfléchis ces derniers temps au meilleur moyen d'éclairer les joueurs pour leur entraînement. Pourquoi jouer au golf ? Le golf : quelle définition ? Pourquoi nous attire-t-il autant ? Où est la magie de ce jeu ? Ce moment de grâce vient peut-être de là.

Je ne rêve pas, mon "ange gardien" me regarde, il reste 80 m pour le drapeau. La routine est millimétrée, la balle bien posée avec un vent léger de face. Image claire, le trou est en jeu.

En place, pieds à plat, dernière visualisation, envoi parfait, très bon impact, beau bruit , direct dans le trou : eagle au wedge 52°. Je me suis vu jouer le coup, mon ange gardien est ravi. Moment d'euphorie, Didier l'a vu partir aussi, il est emballé. Je pense que nous rejouerons ensembles, il va se souvenir de cette première fois.

Penaud, je savoure encore, les images des autrefois où un tel épisode s'est déjà passé me reviennent. Un grand plaisir intérieur..........mais il faut continuer. Pas d'euphorie!

Trou 14, très bon drive mais approche au fer 8 trop longue, un bon coup mais la balle glisse et ne s'arrête pas. Mauvaise approche, malgré cela, je reste calme, bogey normal. Je reste dans la zone, rien ne me perturbe.

Trou 15 : bon rescue à droite, approche comme à la télé, par donné. Trou 16, drive moyen à gauche, long bois 3 tout droit. Il reste 160 m en montée face au vent. Bois 5 super bien enlevé, 2m du drapeau, un seul putt : birdie.

Mon "ange gardien" ne me parle plus, il n'est plus là mais les coups s'enchaînent, je décide et je joue, la magie de ce moment continue. Je ne me pose pas de question, la stratégie est claire, les coups sont bien imaginés et exécutés correctement. C'est facile le golf !!!

Trou 17, vent avec cette fois, plus facile ! Erreur grossière, pas de projection sur l'avenir, pas de supposition: le coup est dans le bunker de parcours. Un coup perdu, simple punition. Retour dans le présent, après cette erreur du JE,  il faut serrer le jeu pour rester dans le par au retour.

Trou 18, tactiquement, je décide de jouer pour l'approche du drapeau en trois coups. Je laisse la balle à 6m et  j'enquille le putt : objectif atteint.


Grand sourire et grand plaisir de jouer, une fois de plus. Aujourd’hui, un plaisir partagé avec Didier. Joie du golf qui quelle que soit la langue, le pays, deux golfeurs se rencontrent inconnus et se quittent bons camarades. Echanges de civilités, adresses et un premier verre ensembles : « le golf-la vie ! ».





Retour sur soi : les autres fois où je me suis trouvé dans la zone c'était en compétition, pas le temps de savourer. Pas le temps de sentir ces choses étonnantes que l'on recherche pour notre jeu et qui arrivent toujours par surprise.
C'est surprenant  d'avoir senti monter le plaisir de jouer, de "se" voir jouer, dialoguer avec son "ange gardien" : Notre CONSCIENCE !!!
Sentir cette lucidité, cette capacité à faire l'action, le geste juste est un plaisir rare. Le décider, agir et savourer, un acte d'amour pour ce jeu. C'est pour de tels moments que je joue, que je m'entraîne et  voudrais partager.

C'est vrai que c'est complexe d'expliquer comment jouer, prendre du plaisir  à un apprenti golfeur. Je perçois que tous les joueurs se sentent coupables de ne pas avoir un swing  parfait, comme le voudrait notre maître ès mécanique du swing. Nous apprenons trop à avoir peur, je pense la méthode pédagogique d'enseignement défaillante…..

Le golf demande des qualités techniques et mentales, des qualités de précision mêlée d’agressivité  mais au sens des arts martiaux: maîtrise du geste  associé à une philosophie, juste maîtrise de soi . Une recherche permanente. Mettre en jeu des qualités aussi diverses que lucidité, humilité, pugnacité, agilité, adresse, courage, combativité n'est pas simple. Nous avons pourtant toutes ces facultés en nous. Nous nous le sommes déjà prouvés quelque part dans notre vie. ce serait bien de tous s'en souvenir et s'entraîner dans ce sens. Tout un nouveau programme pour le corps et la tête de chacun.

Bientôt l'été. Bon golf à tous

Michel Prieu


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