3 - Jouer au golf : Pourquoi ? (Mars 2015)


La question est simple, la réponse moins aisée. Où est la magie de ce jeu, d'où vient-elle?

Le jeu nous vient de la campagne d'Ecosse, le pays du Monstre du Loch Ness, peut-être même des landes de Chine, les historiens devraient s'y pencher sérieusement car derrière ce mystère des origines, il y a peut-être la magie profonde du jeu.

Sur ses fondements, ce sport de dimension mondiale (comme le foot si populaire) divise : on est golfeur ou rien, c'est sans appel.
Laissons les ignorants mais force est de reconnaître que si l'un de nous franchit le pas il peut devenir "accro"  et perdre tout bon sens.
Si l'on prend la littérature sur ce sport on trouve de tout, du lyrique, de l'épique, de la correspondance de guerre, des légendes, peu souvent de l'amour.
Le golfeur est en soi un « guerrier ». Ses clubs en sont les armes, le champ de bataille souvent le même mais jamais pareil, ce qui demande des remises en causes sévères, des stratégies adaptées pour vaincre.
Mais commençons dans l'ordre. Le golf, c'est d'abord un parcours, avec ses codes, ses caractéristiques propres. Un rêve d'architecte posé dans un coin à nul autre pareil. Un rêve avec des invitations à prendre des risques, mais aussi plein de chausse-trappes dans le dessin, des obstacles, de l'eau, du sable... 
Un rêve qui impose à celui qui joue de réfléchir.

Le parcours est le sujet que devra combattre le guerrier, il est toujours organisé, manucuré le plus souvent. C'est presque toujours un beau lieu, rustique et majestueux. Chaque champ à ses caractéristiques, un même architecte a des dessins et des desseins différents. Sans bruit, ce qui peut parfois déranger les citadins, il s'offre et se dérobe en même temps. Accueillant par temps calme, il peut devenir dantesque avec les éléments qui se déchaînent.

C'est un lieu magique souvent car les légendes y courent, surtout s'il est ancien, voire mythique. Il intimide toujours les apprentis mais aussi les plus aguerris des joueurs, pour l'amadouer il faut en faire le tour, il ne se livre jamais la première fois. 
Un parcours de golf, c'est beau, chacun pourrait s'y promener s'il n'y avait des boulets dangereux: la petite balle blanche!

Le champ de bataille est le plus souvent bordé d'un bon restaurant: s'il comprend 18 trous, le 19éme est pour beaucoup dans l'attrait du golf pour pas mal de joueurs. On peut y célébrer les victoires de certaines batailles mais jamais la fin de la guerre, la défaite y est souvent très arrosée.
Le guerrier, lui,  s'ignore: il ne sait pas qui il est. Paradoxal mais c'est son adoubement qui est compliqué. Devenir chevalier du golf est un  parcours initiatique en soi! Mais c'est normal, il y a plein de malentendus.
Préparer un guerrier au combat pour faire la guerre, c'est simple: des généraux l'ont fait, des millions de morts en témoignent. Mais en fait, un golfeur se croit prêt au combat et il ne l'est jamais. Est-ce là ce mystère qui fait tant aimer ce sport?

Car oui, c'est un sport n'en déplaise aux grincheux et ignorants de la chose. Pour bien pratiquer ce sport, il faut jouer avec une attitude athlétique et c'est là aussi que tout se complique.
Le dérangement commence avec l'apprentissage du guerrier: le maniement des armes ne peut être laissé qu'à des experts. Première déconvenue, car chacun sait que les experts sont multiples et variant en fonction de leurs intérêts propres.

L'apprentissage est donc bâti sur des modèles, au mépris du respect de chacun. Si l'on ne réussit pas c'est que l'on n'a pas compris le message de l'expert donc un guerrier golfeur vit sur le doute et la peur. Le golf est son drame!
Le doute et la peur sont de très mauvais conseillers pour mener la stratégie du guerrier.

Le second problème du golfeur c'est qu'il ne sait pas qu'il est un guerrier.... de l'intérieur. Il voit le plus souvent ce que lui propose le parcours mais il ne comprend pas toujours sa versatilité propre.
Pour conduire la bataille cela devient compliqué, mais c'est le charme de ce jeu. Pour combattre avec ardeur il faut bien se connaître et jouer avec ses propres armes. Et c'est peut-être là vraiment que réside le début de la passion pour ce sport.

Dans cette discipline humaine il y a des échelles qui marquent le progrès. De rien chacun à son rythme va vers l'élite, le handicap qui chute marque des progrès. Bien sûr il est possible de tricher mais la police veille, les règles sont strictes. L'éthique du jeu tient les commandes, l'étiquette existe pour être respectée. Le golf est un domaine organisé, ce que la société civile ne nous montre plus.

Le golfeur doit discipliner son guerrier intérieur: trouver son moi, trouver son swing, car il n'en a qu'un : le sien. Il ne peut aller à la bataille avec les armes d'un autre, c'est là qu'il peut devenir "accro".

Le golf  crée des liens sociaux. Deux amoureux d'une même discipline ont un terrain de dialogue tout trouvé. Partager une partie avec un inconnu en fait, presque toujours après un parcours, un compagnon charmant. Et ce, même s'ils ne parlent pas la même langue, comme la musique, le football ou la pétanque. Ces mots ne sont pas choisis au hasard, ils sont universels!

Encore plus fort, l'esprit du golf lorsque le guerrier joue avec son armée contre une autre armée sur le même champ de bataille. Aucun guerrier bien né ne veut capituler, chacun donne le meilleur de lui-même pour les autres. Cet altruisme est fédérateur et produit une joie sans mesure sur les parcours. L’esprit Ryder Cup des joueurs européens est une belle image de l’esprit d’équipe !

Le golf est aussi un lieu de vie: le club. L'esprit qui y règne est fait de traditions, parfois désuètes mais toujours touchantes quand on les redécouvre dans les clubs historiques. L'élitisme peut y régner mais un bon joueur roturier d'origine, esclave non affranchi de la vie, y trouvera sa place. Nombre de cadets sont devenus des champions légendaires. Il ne fait pas bon pour certains nantis de la ville de s'aventurer en tournoi sur quelques golfs de campagne.

Le golf est une école de vie. Il permet aux familles de s'épanouir dans un cadre somptueux par des joutes fratricides ou plus ludiques. Chacun y met du sien par définition. Quoi de plus savoureux pour un grand-père de partager quelques moments de conseils éclairés avec ses petits-enfants sur ce formidable terrain de jeu.
Pourquoi voit-on aujourd'hui se développer le golf d'entreprise si ce n'est pour donner à cette dernière une valeur d'identité plus haute, plus noble.

Le golf par ses exigences techniques, physiques, psychologiques et émotionnelles structure chaque joueur, les enfants comme les adultes. Pour jouer au golf, il faut faire des choix. Une décision entraîne une action dont la réponse en termes de réussite ou d'échec est immédiate. Pas d'attente, l'interactivité est totale, se prendre au JEU devient facile. En savoir plus sur le JE devient alors cohérent, même si l'on s'en défend.


Michel Prieu

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