La question est simple, la réponse moins aisée. Où est la
magie de ce jeu, d'où vient-elle?
Le jeu nous vient de la campagne d'Ecosse, le pays du
Monstre du Loch Ness, peut-être même des landes de Chine, les historiens
devraient s'y pencher sérieusement car derrière ce mystère des origines, il y a
peut-être la magie profonde du jeu.
Sur ses fondements, ce sport de dimension mondiale (comme le
foot si populaire) divise : on est golfeur ou rien, c'est sans appel.
Laissons les ignorants mais force est de reconnaître que si
l'un de nous franchit le pas il peut devenir "accro" et perdre tout bon sens.
Si l'on prend la littérature sur ce sport on trouve de tout,
du lyrique, de l'épique, de la correspondance de guerre, des légendes, peu
souvent de l'amour.
Le golfeur est en soi un « guerrier ». Ses clubs
en sont les armes, le champ de bataille souvent le même mais jamais pareil, ce
qui demande des remises en causes sévères, des stratégies adaptées pour
vaincre.
Mais commençons dans l'ordre. Le golf, c'est d'abord un
parcours, avec ses codes, ses caractéristiques propres. Un rêve d'architecte
posé dans un coin à nul autre pareil. Un rêve avec des invitations à prendre
des risques, mais aussi plein de chausse-trappes dans le dessin, des obstacles,
de l'eau, du sable...
Un rêve qui impose
à celui qui joue de réfléchir.
Le parcours est le sujet que devra combattre le guerrier, il
est toujours organisé, manucuré le plus souvent. C'est presque toujours un beau
lieu, rustique et majestueux. Chaque champ à ses caractéristiques, un même
architecte a des dessins et des desseins différents. Sans bruit, ce qui peut
parfois déranger les citadins, il s'offre et se dérobe en même temps.
Accueillant par temps calme, il peut devenir dantesque avec les éléments qui se
déchaînent.
C'est un lieu magique souvent car les légendes y courent,
surtout s'il est ancien, voire mythique. Il intimide toujours les apprentis
mais aussi les plus aguerris des joueurs, pour l'amadouer il faut en faire le
tour, il ne se livre jamais la première fois.
Un parcours de golf, c'est beau, chacun pourrait s'y
promener s'il n'y avait des boulets dangereux: la petite balle blanche!
Le champ de bataille est le plus souvent bordé d'un bon
restaurant: s'il comprend 18 trous, le 19éme est pour beaucoup dans l'attrait
du golf pour pas mal de joueurs. On peut y célébrer les victoires de certaines
batailles mais jamais la fin de la guerre, la défaite y est souvent très
arrosée.
Le guerrier, lui, s'ignore: il ne sait pas qui il est. Paradoxal mais c'est son
adoubement qui est compliqué. Devenir chevalier du golf est un parcours initiatique en soi! Mais c'est
normal, il y a plein de malentendus.
Préparer un guerrier au combat pour faire la guerre, c'est
simple: des généraux l'ont fait, des millions de morts en témoignent. Mais en
fait, un golfeur se croit prêt au combat et il ne l'est jamais. Est-ce là ce
mystère qui fait tant aimer ce sport?
Car oui, c'est un sport n'en déplaise aux grincheux et
ignorants de la chose. Pour bien pratiquer ce sport, il faut jouer avec une
attitude athlétique et c'est là aussi que tout se complique.
Le dérangement commence avec l'apprentissage du guerrier: le
maniement des armes ne peut être laissé qu'à des experts. Première déconvenue,
car chacun sait que les experts sont multiples et variant en fonction de leurs
intérêts propres.
L'apprentissage est donc bâti sur des modèles, au mépris du
respect de chacun. Si l'on ne réussit pas c'est que l'on n'a pas compris le
message de l'expert donc un guerrier golfeur vit sur le doute et la peur. Le
golf est son drame!
Le doute et la peur sont de très mauvais conseillers pour
mener la stratégie du guerrier.
Le second problème du golfeur c'est qu'il ne sait pas qu'il
est un guerrier.... de l'intérieur. Il voit le plus souvent ce que lui propose
le parcours mais il ne comprend pas toujours sa versatilité propre.
Pour conduire la bataille cela devient compliqué, mais c'est
le charme de ce jeu. Pour combattre avec ardeur il faut bien se connaître et
jouer avec ses propres armes. Et c'est peut-être là vraiment que réside le
début de la passion pour ce sport.
Dans cette discipline humaine il y a des échelles qui
marquent le progrès. De rien chacun à son rythme va vers l'élite, le handicap
qui chute marque des progrès. Bien sûr il est possible de tricher mais la
police veille, les règles sont strictes. L'éthique du jeu tient les commandes,
l'étiquette existe pour être respectée. Le golf est un domaine organisé, ce que
la société civile ne nous montre plus.
Le golfeur doit discipliner son guerrier intérieur: trouver
son moi, trouver son swing, car il n'en a qu'un : le
sien. Il ne peut aller à la bataille avec les armes d'un autre, c'est là qu'il
peut devenir "accro".
Encore plus fort, l'esprit du golf lorsque le guerrier joue
avec son armée contre une autre armée sur le même champ de bataille. Aucun
guerrier bien né ne veut capituler, chacun donne le meilleur de lui-même pour
les autres. Cet altruisme est fédérateur et produit une joie sans mesure sur
les parcours. L’esprit Ryder Cup des joueurs européens est une belle image de
l’esprit d’équipe !
Le golf est aussi un lieu de vie: le club. L'esprit qui y
règne est fait de traditions, parfois désuètes mais toujours touchantes quand
on les redécouvre dans les clubs historiques. L'élitisme peut y régner mais un
bon joueur roturier d'origine, esclave non affranchi de la vie, y trouvera sa
place. Nombre de cadets sont devenus des champions légendaires. Il ne fait pas
bon pour certains nantis de la ville de s'aventurer en tournoi sur quelques golfs
de campagne.
Le golf est une école de vie. Il permet aux familles de
s'épanouir dans un cadre somptueux par des joutes fratricides ou plus ludiques.
Chacun y met du sien par définition. Quoi de plus savoureux pour un grand-père
de partager quelques moments de conseils éclairés avec ses petits-enfants sur
ce formidable terrain de jeu.
Pourquoi voit-on aujourd'hui se développer le golf
d'entreprise si ce n'est pour donner à cette dernière une valeur d'identité
plus haute, plus noble.
Le golf par ses exigences techniques, physiques,
psychologiques et émotionnelles structure chaque joueur, les enfants comme les
adultes. Pour jouer au golf, il faut faire des choix. Une décision entraîne une
action dont la réponse en termes de réussite ou d'échec est immédiate. Pas
d'attente, l'interactivité est totale, se prendre au JEU devient facile. En savoir plus sur le JE devient alors cohérent, même si l'on s'en défend.
Michel Prieu
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