Rencontres du premier mercredi
de juillet 2014
Le
golf de ce jour-là, c'est d'abord la rencontre de Didier. Je ne sais ce qu'elle
deviendra mais ce fût un très bon moment.
Une fois de plus, me dit-il, je reviens au golf après une nouvelle interruption pour la construction de ma
maison, route de Fès à Marrakech.
Sa vie : une semaine en France et une semaine à
Marrakech pour essayer de concilier golf et vie active.
Il joue comme il le sent, c'est très agréable, il ne pèse pas sur
la partie. Avant de partir, quelques balles d'un panier partagées au practice
pour mettre une sourdine à nos vieilles douleurs.
Un peu avant un petit
déjeuner de tradition (comme tous les jours) avait alimenté la machine, aussi
maintenant je peux lui demander un effort.
Réflexion
faite: je me rend compte que cela faisait un bon moment que je n’étais pas passé au practice. En jouant je sentais bien les coups depuis quelque temps. Ce
matin le but était de marcher, une promenade sportive.
Miraculeusement,
le temps est frais comme en début de printemps, une surprise après la chaleur
torride de ces derniers jours.
Dérouillé,
le départ est assez régulier mais j'ai l'impression que je ne touche pas bien
la balle. Je décide de faire attention à ce problème dans les
jours futurs à l'entraînement au practice. En fait, je manque de stabilité globalement mais pour le moment, j'échange des amabilités avec Didier.
Dans la deuxième
partie de l'aller quelques coups foiré et des erreurs répétitives m'agacent. Je décide donc de « serrer les
boulons » sur le retour. Le vent froid est nord-est, le terrain toujours
trop humide, les arroseurs donnent encore et l'eau sent mauvais...
Dès
le départ du 10, un brin d'attention et les sensations sont meilleures. Je fais très attention à mes appuis
et aux angles de mon stance. Immédiatement plus de distance, plus de
consistance et d'intensité dans chaque coup, ce qui améliore sensiblement les
trajectoires.

Je
« roumègue » mais sans colère. Maintenant, tous les coups sont bien
frappés. Sur le 12, premier "éclair" avec un bois 5 réfléchi, posé au drapeau,
juste comme il faut. Je n'ai même pas vu la balle tellement j'appréciais le
contact du coup. Je me régale de ce tir : je le savoure comme un bon plat.
Du
coup dans la montée vers le 13, mon " ange
gardien" se manifeste, il me félicite des quelques modifications que je
viens de faire dans ce début de retour. Satisfait, je m'applique et claque un
très bon drive légèrement à droite du fairway. J'ai oublié Didier qui galère un
peu....
Deuxième
coup au bois 3. Je n'aime plus ce club depuis quelques temps mais mon ange gardien
me regarde alors je redouble d'application. Je lui montre que ma balle est bien
posée, pas de risque avec les bunkers de face. Je lui promets de faire attention,
la routine fonctionne, super coup. Il me regarde jouer et apprécie, je suis
vraiment dans la "zone".
Cela
fait bien longtemps que "je ne m'étais pas regardé jouer". J'avais oublié ce
plaisir de décider et d'enchainer une action de jeu comme décidé. Je
réfléchis ces derniers temps au meilleur moyen d'éclairer les joueurs pour leur entraînement. Pourquoi jouer au golf ? Le golf : quelle
définition ? Pourquoi nous attire-t-il autant ? Où est la magie de ce
jeu ? Ce moment de grâce vient peut-être de là.
Je
ne rêve pas, mon "ange gardien" me regarde, il reste 80 m pour le drapeau. La
routine est millimétrée, la balle bien posée avec un vent léger de face. Image
claire, le trou est en jeu.
En
place, pieds à plat, dernière visualisation, envoi parfait, très bon impact, beau
bruit , direct dans le trou : eagle au wedge 52°. Je me suis vu jouer le
coup, mon ange gardien est ravi. Moment d'euphorie, Didier l'a vu partir aussi,
il est emballé. Je pense que nous rejouerons ensembles, il va se souvenir de
cette première fois.
Penaud,
je savoure encore, les images des autrefois où un tel épisode s'est déjà passé
me reviennent. Un grand plaisir intérieur..........mais il faut continuer. Pas d'euphorie!
Trou
14, très bon drive mais approche au fer 8 trop longue, un bon coup mais la balle
glisse et ne s'arrête pas. Mauvaise approche, malgré cela, je reste calme,
bogey normal. Je reste dans la zone, rien ne me perturbe.
Trou
15 : bon rescue à droite, approche comme à la télé, par donné. Trou 16,
drive moyen à gauche, long bois 3 tout droit. Il reste 160 m en montée face au
vent. Bois 5 super bien enlevé, 2m du drapeau, un seul putt : birdie.
Mon "ange gardien" ne me parle plus, il n'est plus là mais les coups s'enchaînent, je
décide et je joue, la magie de ce moment continue. Je ne me pose pas de
question, la stratégie est claire, les coups sont bien imaginés et exécutés
correctement. C'est facile le golf !!!
Trou
17, vent avec cette fois, plus facile ! Erreur grossière, pas de projection sur
l'avenir, pas de supposition: le coup est dans le bunker de parcours. Un coup
perdu, simple punition. Retour dans le présent, après cette erreur du JE, il faut serrer le jeu pour rester dans
le par au retour.
Trou
18, tactiquement, je décide de jouer pour l'approche du drapeau en trois coups.
Je laisse la balle à 6m et
j'enquille le putt : objectif atteint.

Retour sur soi : les autres fois où je me suis trouvé dans la zone c'était en compétition, pas le temps de savourer. Pas le temps de sentir ces choses étonnantes que l'on recherche pour notre jeu et qui arrivent toujours par surprise.
C'est surprenant d'avoir senti
monter le plaisir de jouer, de "se" voir jouer, dialoguer avec son "ange
gardien" : Notre CONSCIENCE !!!
Sentir cette lucidité, cette capacité à faire
l'action, le geste juste est un plaisir rare. Le décider, agir et savourer, un acte
d'amour pour ce jeu. C'est pour de tels moments que je joue, que je m'entraîne
et voudrais partager.
C'est
vrai que c'est complexe d'expliquer comment jouer, prendre du plaisir à un apprenti golfeur. Je perçois que tous les joueurs se sentent coupables de ne
pas avoir un swing parfait, comme
le voudrait notre maître ès mécanique du swing. Nous apprenons trop à avoir peur, je pense la méthode
pédagogique d'enseignement défaillante…..
Le
golf demande des qualités techniques et mentales, des qualités de précision mêlée
d’agressivité mais au sens des
arts martiaux: maîtrise du geste associé à une philosophie, juste maîtrise de soi . Une recherche permanente. Mettre en jeu des qualités aussi diverses que lucidité,
humilité, pugnacité, agilité, adresse, courage, combativité n'est pas simple.
Nous avons pourtant toutes ces facultés en nous. Nous nous le sommes déjà prouvés
quelque part dans notre vie. ce serait bien de tous s'en souvenir et s'entraîner dans ce
sens. Tout un nouveau programme pour le corps et la tête de chacun.
Bientôt l'été. Bon golf à tous
Bientôt l'été. Bon golf à tous
Michel Prieu
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire